grandsir (samuel) naldo (F.Mons/L'Equipe)

Monaco : Portrait de Naldo, l'atout d'expérience pour qui l'âge n'est pas un problème

Après plus de treize saisons en Bundesliga, Naldo a quitté l'Allemagne pour rejoindre Monaco cet hiver. Sur le Rocher, le Brésilien aura la lourde tâche de stabiliser une défense à l'agonie. Portrait.

En 2005, quand Naldo arrivait en Allemagne pour la première fois, il se voyait déjà conquérir le Vieux Continent. Plus d'une décennie et quelques 350 matches plus tard, le moins que l'on puisse dire, c'est que le Brésilien aura eu du flair. Il vient de mettre fin à treize saisons en Allemagne pour tenter de filer un coup de main à Thierry Henry. Et cette pige à Monaco ressemble fortement à une dernière aventure. Au dernier baroud d'honneur d'un joueur qui a laissé une bonne impression partout où il est passé. Mais cette mission semble aussi être une des plus périlleuses. Dans un effectif extrêmement juvénile, avec des cadres en perdition, nul doute qu'il aura du boulot. Quoi qu'il en soit, par sa carrière et son expérience, il ne pourra pas faire de mal à l'ASM. Loin de là... Car avec les Rouge et Blanc, il aura la lourde tâche de faire mieux que les autres rares vieux briscards à la disposition de l'ancien joueur d'Arsenal. L'entraîneur français, de cinq ans seulement son ainé, doit composer avec un Raggi sur la fin, un Glik en perdition et un Jemerson plus qu'embarrassé. Mais le Brésilien, lui, débarque avec de solides états de service.

Du Werder à Schalke : le géant brésilien s'est imposé

À 22 ans, il découvrait donc l'Europe. Une nouvelle langue, une nouvelle culture. Son premier point de chute outre-Rhin fut le Werder Brème. Une longue et belle histoire d'amour qui durera sept saisons avec le défenseur central. En 2009, il remportait la Coupe d'Allemagne et échouait lors de l'ultime étape de la Coupe de l'UEFA. Contre le Chaktior et sa pléiade de "potes" brésiliens, les hommes du coach d'alors, Thomas Schaaf, s'inclinaient 2-1 en finale. Un match au cours duquel Naldo marquait d'ailleurs le seul but de son équipe. Une période faste pour lui, mais qui allait malheureusement se briser brutalement. La saison suivante, il contractait une blessure qui allait l'éloigner des terrains pendant de longs mois. Le Brésilien aurait pu ne jamais refouler le pré. «Après ma blessure au genou, tout le monde a dit que je ne jouerai plus jamais à un niveau élevé», racontait-il à la fédération allemande (DFB). Mais à force de travail et de persévérance, il revenait faire les beaux jours du Werder. Et puis en 2012, un nouveau challenge lui tendait les bras, plus à l'Est mais toujours en vert : le VFL Wolfsburg l'enrôlait. Là-encore, Naldo affichait de belles performances pendant quatre saisons, avant de rejoindre Schalke 04 à l'intersaison 2016.

À la fin de la saison passée, dans un article le concernant sur le site officiel de la Bundesliga, les éloges étaient nombreuses et les propos dithyrambiques. Il avait alors 35 ans et une chose était sûre, ce n'était absolument pas un problème. Il était par ailleurs nommé dans l'équipe type de la saison en Bundesliga. «Le Brésilien a été plus impressionnant que jamais. Avec un temps de jeu et un total de buts les plus élevés de sa carrière, il a su prouver que l'âge n'était qu'un chiffre», pouvait-on lire. Le Brésilien maîtrise les rudiments du métier. Et il les a cultivés depuis toutes ces années au haut-niveau. «Il est très physique, très grand de taille mais très technique en même temps. C'était un joueur très complet, il va vite pour un défenseur central, analyse son ancien coéquipier à Wolfsburg, Thomas Kahlenberg. C'est facile pour lui d'être le patron dans une défense, de prendre ses responsabilités. Dans le comportement et l'attitude, il va apporter du caractère à Monaco.»

Le natif de Londrina, une ville du sud du Brésil, est un véritable géant. Du haut de son mètre quatre-vingt-dix-huit, il est un élément essentiel sur les coups de pieds arrêtés. Ce qui lui a souvent permis d'être dangereux et de scorer. Et sur les phases défensives, l'atout est de taille. Naldo a inscrit 65 buts en Allemagne, plus qu'une immense majorité de centraux. Avec son mental de fer, au-delà de ses coups de casque, il a su s'installer comme une référence. En témoigne par exemple son but égalisateur contre Dortmund la saison dernière. Alors que Dortmund menait 4-0 après 25 minutes, le défenseur surgissait, plein de fougue, sur un corner à la 94e minute pour ramener son équipe à hauteur et arracher un nul inespéré. Il sait aussi user de sa qualité de frappe. Et c'est encore le BVB, sa cible favorite, qui en a fait les frais lorsqu'en avril dernier il décochait une frappe de mule au fond des filets. «Il a une frappe de balle extraordinaire !» assène Valérien Ismaël, qui l'a côtoyé à Wolfsburg.

Voir : Naldo, une nouvelle menace à longue distance

«C'est facile pour lui d'être le patron dans une défense, de prendre ses responsabilités. Dans le comportement et l'attitude, il va apporter du caractère à Monaco.»

Naldo, lors de son fameux but au cours de l'incroyable 4-4 entre Schalke et Dortmund. (Mario Hommes/EXPA/PRESSE SPORT/PRESSE SPORTS)

L'adaptation à la vie en France ne devrait pas trop poser de souci. Même en ce qui concerne la langue française, encore inconnue pour lui. «Il n'a eu aucun mal à s'adapter en Allemagne, ce sera pareil à Monaco. La vie dans le sud de la France est belle. Je ne vois aucun problème de ce point de vue», juge Kalhenberg. Dans une interview accordée à la Fédération allemande, le joueur lui-même revenait sur son intégration en Europe. «Je viens du sud du Brésil. Les gens y sont aussi disciplinés qu'en Allemagne, je n'ai donc pas eu de mal à m'y installer.» Après treize années à magner l'allemand, une nouvelle langue se dresse devant lui. Mais pas sûr qu'elle soit une barrière, un obstacle, plutôt une étape de plus. Benaglio, qui lui a cédé son statut de doyen de l'équipe, l'a côtoyé plusieurs années à Wolfsburg. «Il va l'aider, assure Valérien Ismael. Il aura une intégration rapide, il va apprendre très vite le français.» Une idée que partage Thomas Kalhenberg : «C'est une langue latine, comme le Portugais, il a déjà l'habitude d'apprendre de nouvelles langues. Je pense que ça va être beaucoup plus facile pour lui d'apprendre le français maintenant que ça l'a été pour l'allemand.» Et pour Monaco, dix-neuvième de Ligue 1, il faut espérer que l'acculturation soit rapide. Mais elle l'a toujours été pour Naldo qui, malgré son âge, sait encore largement tenir la baraque.

La barrière de la langue, pas un problème

Le chantier monégasque qu'il va découvrir est de taille. À Monaco, il va vite s'en rendre compte : la défense manque cruellement de solidité et surtout, de stabilité. «C'est un patron de défense qui a une autorité naturelle par son calme et sa grandeur. Il va faire énormément de bien à Monaco, assure à son tour Valérien Ismaël. Il ne faut pas regarder son âge, Monaco veut se maintenir, c'est une politique à court terme.» Par ses performances mais aussi pour ce qu'il représente, un joueur impliqué et qui donne toujours le meilleur de lui-même, il s'est fait une place dans les mémoires et surtout, dans le cœur des supporters. «Il a toujours été très apprécié partout où il est passé de par son charisme», avance Ismael. «C'était un joueur que j'appréciais, sur comme en dehors du terrain. J'avais une très bonne relation avec lui, se souvient Thomas Kahlenberg. C'était un mec très sympa, tranquille, qui a toujours le sourire, qui est positif. Il est très calme. J'ai toujours beaucoup rigolé avec lui. C'est un bon mec».

«Il n'a eu aucun mal à s'adapter en Allemagne, ce sera pareil à Monaco. La vie dans le sud de la France est belle. Je ne vois aucun problème de ce point de vue.»

Jérémy Docteur (avec Antonin Deslandes)