Mohamed Sissoko a été présenté jeudi par Sochaux ()   DR/FCSM ( /DR/FCSM)

Mohamed Sissoko (Sochaux) : «D'après beaucoup de personnes, j'étais fini pour le football»

Après un long exil exotique de plusieurs années, Mohamed Sissoko est de retour en France sous le maillot sochalien. L'ancien de la Juve, de Liverpool et du PSG s'est confié à FF.fr. Le milieu de terrain explique ses choix de carrière et évoque son nouveau défi.

«On vous a quitté il y a cinq ans et demi, quand vous avez résilié votre contrat avec le PSG. Comment allez-vous ?
Ça va bien ! Depuis, j’ai énormément voyagé. Maintenant, je suis de retour en France. C’est un énorme plaisir et je viens surtout à Sochaux avec beaucoup de motivation. Je ne vais pas dire que je suis encore à 100% mais ça fait deux semaines qu’on travaille super bien avec le préparateur physique. On a quand même passé un bon palier. Il va me falloir deux ou trois matches pour me sentir bien dans les jambes et être performant. 
 
Vous parlez de performance. Durant votre passage à Paris justement, vous n’avez pas forcément brillé comme vous l’auriez souhaité. Que retenez-vous de vos années dans la capitale ?
Par rapport à toutes mes expériences dans des grands clubs comme la Juventus, Valence, Liverpool, mon passage au Paris Saint-Germain était quand même une bonne chose. Cela m’a permis de rentrer en France dans un projet vraiment ambitieux. Je suis quand même fier d’avoir fait partie de ce projet-là. Je ne veux pas vivre avec des regrets mais je garde un sentiment mitigé dans le sens où je n’ai pas pu être à 100% de mes capacités pour pouvoir m’exprimer.
 
Depuis, vous avez un peu fait le globe-trotteur. Vous avez évolué en Chine, en Inde et au Mexique.
Des choix de carrière un peu forcés par rapport aux choses qui se disaient sur moi concernant mon état de santé, le fait que je ne pouvais pas enchaîner les matches. J’ai donc dû m’exiler pour justement avoir de la compétition. On m’a mis une étiquette de joueur fragile. D’après beaucoup de gens, j’étais fini pour le football. Vous savez, quand vous avez pas mal de personnes qui parlent négativement sur l’état de santé d'un joueur, il est entre guillemets obligé de s’exiler dans des pays où ils ne font pas attention à ce genre de choses. Mais c’est enrichissant, j’ai eu la chance de découvrir d’autres continents, d’autres pays.

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«Avec l'OM, il y avait des contacts»

Pour certains, l'exil ne dure que quelques mois, ou une saison. Mais pour vous, cela a duré plusieurs années. Pourquoi ?
Il y en a qui arrivent à s’exiler et revenir comme si de rien n’était. Mais pour d'autres, les portes se ferment quand ils doivent revenir dans un Championnat plus huppé. C’est ce qui m’est arrivé. Je n’ai pas eu de réels contacts concrets pendant mes années loin de l’Europe. Ça s’est arrêté après mon départ du PSG.
 
Vous êtes parti pour fuir les critiques sur votre état physique, mais l’aspect financier ne rentrait-il pas en jeu ?
Non, pas du tout. Cela n’avait rien à voir avec l’aspect financier, mais plutôt avec le fait qu'on m’avait mis une étiquette. 
 
En 2016, certains bruits vous envoyaient à l'OM. Y avait-il de réels contacts ?
Il y avait des contacts avancés. Je pense que la direction n’a pas pris ce risque. Derrière, ils ont pris le risque avec Abou Diaby. C’était un choix de leur part, je le respecte.
 
Ça vous intéressait donc…
Pourquoi pas. C’était une bonne manière de revenir dans le Championnat de France, dans un pays réputé. C’était intéressant comme projet.

«Je voulais vraiment me rapprocher de ma famille, être en France et profiter de tout ça»

Finalement vous revenez en France quelques années plus tard, à Sochaux. Expliquez-nous ce choix...
Ce qui m’a plu, c’est le projet en lui-même. Au regard du discours de l'entraîneur, Omar Daf, de son sérieux et de sa sincérité, je pense que c'était le meilleur choix. En plus, je suis près de ma famille, je suis vraiment content d’être ici. Je connais l'entraîneur, il y a un bon groupe de jeunes. Je viens vraiment avec beaucoup de motivation. Toutes ces années-là, j’ai beaucoup voyagé, j’étais loin de la famille. Maintenant que je suis en France, j’ai la chance de les voir plus souvent, c’est une bonne chose. 
 
Mais la situation actuelle de Sochaux est assez particulière. Le club connaît des problèmes financiers mais aussi sportifs. Ne considérez-vous pas que vous prenez des risques en venant ici ?
Je ne pense pas que ce soit un risque. C’est plus une motivation en soi de se dire "Tu étais habitué à jouer les titres, à gagner des titres et maintenant tu es dans une situation où tu dois te maintenir". C’est difficile, mais vu le potentiel de l’équipe, vu ce que l'entraîneur met en place, je pense qu’on a toutes les armes pour sortir la tête haute de cette aventure. Je vais défier cet exercice avec sérénité, j’ai une pleine confiance en l'entraîneur et mes coéquipiers. Je suis un compétiteur et j’aime les challenges. Je pense que je peux apporter dans beaucoup de domaines, notamment grâce à mon expérience.

Quand ont eu lieu les premiers contacts ?
J’ai eu une discussion avec Omar Daf dès qu’il a repris l’équipe (NDLR : le 25 novembre), il m’a demandé si éventuellement ça m’interesserait de venir, je me suis donné un temps de réflexion. Et à partir de là, je lui ai dit que je venais avec plaisir dans cette aventure. Le fait que je sois là, c’est en partie grâce à lui. 
 
Aviez-vous d’autres propositions ?
Oui, en l'occurrence en Turquie. Mais je voulais vraiment me rapprocher de ma famille, être en France et profiter de tout ça.

Vous n'espériez peut-être pas mieux que Sochaux...
Franchement, pour se dire que je mérite ou que je ne mérite pas mieux, il faut déjà avoir les propositions (rires.), et je ne vais pas vous cacher que je n’ai eu aucune autre proposition en France, donc je n’avais pas le choix entre guillemets. Mais j’ai 34 ans, je ne suis pas là à me dire "Oui je mérite ceci, oui je mérite cela". J’ai eu la chance de jouer dans des grands clubs, les gens me respectent. Donc le fait que je sois à Sochaux aujourd’hui, à 34 ans, je le prends comme une bonne chose. Je pense que le club mérite vraiment de jouer les premiers rôles si on arrive à se sauver cette saison. 
 
Sochaux pourrait être un tremplin en vue de viser plus haut ?
C’est à travers mes performances qu’on envisagera la suite. Je suis là, je suis content, je vais prendre du plaisir et donner le meilleur de moi-même sur le terrain, on verra bien ce qui va se passer. 
 
Justement, quand vous reverra-t-on sur les pelouses ? 
Avec l'entraîneur, on s’est laissé un laps de temps de deux semaines, le temps de revenir, de travailler avec le préparateur physique. Dès lundi, j’intègre le groupe et à partir de là on verra de ce qu’il en est pour la suite.

«Franchement, pour se dire que je mérite ou que je ne mérite pas mieux, il faut déjà avoir les propositions»

«Je n'ai aucun regret»

Vous venez de fêter vos 34 ans il y a quelques jours. C’est trop tôt pour parler de retraite ?
C’est trop tôt pour que je prenne ma retraite oui (il sourit.). J’ai encore des années devant moi donc à aucun moment je ne pense à la retraite. Dès que je sentirais que ça ne va plus, je n’aurais pas peur de dire "C’est bon, j’ai assez donné" et de passer à autre chose.
 
Un poste d'entraîneur, ça vous tenterait ?
Franchement, j’y ai pensé. Ça peut être une éventualité. Mais ce n’est pas une chose que je mets en priorité. 
 
Si vous deviez refaire votre carrière, vous feriez les mêmes choix ? 
Je ne suis pas du tout dans l’optique de me dire "Si j’aurais fait ce choix-là, ç'aurait été peut-être comme ça". Ce sont des choix que j’ai fait. J’étais assez grand à ces moments-là pour me dire ce qui était bon ou pas pour moi. Si je devais refaire le même chemin, j’aurais pris les mêmes décisions. Je n’ai aucun regret.»

Propos recueillis par Erwan Issanchou