(L'Equipe)

Mohamed Salah, un Pharaon appelé à régner

De retour cet été en Premier League après un premier échec du côté de Chelsea, le Pharaon de Liverpool tutoie la perfection cette année. Et si c'était lui, le numéro un africain 2017 ?

Mercredi soir, il n’a eu besoin que d’une vingtaine de minutes pour faire parler talent et efficacité. Quand Jürgen Klopp a fait entrer en jeu Mohamed Salah à la place de Dominic Solanke, les Reds géraient depuis près d’une heure leur but d’avance sur le terrain de Stoke City. Un quart d’heure plus tard, la messe était dite, Salah avait fait mouche deux fois et Liverpool empochait sa septième victoire de la saison en Championnat (3-0).

Arrivé cet été sur les bords de la Mersey en provenance de la Roma, moyennant près de 42 ME, l’attaquant de 25 ans se présentait chez son nouvel employeur muni de prometteuses statistiques : 29 buts et 21 passes décisives en deux saisons sous le maillot de la Louve. Surtout, Salah était résolu à faire oublier un premier passage raté dans le football anglais, à Chelsea, entre janvier 2014 et février 2015. «J’étais encore un gamin, j’avais vingt et un ans», expliquait-il lors de sa signature pour cinq ans.

Samedi passé, il s’est rappelé au bon souvenir de son ancien club en inscrivant le but de Liverpool contre les Blues (1-1). Et son ancien coéquipier et ami Eden Hazard a souligné «qu’il n’avait pas eu sa chance à Chelsea, à cause du coach ou à cause de la concurrence». «C’était un gamin à l’époque, il est devenu un homme», a encore ajouté Klopp, qui se plait à le diriger chaque semaine. Grâce à ses deux buts de mercredi soir, le natif de Basyoun, qui a débuté pro aux Arab Contractors (D1 EGY) avant de rejoindre le FC Bâle à l’été 2012, occupe provisoirement la tête du classement des buteurs de la Premier League avec douze réalisations. Et il en a compilé cinq autres en Ligue des champions.

Klopp : «C'était un gamin à l'époque, il est devenu un homme».

Sous la direction de Klopp, le milieu offensif ou ailier droit a élargi sa palette et prouve aussi, comme il le fait régulièrement avec son équipe nationale, qu’il peut jouer en pointe, s’il est bien soutenu. Ce pourvoyeur naturel de passes décisives sait aussi se montrer très adroit, ce qui réjouira très certainement ses supporters et son sélectionneur, l’Argentin Hector Cuper. Les buts de Salah ont permis à l’Egypte de disputer en février dernier la finale de la dernière Coupe d’Afrique des Nations, perdue (2-1) aux dépens du Cameroun. Ils ont surtout permis aux Pharaons de se qualifier pour leur troisième phase finale de Coupe du monde après 1934 et 1990.

Humble et travailleur, doté d’un vrai sens de l’humour, il est certainement le joueur du monde arabe le plus suivi et le plus scruté sur les réseaux sociaux. Il n’est pas un pays qui ne suive ses exploits sous le maillot rouge (ou orange, comme contre Stoke) de Liverpool. Exceptionnel de talent et de maîtrise, Salah fait sans surprise partie de la short-list (11 joueurs) de la Confédération africaine pour le titre de Meilleur joueur de l’année. Eu égard à son parcours en 2017, il paraît plus que jamais en mesure de succéder à l’Algérien de Leicester Riyad Mahrez au palmarès continental. Réponse le 4 janvier 2018 à Accra (Ghana) pour la cérémonie des CAF Awards…

Frank Simon