10.12.2019, Red Bull Arena, Salzburg, AUT, UEFA CL, FC Red Bull Salzburg vs FC Liverpool, Gruppe E, im Bild Mohamed Salah (Liverpool FC) // during the UEFA Champions League group E match between FC Red Bull Salzburg and FC Liverpool at the Red Bull Arena in Salzburg, Austria on 2019/12/10. EXPA Pictures © 2019, PhotoCredit: EXPA/ JFK EXPA-FEI-191210-0133.jpg JFK FC Red Bull Salzburg vs FC Liverpool (JFK/EXPA/PRESSE SPORTS/PRESSE SPORTS)

«Mo Salah a pleuré dans mes bras» : Ivica Todorov, l'homme qui a lancé l'Égyptien, raconte

Insubmersible globe-trotter, Ivica Todorov s'est mué en dénicheur de talents tout au long de sa carrière. Il est l'homme qui, par exemple, a lancé la carrière de Mohamed Salah. Pour FF, il replonge dans ses souvenirs.

«Vous avez quitté le CR Bélouizdad en juillet 2017. Où en êtes-vous ? 
Je suis chez moi, dans le sud de la France. Je reste connecté au football, et dans l'attente d'un nouveau challenge. Je n'ai pas fini ma carrière, j'ai encore envie de transmettre et aussi de continuer à découvrir des talents.
 
Quel profil de coach êtes-vous ?
On m'a toujours appelé pour sauver les équipes. En Afrique, on m'a appelé le spécialiste des équipes malades. Je n'ai jamais échoué...
 
Racontez-nous un peu votre carrière ? 
J'ai quitté l'ex-Yougoslavie très tôt. J’étais l'un des joueurs les plus prometteurs de ma génération, j'ai joué à 17 ans en D1. Je suis passé par l'Etoile Rouge de Belgrade et en équipe olympique de mon pays.  Mais avec la politique de l'époque, il fallait attendre 28 ans pour s'exporter dans des clubs en Europe de l'ouest. J'ai finalement réussi à partir plus jeune. Il n'y avait pas d'agents. Je me suis fait tout seul même si je n'ai pas fait la carrière à la hauteur de mon talent (Limoges, Konstanz, Mouscron...).
 
Comment êtes-vous devenu entraîneur ? 
Un ami m'a trouvé un club en Bretagne. Je suis devenu à 28 ans joueur-entraîneur à l'US Pont l'Abbé. Puis, une autre personne a senti que j'avais le moteur pour devenir un bon entraîneur et m'a fait recruter en D2 au Stade Français où j'ai sauvé le club de la relégation puis j'ai enchaîné à Limoges où j'ai réussi à éliminer, en Coupe de France, le FC Nantes de Jean-Claude Suaudeau qui comptait dans ses rangs des joueurs de grand talent comme Touré, Burruchaga ou Halilhodzic. Cela a beaucoup fait parler de moi... J'ai eu des contacts avec le PSG, mais comme je n'avais pas les diplômes, je suis parti à l'étranger.

«J'ai toujours déniché des talents»

En 25 ans, vous êtes passé par le Gabon, le Maroc, les Emirats, l'Arabie Saoudite, la Tunisie, le Burkina, le Congo et l'Egypte...
Oui, j'ai vécu des choses incroyables humainement. À Salé, au Maroc, j'ai réussi à faire accéder le club en D1 en lançant des jeunes. Partout où je suis passé, j'ai toujours déniché des talents. Croyez-moi, vous n'imaginez pas une seule seconde le talent qu'il existe en Afrique. S'il y avait les mêmes moyens qu'en Europe, je ne vous dis pas...
Justement, quels sont les joueurs qui vous ont marqué durant ces vingt-dernières années ?
Le premier que j'ai aidé à passer en Europe, c'est Tarek Sektioui que j'ai lancé au MAS Fès. Il est ensuite parti à Auxerre puis Porto. En Afrique subsaharienne, j'ai donné leur chance en sélection nationale à Prince Oniangué et Delvin Ndinga. Après, il y a eu un que vous connaissez tous...
Qui est-il ?
Mohamed Salah… En 2011, j'arrive en Egypte à Arab Contractors (Al Moqaouloun al-Arab). Il me manquait des joueurs. Je suis allé voir un match de junior, et là, à 0-1, il y a un joueur qui rentre avec le numéro 14 dans le dos... C'était Mohamed Salah. En 16 minutes, il a marqué un but et offert une passe décisive. J'ai demandé à ce qu'on me l'envoie directement à l'entraînement. Neuf mois plus tard, il est parti au FC Bâle.
Qu'avez-vous remarqué chez lui ?
J'ai senti qu'il avait des qualités extraordinaires. Cinq jours après son arrivée dans groupe pro, je le titularise contre El Ahly. Il a pris le ballon dans notre surface, il a dribblé tout le monde et il a marqué. Tout le monde lui a sauté dessus, mais lui a poussé tous ses coéquipiers. Il est tombé dans mes bras en pleurs en criant : "Big coach, big coach". Sans aucune prétention, puisqu’il l’a même dit lui-même, s’il joue au football, c’est grâce à moi.
Qu’est-ce qui vous a le plus impressionné chez Mohamed Salah ?
En général, certains joueurs vont vite avec le ballon au pied. Mohamed Salah va très vite, mais là où il est différent des autres, c’est qu’il va aussi vite lors de ces changements de direction…»

Nabil Djellit