13.01.2019, Merkur Spiel Arena, Duesseldorf, GER, Telekom Cup, FC Bayern Muenchen vs Borussia Moenchengladbach, im Bild v. li. im Zweikampf Wooyeong Jeong (MUenchen) und Michael Cuisance (Moenchengladbach) // during the Telekom Cup Match between FC Bayern Muenchen and Borussia Moenchengladbach at the Merkur Spiel Arena in Duesseldorf, Germany on 2019/01/13. EXPA Pictures © 2019, PhotoCredit: EXPA/ Eibner-Pressefoto/ Mario Hommes *****ATTENTION - OUT of GER***** *** Local Caption *** (Mario Hommes/eibner/EXPA/PRESS/PRESSE SPORTS)

Michaël Cuisance : «Franchement, j'apprends beaucoup, je bosse»

Grand espoir français qui disputera, sauf blessure, la Coupe du monde U20 l'été prochain, Michaël Cuisance fait le point sur son actualité pour FF. Avec une situation pas vraiment des plus simples avec le Borussia Mönchengladbach.

«Michaël, la saison de Mönchengladbach est décidément très excitante avec cette troisième place. Si vous deviez nous décrire l'équipe, qu'auriez-vous envie de nous dire ?
C'est un groupe fort mentalement. Il est également très soudé.

Quelle est votre place au cœur de ce collectif ?
Je ne suis pas trop quelqu'un qui m'exprime en dehors du foot. J'essaie de montrer ce que je sais faire sur le terrain. C'est le terrain qui parle et qui me fait une place. Depuis que je suis arrivé ici, j'ai trouvé mon espace. L'équipe m'a très bien accueilli dès le début et m'a vraiment bien aidé, et je la remercie encore.

Depuis un an et demi, avez-vous senti que le club avait envie de vous accompagner dans votre progression ?
Bien sûr, dès le début, le projet était de m'accompagner. Ils le font très bien, ils m'apprennent beaucoup de choses au quotidien.

«Tous les grands joueurs sont passés par là»

En 2017-18, pour votre première saison, vous aviez été élu joueur de l'année par votre club !
Ce n'était pas inespéré parce que je le savais déjà (de quoi j'étais capable) quand j'ai signé. C'était une année de dingue, ma première en pros. Je ne l'oublierai jamais.

En 2018-19, on attendait une certaine continuité. Malheureusement, ce n'est pas vraiment le cas. Vous n'avez été titulaire qu'une seule fois (pour 241 minutes seulement disputées en Bundesliga)...
Exactement. Il faut rester positif. Notre équipe tourne bien. Et quand elle gagne, elle ne change pas. On apprend d'autres choses, notamment au niveau mental. Et le mental, il est là. Il faudra que je saisisse ma chance quand elle viendra. Je garde confiance, je ne me fais pas de souci.

Tout de même Michaël, comment expliquez-vous cette situation ? Une des raisons avancées serait que vous n'avez pas été présent dès le début de la préparation après l'Euro U19 (défaite des Bleuets en demies). Ce qui vous aurait pénalisé... Qu'en est-il ?
J'ai également entendu cela. On ne peut pas mettre ça sur le fait que je suis revenu un peu plus tard. J'étais à l'Euro, j'ai représenté mon pays, c'était pour la bonne cause. Aujourd'hui, Gladbach est une meilleure équipe, une formation plus forte, avec beaucoup plus de joueurs, beaucoup plus de concurrence.

À 19 ans, on a le feu dans les jambes, et on a envie de cumuler des minutes pour progresser. Une telle situation ne doit pas toujours être facile à accepter...
Je ne vais pas mentir : ce n'est pas du tout simple. Je veux jouer tous les matches, toutes les minutes et ne jamais sortir ! Mais je pense que tout le monde passe par là, tous les grands joueurs sont passés par là. C'est lorsque c'est dur que l'on voit qui est qui et qu'est-ce qui va en devenir pour le futur. Personnellement, franchement, j'apprends beaucoup. Et je bosse. L'essentiel est de travailler, ne pas lâcher et être prêt au moment opportun.

«Tout ce que je demande, c'est de jouer au foot»

Après les entraînements, parfois, quand on rentre chez soi, y a-t-il des soirées et des nuits plus difficiles que d'autres ?
Pas après les entraînements parce que je suis sur le terrain et c'est ce que j'aime. Tout ce que je demande, c'est de jouer au foot, c'est le cas aux entraînements. Donc quand je rentre, je suis bien. Le lendemain, je sais que je vais encore jouer au foot. C'est plutôt après les matches et ne pas avoir eu de temps de jeu : là, c'est dur. Ce ne sont pas des nuits compliquées non plus. Après les rencontres, je suis vraiment content pour l'équipe, surtout quand on monte au classement et qu'on grandit encore un peu plus. C'est simplement ensuite quand je me dis : ''Punaise, je n'ai pas joué''. J'ai une remise en question permanente. Je me demande ce que je fais de mal alors que je ne dois pas me poser ces questions.

On en arrive parfois à se dire : mais qu'est-ce que je fais ici ?
Non, jamais ! Le club m'a fait confiance dès la première année. Ce n'est pas parce que je ne joue pas lors d'une première partie de saison que je vais me demander ce que je fais là. Non. Ça me sert de leçon. On se pose des questions. Personnellement, je n'ai rien à me reprocher. À chaque entraînement, toute l'équipe voit que je me donne à fond, c'est l'essentiel. Je suis convaincu que le coach le voit et que tôt ou tard il me donnera ma chance.

Cet hiver, votre nom a été cité en France. Y avait-il une envie d'aller voir ailleurs, notamment en prêt, pour grappiller du temps de jeu ?
Franchement, la question s'est posée avec mon père, mon agent et mon entourage. Ce sont davantage mon père et mon agent qui étaient en discussion. Moi, je suis concentré sur mon club. Il faut prendre des bonnes décisions et ne pas aller n'importe où pour se perdre encore plus. On a finalement décidé de rester parce que j'ai vraiment envie de m'imposer et de devenir un titulaire confirmé.

Racontez-nous la relation avec votre père qui semble avoir une place particulière dans votre carrière...
Bien sûr, depuis tout petit. Comme ma mère, qui a également fait beaucoup pour moi. Mon père m'a suivi partout, c'est lui qui m'a appris tous mes gestes techniques, mon élégance, être droit quand tu as le ballon. Tout vient de mon père ! En match, quand je ne suis pas droit, il va me le dire et me le répéter. Il est très important.

Dans ce genre de période où ce n'est pas l'épanouissement total en club, vers qui se tourne-t-on, en plus de votre famille, pour tenter de se changer les idées ?
Mon cousin, qui a un an de plus que moi, est souvent chez moi, et je le remercie. Il m'aide vraiment dans la vie de tous les jours. Il me soutient pour garder le sourire en quelque sorte.

Quels sont vos rapports avec Dieter Hecking, votre coach ?
On a une bonne relation, on parle souvent, il m'accompagne à chaque entraînement. Il fait des choix, il gagne, je les respecte.

«On a finalement décidé de rester parce que j'ai vraiment envie de m'imposer et de devenir un titulaire confirmé»

«La Coupe du monde U20 ? On va essayer de faire comme les A !»

Si on se projette déjà sur l'été prochain, on ose imaginer que vous n'allez pas signer pour une même saison avec aussi peu de temps de jeu...
Franchement, je n'y pense même pas. Je pense surtout à cette seconde partie de saison où j'ai des objectifs. Il faut que je les réalise. L'été prochain est encore loin. Ces questions-là se poseront en temps et en heure.

L'été prochain, il y a également un rendez-vous très important pour vous avec la Coupe du monde U20.
Ce n'est pas donné à tout le monde de disputer la Coupe du monde. On va essayer de faire comme les A ! Ce serait parfait. Il faut bien la préparer.

Rêve-t-on d'aller au bout ?
Oui, si on n'y pense pas, si on n'en rêve pas, on ne peut pas atteindre nos objectifs. Je pense que toute l'équipe de France rêve de gagner la Coupe du monde. À nous de rester concentrés match après match et on y arrivera. On a un très bon groupe. Tout le monde joue en pros dans des gros clubs. On a une belle équipe pour réaliser des belles choses. Il ne nous manque qu'un titre pour confirmer. Avec cette ambiance, on peut réussir.

Vous êtes un habitué des sélections de jeunes depuis les U16.
C'est un rendez-vous constant, mais un rendez-vous qui a toujours autant de valeur à mes yeux. C'est quelque chose de représenter son pays. Ça fait toujours plaisir d'être convoqué.

Votre temps de jeu fait-il naître certaines craintes ?
Cela m'était déjà arrivé dans le passé. Le sélectionneur (NDLR : Bernard Diomède) me connaît, il m'a toujours aidé et je l'en remercie encore. Mais, de toute façon, je vais jouer toute cette deuxième partie de saison donc comme ça il n'y aura plus de problème !

En France, on ne vous connaît pas beaucoup. Votre potentiel a toujours laissé penser que vous étiez amené à connaître l'équipe de France A dans le futur : comment accueillez-vous cette attente autour de vous ?
Franchement, c'est vrai que je ne suis pas très connu en France parce que je suis directement parti à l'étranger. Tout ça viendra avec le temps. Mes premières pensées sont de jouer où je suis, gagner du temps de jeu et confirmer. Chaque situation difficile fait progresser. Ensuite, il faut chercher le positif. Dans cette situation, je progresse mentalement. On progresse partout.

Diriez-vous également qu'on attend bien trop vite des très jeunes joueurs, sur lesquels, à l'image de Kylian Mbappé, la pression est très forte ?
Ça dépend des joueurs ; Personnellement, plus j'ai la pression, plus je vais être bon, j'aime ça. Et je pense que Mbappé, et tous les grands joueurs, ont besoin de ça pour être meilleurs.»

Timothé Crépin