Soccer Football - Copa America Brazil 2019 - Third Place Play Off - Argentina v Chile - Arena Corinthians, Sao Paulo, Brazil - July 6, 2019 Chile's Gary Medel and Argentina's Lionel Messi are shown a red card by referee Mario Diaz de Vivar REUTERS/Ueslei Marcelino (Reuters)

«Messi gagnant sans titre», «Messi a ruiné la Copa» : la polémique Lionel Messi divise la presse espagnole et sud-américaine

En Espagne et dans toute l'Amérique Latine, l'expulsion, mais surtout les propos de Lionel Messi sur l'arbitrage de la Copa America font grand bruit.

«Nous n’avons pas à faire partie de cette corruption. Tout est fait pour que le Brésil gagne. On nous a totalement manqué de respect. Les arbitres ne nous ont pas laissé accéder à la finale.» En zone mixte à l’Arena Corinthians, Lionel Messi n’a pas mâché ses mots. Expulsé contre le Chili des suites d’une altercation avec Gary Medel, le capitaine argentin ne décolérait pas, et ce malgré la troisième place obtenue par son équipe quelques instants plus tôt (2-1).
 
Si Mundo Deportivo justifie ces propos sur le compte de la tristesse du quintuple Ballon d’Or France Football, qui «a accumulé neuf déceptions» avec l’Argentine, le journal catalan se pose en défenseur de la sortie médiatique du Barcelonais : «Ce qu’a fait Messi me paraît juste : la CONMEBOL tue le football, cette Copa America a été préparée pour que le Brésil termine champion», témoigne dans les colonnes du quotidien l’ex-gardien José Luis Chilavert, jamais avare de tacles à l’encontre de l’instance sud-américaine. L’Argentin, «unique étoile d’une Copa America bien terne», a dès lors le mérite de «dire ce qu’il se passe». Pour Mundo Deportivo, c’est certain, Messi est un «gagnant sans titre» qui a porté son équipe et reçu les éloges tant de ses adversaires que du public brésilien.

Lire :
-Messi expulsé, l'Argentine prend la troisième place
-Les notes de Chili-Argentine

Le principal quotidien sportif argentin, Olé, abonde évidemment dans ce sens : «Nous nous identifions à la rébellion de Messi.» Mais la rédaction n’oublie pas la nécessaire prise de recul quant au parcours des leurs : «La victimisation permanente pourrait nous faire croire à tort que l'Argentine était la meilleure équipe de la Copa et que rien n'a été mal fait.» En vue du Mondial 2022, place désormais à une énième reconstruction, autour des jeunes comme Lo Celso ou Foyth. Et évidemment avec Messi.

«Nous nous identifions à la rébellion de Messi.»

Qu’ils soient en faveur ou non d’une sanction, tous les quotidiens s’accordent sur un point : l’évolution du statut de Leo Messi au sein de sa sélection. D’ordinaire «leader technique discret», la Pulga s’est enfin affirmée dans ses mots, se rapprochant selon Olé de l’autre idole argentine Diego Maradona : «Cette semaine, Lionel Messi ressemblait à Diego Maradona comme jamais auparavant et, pour cela, des millions d'Argentins l'adorent.»

Lors de la Remontada, «Messi ne parlait pas de corruption»

Tous ne sont pourtant pas dithyrambiques sur l’intervention du capitaine de Lionel Scaloni. AS choisit de mettre en avant les réactions brésiliennes en rappelant, comme l’ont fait les deux parisiens Marquinhos et Thiago Silva, la polémique sur l’arbitrage de Deniz Aytekin lors de la Remontada au Camp Nou (6-1) : «Ce jour-là Messi ne parlait pas de corruption» cite le quotidien, l’incitant à «assumer ses propres responsabilités et ne pas rejeter la faute sur les autres». Le journaliste Maldini suggère même «une sanction» à l’encontre du génie argentin, reconnaissant toutefois que la gestion de la VAR durant l’ensemble du tournoi «laissait beaucoup à désirer». La presse argentine conservatrice égratigne elle aussi son numéro 10. Pour La Nacion, Messi «a ruiné la Copa» et signé la «pire fin de tournoi possible». Son expulsion «méritée» et sa non-présence à la cérémonie en font un capitaine «capricieux et égoïste» avec de «possibles graves conséquences» pour l’Argentine.
 
Si la presse brésilienne préfère se concentrer sur le succès des coéquipiers de Dani Alves que sur les déclarations du rival, le coéquipier de Messi au Barça, Arthur Melo, a lui préféré sourire de la situation : «Les paroles de Messi sur la corruption ? C'est son opinion, je la respecte. Je la respecte, mais (rires) il n'y a personne mieux qu'eux (les Argentins) pour en parler davantage.» Des paroles, relayées par le média Invictos, qui n’ont pas tardé à circuler sur les réseaux sociaux.

«Cette semaine, Lionel Messi ressemblait à Diego Maradona comme jamais auparavant et, pour cela, des millions d'Argentins l'adorent.»