roux (nolan) thauvin (florian) gueye (idrissa) (A.Reau/L'Equipe)

Mercato : le top 10 des bras de fer

Pour rejoindre Barcelone, Marco Verratti envisagerait d'aller jusqu'au clash avec le Paris Saint-Germain. Est-ce une bonne stratégie ? Retour sur dix précédents cas.

Sylvain Wiltord, Bordeaux, 2000

Tout juste champion d’Europe avec la France, Sylvain Wiltord est, à l’été 2000, un buteur courtisé. Barcelone, l’Inter, mais surtout le Real Madrid et Arsenal sont intéressés. Ce dernier, entraîné par Arsène Wenger, est même prêt à casser sa tirelire pour l’attirer. Ce qui ne rend pas insensible le joueur de Bordeaux, qui veut partir. Mais son employeur n’est pas de cet avis. Alors, Sylvain Wiltord se fait tout petit à l’entraînement, et réalise le strict minimum, afin de ne pas risquer la faute professionnelle. Ce qui a le don d’énerver Elie Baup, son coach, pour qui le joueur «n’existe plus». Ecarté du groupe, Wiltord tient bon… et obtient gain de cause, au terme d’un long feuilleton.

Stathis Tavlaridis, Lille, 2005

«Les dirigeants lillois ne me respectent pas, ils me prennent pour un morceau de viande. Je ne veux plus jouer ici, je veux rejoindre les Glasgow Rangers (Ecosse).» En 2005, Stathis Tavlaridis n’y va pas par quatre chemins dans les colonnes de La Voix du Nord. «Je ne comprendrais pas qu'on retienne un joueur contre son gré», affirme le défenseur. Pourtant, l’international grec se heurte à la volonté de son président Michel Seydoux qui souhaite le voir rester. Il rempile pour finalement pour deux saisons, avant de s'envoler à Saint-Etienne. 

Mahamadou Diarra, Lyon, 2006

Après quatre titres de champion de France en autant d'annnées avec Lyon, Mahamadou Diarra estime que son heure est venue de voir ailleurs. Ça tombe bien puisque le puissant milieu malien est courtisé. Manchester United puis le Real Madrid se positionnent. Mais Jean-Michel Aulas, conscient d’avoir un sacré joueur dans son effectif, ne veut rien entendre. «Le Real fait une offre et demande un rendez-vous aux dirigeants de Lyon et ils refusent, relate, en colère, le joueur à Sport24.com. Je ne comprends pas. Je veux que les choses bougent et qu’ils acceptent de s’asseoir autour d’une table. (…) Dans ma tête, je suis parti. On ne peut pas décider à la place d’un être humain. Je suis maître de mon corps, c’est à moi de prendre les décisions qui me concernent directement.» Diarra gagnera finalement son bras de fer, le président lyonnais se laissant convaincre par les 26 M€ lâchés par le Real Madrid.

Frédéric Piquionne, Saint-Etienne, 2007

«On me prend pour un esclave qui n’a même pas le droit de donner son avis. Je ne veux plus jouer à Saint-Etienne.» Les propos recueillis dans L’Equipe sont durs, maladroits, mais reflètent l’envie de Frédéric Piquionne : partir. Et pas n’importe où : chez le rival lyonnais. Une volonté qui passe évidemment mal chez les Verts, où son transfert est bloqué. «C’est une question d’honneur et non d’argent», estime Roland Romeyer, le président de l’ASSE. Piquionne, attaquant en forme en cette première moitié de Championnat 2006-07, brandit même la menace de mettre un terme à sa carrière. Mais rien n’y fait : il reste six mois dans le Forez, avant de s’envoler à Monaco. Il signera finalement, un an plus tard, à… Lyon.

Franck Ribéry, Bayern Munich, 2009

«Le Real ou rien.» C’est par ces mots que Franck Ribéry, qui veut jouer à Madrid, met la pression sur les dirigeants du Bayern Munich. Dans Marca, son agent est même formel, «Ribery ne renouvellera pas avec le Bayern.» Seulement, le club allemand ne veut pas le voir partir. Et bloque toute possibilité de transfert. «Franck veut aller au Real ? Pour nous, ça ne change absolument rien. La vie n’est pas toujours un conte de fées», rétorque Ulie Hoeness à Bild, le manager du club. Intransigeant, le board munichois se montre convaincant. Depuis, Franck Ribéry, qui avait déjà été retenu à Marseille par Pape Diouf trois ans plus tôt, évolue toujours en Bavière.

Hatem Ben Arfa, Marseille, 2010

Hatem Ben Arfa est furieux. On lui avait promis un bon de sortie, il se trouve bloqué à l'OM, suite à la vente surprise de Mamadou Niang à Fernerbahçe (Turquie). «Je ne retournerai pas à la Commanderie (le centre d'entraînement de Marseille, ndlr). C'est fini. Je suis prêt à ne pas jouer de la saison. J'ai ma fierté, ma dignité. Je ne suis pas un bouche-trou», fustige le Français dans L'Equipe, à l'été 2010. Le joueur décide alors de ne plus s’entraîner, manque un déplacement… et est finalement transféré à Newcastle (Angleterre).

Stéphane Sessègnon, Paris, 2011

Quand deux gros caractères s’affrontent, ça fait des étincelles. Alors quand Stéphane Sessègnon, joueur du Paris Saint-Germain et Antoine Kombouaré, son coach, ne sont pas sur la même longueur d’onde, forcément, ça chauffe. Au cours d’une réunion où le premier signifie au second ses envies de départ, le ton monte. «Le coach m’a insulté, livre Sessègnon à L’Equipe. Je pense qu’un entraîneur ne peut pas traiter l’un de ses joueurs d’ "enculé", de "joueur de merde", comme cela a été le cas mardi avec moi. Voilà ce qu’il m’a dit, je ne vais pas le cacher. Dans ces conditions, il me paraît impossible de continuer à jouer à Paris. Impossible.» Le Béninois ne prend pas part au stage de début d’année. Et s’engage, fin janvier 2011 avec Sunderland, contre sept millions d’euros.

Florian Thauvin, Lille, 2013

Auteur d’une première partie de Championnat 2012-13 très intéressante avec Bastia, le jeune Florian Thauvin, dix-neuf ans, est convoité. C’est Lille qui recrute, pour 3,5 millions d’euros, le gaucher, tout en le laissant finir la saison sur l’île de Beauté. Mais à l’été, constatant que son nouveau club ne s’est pas qualifié pour la coupe d’Europe, le joueur ne veut plus rejoindre le Nord, mais Marseille. Au bout d’un interminable feuilleton, et des entraînements séchés, le gamin signe finalement à l’OM dans les toutes dernières heures du mercato, contre un chèque de 12 millions d’euros.

Dimitri Payet, Marseille, 2017

«Nous avons un problème avec un joueur. Il s'agit de Dimitri Payet. Il ne veut plus jouer pour nous. Nous n'allons pas le vendre.» En janvier dernier, Slaven Bilic, le coach de West Ham, est clair sur la position de son joueur, à son avantage lors de l’Euro 2016 six mois plus tôt. L’international français ne se voit plus jouer pour les Hammers. Il a autre chose en tête : un retour à Marseille, où les nouveaux dirigeants veulent faire de lui la tête de gondole de l’«OM Champions Projet».  Alors Payet tient bon, s’entraîne la semaine mais ne joue pas le week-end. Puis fait son retour en grande pompe en terres phocéennes, contre presque 30 millions d’euros. 

Robert Lewandowski, Dortmund, 2013

Robert est la star de son équipe. Robert enfile les buts depuis quatre saisons (103 réalisations en 187 rencontres). Mais Robert veut quitter Dortmund pour rejoindre le grand Bayern Munich. Alors le Polonais sort de sa manche l’habituelle phrase choc : «J’ai toujours donné mon maximum pour le BVB mais les dirigeants ne sont pas corrects avec moi. Ils me déçoivent énormément. Il n’est pas impossible que j’aborde les matches qui arrivent de mauvaise humeur et que je manque de motivation.» Impuissant malgré son envie de le voir prolonger, Dortmund voit filer gratuitement son attaquant vedette, en fin de contrat, vers le rival munichois.

Kilian Kerbrat