pavard (benjamin) (P.Lahalle/L'Equipe)

Mercato : Enfin un sourire pour Benjamin Pavard, futur joueur du Bayern Munich, qui sort de plusieurs mois tourmentés

Après les Papin, Lizarazu, Ismaël, Ribéry ou Coman, Benjamin Pavard sera, en juillet prochain, le neuvième Français à porter les couleurs du Bayern Munich. Une bonne nouvelle dans une saison jusque-là bien tourmentée pour l'auteur de la «frappe de bâtard». Mais aussi le début d'un des plus grands défis de sa jeune carrière.

Il est toujours bon de se rappeler qu’il y a à peine deux ans et demi, Benjamin Pavard squattait le banc de touche du LOSC. Nous sommes alors le 27 août 2016. En déplacement à Nice, Lille accroche le nul, Pavard reste bien assis et n’entre pas en jeu. Frédéric Antonetti ne compte pas vraiment sur le bonhomme, à l’instar de la saison précédente (six titularisations, treize apparitions en 2015-16 en Ligue 1). Trois jours après cette soirée azuréenne, Stuttgart aligne cinq millions d’euros pour convaincre les Dogues de lâcher le natif du nord de la France. Le début d’une ascension extraordinaire et d’une histoire folle.

Pavard devient rapidement titulaire en deuxième division allemande. Le club du Bade-Wurtemberg revient en Bundesliga un an plus tard. Indiscutable au sein de la défense à trois ou à quatre de Hannes Wolf, il s’affirme, sans vraiment faire parler de lui en France. Pourtant, le 2 novembre 2017, avant les rencontres face au Pays de Galles (2-0) et à l’Allemagne (2-2), Didier Deschamps prononce le nom de Benjamin Pavard lorsqu’il dévoile sa nouvelle liste de joueurs. L’homme aux bouclettes participe aux deux rencontres. Pour rapidement faire l’unanimité dans le groupe. Après une belle saison en Championnat (septième avec Stuttgart), Pavard part en Russie disputer sa première Coupe du monde. À 22 ans. Avec la blessure de Djibril Sidibé, il est même propulsé titulaire. Jusqu’à envoyer sa mythique "frappe de bâtard" face à l’Argentine (4-3). Un bijou qui sera élu plus beau but de la Coupe du monde, et qui le propulse dans une tout autre dimension, notamment médiatique. Le titre de champion du monde vient couronner ces deux années complètement dingues.

Quand les grands frappent à la porte

Mais à la reprise, Pavard se sait évidemment attendu. Après avoir été fêté chez lui, telle une star, du côté de Jeumont, le défenseur français fait une entrée tonitruante dans la rubrique transferts. Plusieurs grands noms apparaissent au sein de certaines rumeurs : Arsenal, Dortmund, le PSG, le Bayern Munich, Tottenham... Mais décision est prise de rester dans le sud de l’Allemagne. Il fait son retour sur les pelouses le 26 août, à Mayence. Pour une première solide.

Seulement voilà, "Pavardinho" va vite descendre de son nuage. Trois défaites et deux nuls pour démarrer. Puis une petite victoire pour respirer face à Brême (2-1), avant de voir Tayfun Korfut, l’entraîneur de Stuttgart, être renvoyé. Mais sur le terrain, les affaires ne s’arrangent pas. Fessé 0-4 à domicile par Dortmund, Stuttgart sombre un peu plus une semaine plus tard à Hoffenheim : défaite sur le même score, et un Pavard directement impliqué sur deux réalisations adverses. Francfort en remet trois à la Mercedes-Benz-Arena lors de la journée suivante (0-3). Le 9 décembre dernier, lors d’une nouvelle soirée difficile pour les siens (0-3 à Mönchengladbach), Pavard marque le troisième but contre son camp, en se blessant sur cette action. Diagnostic : déchirure musculaire. Retour en France pour se faire soigner. Une série noire.

Seule consolation de ces quatre mois terribles : Didier Deschamps ne le laisse pas de côté et le convoque toujours en équipe de France. Mais ses prestations se révèlent parfois bien poussives. Les critiques se multiplient. Certains estiment qu’on l’a monté bien trop haut, bien trop vite, et qu’on oublie un peu facilement plusieurs prestations bien insuffisantes en équipe de France, notamment lors du Mondial. Confronté au niveau et à la forme délicate de son équipe en Allemagne, Pavard boude alors les nombreuses demandes d’interviews : «Il se réfugie dans le travail, expliquait Frédéric Pavard, son père, à FF en novembre dernier. Il est mécontent des résultats, mécontent de ses performances aussi et il a choisi de se concentrer sur le terrain. Tout est allé si vite. Je ne crois pas qu’on puisse imaginer ce que c’est quand on n’a pas été confronté à une telle situation

Cinq mois pour retrouver la confiance avant de filer au Bayern

Et même le mercato fermé, en décembre dernier, les rumeurs continuent à s’enchaîner à son sujet. Niko Kovac doit même démentir son arrivée au Bayern le 11 décembre. Le nom de Naples revient également. Même chose pour le Barça. Calcio Mercato annonce même que les représentants du joueur ont déjà rencontré ceux du club catalan, alors que Pavard avait pris la parole dans une interview à Sky Sports le 6 décembre : «Je n’ai rien promis à personne.»
 
Tout ça, donc, jusqu’à ce 9 janvier et l’officialisation par Hasan Salihamidzic, le directeur sportif bavarois, de l’arrivée de Benjamin Pavard en Bavière à partir de l’été prochain. Pour un contrat de cinq ans ! Enfin une pointe de ciel bleu et un sourire donc pour lui. C'est la fin d'un suspense qui va forcément lui faire du bien. Désormais, le défi est simple : il a cinq mois de compétition pour engranger des minutes, de la confiance, avant de se jeter dans le grand bain du très haut niveau. Au Bayern, entre concurrence et pression constante du résultat dans le club le plus médiatisé d’Allemagne, et l'un des favoris, chaque année, de la Ligue des champions, il faudra avoir les reins solides. Il sera alors temps, en juillet 2019, de mesurer le chemin parcouru en si peu de temps.Car il ne faut pas l'oublier : Pavard n'a que 22 ans.

Timothé Crépin