(LR) Mohammed Osman of Heracles Almelo, Frenkie de Jong of Ajax, Adrian Dalmau of Heracles Almelo during the Dutch Eredivisie match between Ajax Amsterdam and Heracles Almelo at the Johan Cruijff Arena on August 11, 2018 in Amsterdam, The Netherlands (Maurice van Steen/ VI IMAGES //PRESSE SPORTS)

Mercato : au-delà de la hype, qui est vraiment Frenkie De Jong, ciblé par le PSG ?

Annoncé proche du PSG, marqué à la culotte par le FC Barcelone et Manchester City, Frenkie De Jong est présenté comme un crack, comparé à plusieurs légendes du jeu. Mais qui est vraiment le milieu de terrain de l'Ajax Amsterdam, âgé de 21 ans ?

Les hipsters du foot veulent savoir. Arrivé à l'Ajax Amsterdam en 2015, après une formation suivie à Willem-II, Frenkie de Jong est rapidement devenu la pépite dont tout le monde parle (Kylian Mbappé excepté, cela va de soi), et sa future destination rend beaucoup d'observateurs fébriles ou impatients, selon le nom du club associé au milieu de terrain. Depuis ses débuts chez les pros, il y a déjà trois saisons et demie, le gamin a déjà été comparé à Frank Rijkaard, Franz Beckenbauer, Sergio Busquets, Xavi, Andres Iniesta, Wesley Sneijder ou même encore à l'icône absolue, Johan Cruyff. De quoi s'y perdre, forcément, ces légendes-là n'ayant pas franchement brillé dans le même registre.

Mais il faut dire que De Jong cumule les qualités. Emblème de l'école néerlandaise, il est un joueur fin, élégant, courageux, un de ces milieux de terrain qui gardent toujours un temps d'avance et la tête levée. Son pied droit est un délice, capable d'orienter, de renverser, de transpercer, de casser les lignes défensives adverses avec une passe verticale osée ou une projection balle au pied. Chez Frenkie de Jong, il est question de sens du jeu et d'instinct. De caractère et d'anticonformisme aussi, car il a toujours refusé d'épurer son style, de peur de perdre ce qui le rend si spécial.

«Je joue comme ça depuis que je suis petit, et je ne pense pas que ce soit bon de réduire ce que je suis, affirmait-il ces derniers jours dans The Guardian. J'ai intégré l'équipe première en jouant de la même façon que quand j'étais enfant, pourquoi changer maintenant ? Les gens disent que je prends beaucoup de risques, mais je ne perd pas beaucoup de ballons.» Avec notamment 90% de passes réussies pour ses débuts en Ligue des champions cette saison (quatre matches), les chiffres parlent pour lui.

Sens du jeu, instinct, caractère et anticonformisme

Une influence affolante balle au pied

Une étude récente d'Opta présentait même De Jong comme un véritable ovni, figurant parmi les joueurs qui progressaient le plus balle au pied en Europe, tout en affichant un déchet incroyablement faible. Joueur de possession par excellence, le natif d'Arkel est aidé par la domination de son équipe sur son Championnat (61% de possession en moyenne, 80% de temps passé dans les deux derniers tiers du terrain), mais pas au point de minimiser sa mainmise sur une rencontre. Son match face à l'équipe de France (2-0) il y a trois semaines, notamment, a prouvé qu'il était capable de répéter ses gammes dans un contexte et une adversité bien plus relevée.

«Il fait des choses qu'un ailier fait habituellement, mais depuis l'entrejeu : dribbler, passer devant son adversaire au bon moment, garder le ballon suffisamment longtemps pour créer de la supériorité numérique... Je n'ai jamais vu personne jouer comme Frenkie de Jong», lâchait d'ailleurs l'international néerlandais Eljero Elia à ESPN le mois dernier. Pour cumuler autant de qualités, il faut de la technique, forcément, mais aussi un certain QI football. C'est là, aussi, que Frenkie de Jong étonne par sa maturité. S'il peut parfois avoir tendance à multiplier les touches de balle, il apparaît très rarement sous pression et sans cesse disponible pour ses partenaires. De quoi renforcer grandement la filiation avec Pep Guardiola.

«Je n'ai jamais vu personne jouer comme Frenkie de Jong» (Eljero Elia)

«Quand je suis sur le terrain, je joue avec intuition mais je réfléchis aussi beaucoup au jeu, assurait-il encore dans The Guardian. Je cherche toujours la passe, je fais toujours attention à mon partenaire. Est-il libre ? Ensuite, je sais quoi faire. Parfois, la situation évolue et il faut savoir utiliser son intuition. Quand je reçois la balle, j'essaie d'avoir une photographie globale, savoir où se situent tous les autres joueurs. C'est une des choses les plus importantes pour un milieu de terrain.»

Un joueur de possession, pas un joueur de duels

Si le jeune homme aux cinq sélections maîtrise donc à merveille le timing et le tempo quand il a le ballon, son style se marie beaucoup moins à une équipe qui subit ou met l'accent sur le combat physique. Malgré son 1,81m, De Jong a plutôt tendance à éviter le duel, ou à payer un léger temps de retard à l'impact. Moins nonchalant qu'à ses débuts lorsqu'il s'agit de protéger sa défense, il ne perd pas son goût du risque dans sa propre moitié de terrain, et sa tendance à jouer l'interception plutôt que la couverture peut aussi bien rattraper quelques situations chaudes que mettre son équipe en danger.

S'il évolue parfois en défense centrale avec l'Ajax, cette position ne lui semble donc pas destinée à long terme et au plus haut niveau. En corrigeant ses défauts, en musclant un peu son jeu défensif et en devenant, aussi, un joueur qui sait courir à bon escient après le ballon et l'adversaire lorsque la situation l'y oblige, le ciel sera sans doute sa limite. À lui, désormais, de bien choisir sa prochaine étape. À Paris, comme l'affirmait vendredi De Telegraaf ? À Barcelone, à Manchester ? Avec Frenkie de Jong, il faut toujours se méfier de la passe cachée ou du dribble qui laisse sur les fesses. Les hipsters du foot en savent quelque chose.

C.C.