GO - Goiania - 11/20/2018 - Friendly sele sub 20, Brazil x Colombia - Matheus Cunha from Brazil commemorate their goal during match against Colombia at the Olympic Olympiad, friendly hair sub 20. Photo: Andre Borges / AGIF *** Local Caption *** (Andre Borges/AGIF/PRESSE SPORT/PRESSE SPORTS)

Matheus Cunha (RB Leipzig) : «Le Brésil restera toujours une usine à cracks»

Étincelant avec le Brésil au tournoi de Toulon et de plus en plus remarqué sous le maillot du RB Leipzig, Matheus Cunha s'est livré à France Football. Il évoque son parcours, son club et son avenir.

«En France, peu de gens te connaissent. Peux-tu raconter ton parcours ?
Depuis que je suis un petit garçon, mon père m'emmène jouer au football. Puis au fur et à mesure, c'est vraiment devenu quelque chose de sérieux. Mon père a vu que j'avais quelque chose, et il m'a inscrit au club Cabo Branco, à João Pessoa (à l'est du Brésil, au bord de l'Océan Atlantique, ndlr). Il y avait joué quand il était enfant. Je n'ai jamais pensé à faire autre chose que du football. Je suis amoureux de ce sport. Après, j'ai joué pour Recife, pour un club qui s'appelle le CT Barao. Un empresario a aimé mon football à ce moment-là et ils m'ont emmené, lui et mon père, à Coritiba, quand j'avais 14 ans. J'ai joué trois ans là-bas, jusqu'à mes 17 ans, avant d'être transféré en Europe, à Sion.

Il vient d'où, cet amour du football ?
Tout a commencé vraiment très jeune. On jouait au football à la maison, en utilisant les chaises de la maison pour faire des buts... Ça faisait pas mal de boulot pour ma mère ! Et j'ai toujours aimé regarder le football. Il y a eu mon parcours chez les jeunes ensuite, et c'est comme ça que tout a commencé. Mon idole, à l'époque, c'était Ronaldinho. J'ai beaucoup d'affection et de respect pour lui. C'est lui, mon idole. J'ai eu la chance de le rencontrer personnellement, j'ai quelques contacts et il m'inspire énormément.

Tu es arrivé tôt en Europe. Comment s'est passé le processus de recrutement ?
Ça s'est fait très rapidement, juste après qu'on ait joué la Dallas Cup, un tournoi de jeunes aux États-Unis. À l'époque, on y était avec Coritiba, et le FC Sion avait envoyé pour tout le tournoi plusieurs scouts pour voir les jeunes. Ils m'ont bien aimé je crois... Dès la fin du tournoi, le club a pris contact avec mon agent et ça s'est fait rapidement pour trouver un accord avec Coritiba. On m'a dit : “tu peux jouer en Europe”. Et je n'ai pas hésité une seule seconde. Aujourd'hui, d'être avec les Espoirs du Brésil et au RB Leipzig, ça me convainc que j'ai fait le bon choix.

L'adaptation s'est bien passée ?
J'ai beaucoup d'aide extérieure, ça m'aide forcément. Tout le monde m'a aidé pour me simplifier la vie. Que ce soit ma famille, ma petite amie... C'est très différent ici. La culture, la langue, la cuisine, le style de jeu... Pas facile de s'adapter !

Mais les clubs, Sion comme Leipzig, offrent tout ce dont un joueur à besoin. J'ai pu avoir l'aide de certains Brésiliens en Suisse aussi, comme Adryan, le milieu de terrain. Et au final, j'ai réussi à m'y faire assez rapidement et me concentrer sur les objectifs à atteindre. Maintenant, je suis content de mes performances.

Quand on est jeune et loin de son pays, il s'agit d'occuper son temps libre aussi...
Je passe beaucoup de temps à regarder des films ou des séries. Et rester avec ma petite amie, nous balader, et avec mon chien, Acai. Je préfère les activités en famille. Là, maintenant que je suis en vacances après le tournoi de Toulon (le Brésil joue la finale ce samedi à 16h, ndlr), on va sûrement faire pas mal de barbecues au Brésil, avec tous mes amis au pays.

Il y a un souvenir qui te reste, en particulier ?
Oui, il y a une histoire assez amusante... Depuis que je joue à Coritiba, ma mère a eu du mal à suivre mes matches. Et à Sion, elle est venue me voir jouer pour la première fois au stade. J'ai fait un bon match et j'ai marqué. Mais en sortant, je pars pour lui faire un câlin et lui demander son avis. Elle m'a engueulé ! Elle m'a dit que je devais être plus solide et que ce n'était pas possible de tomber autant sur le terrain.

«Leipzig offre tout ce dont un joueur à besoin»

Matheus Cunha et sa famille, en Suisse. (D.R.)

Aujourd'hui, à Leipzig, comment tu jugerais l'importance du club et son fonctionnement ?
C'est un club extrêmement professionnel et axé sur la technologie, qui parvient à nous donner tous les détails du jeu, de l'entraînement et de l'adversaire. Nous travaillons dans un club où la recherche de la perfection est constante et où l'investissement nécessaire est très important. Dans certaines villes, il y a un certain rejet du RB Leipzig en tant que club-entreprise. Mais rien de très perturbant. À Leipzig, on a de toute façon une fanbase importante et qui est passionnée. Sur le plan sportif, il s'agit d'avoir des résultats et de suivre une ligne directrice. Les jeunes travaillent très bien. C'est le club idéal pour grandir en tant que joueur et même en dehors. Et c'est vraiment gratifiant de participer à un grand projet comme celui du RB Leipzig.

D'ici, on surveille aussi beaucoup les Français du club. Upamecano, Konaté, Mukiele, Augustin...
C'est un plaisir de parler d'eux ! Ils sont tous de très bons joueurs. Je suis un fan. J'adore jouer à leurs côtés et j'apprends. On rigole, il y a une bonne ambiance et on parle souvent de Paris. Je suis amoureux de Paris et les quatre viennent tous de là. C'est vraiment cool d'être avec eux.

Cette saison, les supporters du club se souviendront aussi de ton but face à Leverkusen !
C'était vraiment à l'instinct. On pressait leur sortie de balle pour la récupérer, et nous avons réussi. Ça fait partie de la philosophie de Leipzig, d'aller presser et récupérer le plus haut possible dans le camp adverse. Dès qu'on a récupéré la balle, je la pousse un peu trop loin... Mais je vois Wendell, le latéral de Leverkusen arriver, et à l'instinct je me dis qu'il faut faire cette roulette. Ça a marché et la balle est restée dans ma course, c'était parfait pour conclure et marquer. Le gardien sortait, et le lob a ensuite bien marché. C'était beaucoup de bonheur de marquer ce but ! J'espère que j'ai été vu par de bons yeux pour le prix Puskas... (rires)

C'est excitant, maintenant, de savoir que Julian Nagelsmann arrive à Leipzig ?
Je ne lui ai pas encore parlé, mais nous le connaissons très bien et nous savons que c'est un excellent entraîneur. Son travail à Hoffenheim était parfait. J'espère que tout ira bien pour nous aussi. L'équipe est sur un bon rythme, et il faut continuer comme ça. Avec Nagelsmann, l'espoir est de faire de l'excellent travail et d'aller encore plus haut.

Avec la Ligue des champions, une première pour toi. Qu'est-ce que cela représente ?
Déjà, c'est un sentiment d'accomplissement. Le club s'est fixé l'objectif d'atteindre la Ligue des champions via la Bundesliga, et c'est ce que nous avons fait. Maintenant, il faut essayer d'aller aussi loin que possible, en respectant les objectifs de développement du club. Après, je ne me pose pas trop de question, cela sera juste fantastique et quelque chose de très motivant. On a de quoi faire une grande saison. Et c'est un autre rêve d'enfant qui va se réaliser...

Du Brésil à la Suisse et maintenant l'Allemagne, ça fait quand même un parcours assez unique...
Oui, c'est vrai que c'est assez atypique... Mais j'étais heureux d'aller en Suisse, en apprenant un peu de la culture européenne, et maintenant en Allemagne. C'est un Championnat plus grand, plus compétitif et avec plus de visibilité. On en profite. J'essaie de m'adapter dans tous les pays, surtout au niveau de la langue pour que ce ne soit pas trop un problème, sur le terrain comme dans la vie. C'est important, avec l'objectif d'être un joueur meilleur et une bonne personne.

Avec le Brésil, il y a une très bonne génération aussi.
Ce n'est pas d'aujourd'hui. Il y a toujours de grands talents et de grands joueurs. Le Brésil reste et restera toujours une grande usine de cracks. Dans chaque Championnat du monde, un Brésilien se distingue. Dans les grands centres de formation comme les grands clubs. La génération actuelle a tout pour maintenir le Brésil parmi les plus grandes sélections du monde. Il y a du talent, de la qualité et aussi de la diversité, donc il y a tous les ingrédients.

Quels sont tes rêves maintenant ?
Représenter le Brésil chez les A et être présent à Tokyo, en 2020, pour les Jeux Olympiques. Ce sont mes rêves pour la Seleçao à court-terme. Et avec Leipzig, je veux progresser encore plus, ce n'est que ma deuxième année de contrat et je veux participer au futur du club pour qu'il aille encore plus haut.»

Antoine Bourlon