payet (dimitri) (A.Reau/L'Equipe)

Marseille : Mais qu'arrive-t-il à Dimitri Payet ?

Si Marseille boîte sur le plan offensif, c'est aussi parce que son capitaine n'est plus le même : Dimitri Payet traverse une crise de confiance qui inquiète. Avec une place dans le vestiaire qui paraît fragilisée.

La série fait mal. Et illustre la situation bien délicate de Dimitri Payet : le Réunionnais n’a ni marqué, ni distribué de passe décisive au cours de ses neuf dernières rencontres de Ligue 1. Bilan comptable pour l’OM sur ces neuf sorties : trois victoires, trois nuls, trois défaites. Et les problèmes que l’on sait. Dimitri Payet traverse peut-être la plus difficile période de sa carrière. Un constat que l’on n’aurait pourtant jamais pu imaginer après un mois et demi de Championnat. Souvenez-vous : suite à une fin de saison 2017-18 cruelle où il s’était blessé en finale de Ligue Europa avant de devoir déclarer forfait pour la Coupe du monde malgré un niveau proche de l’excellence, Payet était reparti au charbon. Motivé, affûté, brassard autour du bras, l’ancien de Saint-Étienne était la plaque tournante de la formation olympienne. Les buts et les passes décisives s’enchaînaient : neuf (4 buts - 5 passes décisives) au cours des neuf premières journées ! Tout cela semble aujourd’hui bien lointain.

Moins heureux, moins souriant, moins épanoui

L’hypothèse d’un coup de mou physique pourrait être légitime en regardant ses états de service pendant les cinq premiers mois de l’année 2018, et donc en début de saison 2018-19. Mais il ne peut pas y avoir que ça. Toujours dangereux et précis sur coups de pied arrêtés, Payet peine à (re)prendre les rênes du jeu marseillais. C’est aussi son attitude qui traduit peut-être également son mal-être. On le sent moins heureux, moins souriant, moins épanoui, moins concerné. Dernier épisode en date : dimanche dernier face à Monaco (1-1), où il a peiné pour exister sur le terrain. Au point d’être sorti par Rudi Garcia à dix-sept minutes de la fin pour l’entrée de Clinton Njie.

Si la prestation collective était loin d’être catastrophique au regard du contexte actuel, on peut tout de même estimer que le capitaine marseillais a quelque peu manqué de lucidité au coup de sifflet final quand il a été invité à réagir sur Canal+. Dimitri Payet a par exemple estimé que les Marseillais avaient été «bons», tout en assurant avoir effectué «une bonne deuxième période». Deux constats difficilement recevables au regard, par exemple, des vingt premières minutes qui ont suivi le retour des vestiaires, quand l’OM prenait complètement l’eau, subissant le pressing et les vagues incessantes de Monaco. Avec les ratés de Youri Tielemans et Aleksandr Golovin, c’était même un miracle que le score reste à 1-1. Qu’importe, il est clair que le niveau de confiance individuelle n’est pas loin d’être au plus bas.

Dimanche soir, une autre scène a également été parlante lors de l’après-match de Marseille-Monaco. S’il a filé chercher ses coéquipiers rentrés aux vestiaires pour que ce soit tout le groupe qui se dirige vers les supporters, Payet, malgré son statut de capitaine, est resté assez en retrait lors de la confrontation avec les fans. On a vu les Steve Mandanda, Luiz Gustavo, Adil Rami et Rolando en grande discussion, avec un Payet juste derrière, à l’écoute, mais sans jamais intervenir. Peut-être pas dans le caractère du bonhomme, oui, mais tout de même. Il est le capitaine de l’OM ! Un épisode qui a suivi le discours de la révolte prononcé par Luiz Gustavo et que vous racontait Francefootball.fr. Alors que le vestiaire devait laver son linge sale après l’humiliation subie en Coupe de France (0-2 face à Andrézieux), le Brésilien avait pris la parole devant ses coéquipiers, prônant certaines valeurs du club et avouant qu’il aurait pu partir pour la Chine et un salaire bien supérieur.

Surtout, il s'était notamment tourné vers les cadres pour les pousser «à se remobiliser». Dimitri Payet était évidemment visé, lui dont les rumeurs de départ se multiplient, notamment vers la Chine. Des rumeurs que le principal intéressé a évoquées dimanche soir : «Les gens qui me connaissent savent pourquoi je suis venu. Je ne perds pas mon temps à répondre à des stupidités pareilles.» Enfin, en décembre, le journal L’Equipe relatait également quelques états d’âmes du joueur au sujet de la rémunération de Kevin Strootman. Plusieurs épisodes qui peuvent donc illustrer un Dimitri Payet, joueur le plus cher de l’histoire du club, qui paraît presque fragilisé en interne, et effacé. Sportivement, dans un mercato toujours bien incertain, l’OM a tout intérêt à voir son numéro 10 revenir à son niveau. Reste à savoir ce qui va pouvoir le faire repartir de l’avant.

«Je ne perds pas mon temps à répondre à des stupidités pareilles»

Timothé Crépin