kamara (boubacar) (S.Mantey/L'Equipe)

Marseille : Boubacar Kamara, un vrai avenir au poste de numéro 6 ?

Meilleur joueur de l'OM face au LOSC (2-1), Kamara a brillé à un poste inhabituel de numéro 6. Son abattage a été très intéressant et on ne serait pas franchement étonnés de voir Villas-Boas renouveler l'expérience très vite. Pour le transformer définitivement en sentinelle ? Il est évidemment encore trop tôt pour le dire.

Le contre lillois est rapide. Reinildo avale son côté gauche et hérite du cuir, avec l’envie de créer le danger pour une possible égalisation. Mais, d’un tacle plein d’énergie et de précision, Boubacar Kamara intervient tel un patron dans les pieds du Mozambicain pour soulager ses troupes alors qu’il reste encore vingt minutes à jouer. Dans cette partie, il a jailli. Il a récupéré. Il a donné de l’oxygène aux siens. Il n’a été que rarement dépassé. Il a été passeur décisif. Il y avait comme l’impression que Kamara comptait plus de 200 matches en Ligue 1 au poste de numéro 6. Lancé dans le onze de départ en lieu et place de Kevin Strootman face au LOSC, l’international Espoirs a rendu une partie quasi parfaite. Une machine à laver qui a rendu un linge plus que propre.

Impliqué sur les deux buts marseillais

Légèrement en-dedans en début de partie, lui qui prenait ses marques à un poste où il a déjà évolué sous Rudi Garcia, Kamara était par exemple pris de vitesse par Jonathan Ikoné (7e). Ce sera la seule fois du match. Proche, voire très proche parfois, de sa charnière centrale, il était à la récupération pour la première opportunité marseillaise avec cette frappe de Valentin Rongier (22e). Kamara démarrait son festival d’interventions maîtrisées dans des zones très chaudes (30e, 42e, 45e+1, 65e, 68e, 69e, 79e). Ainsi, Valentin Rongier et Morgan Sanson pouvaient conserver de l’énergie pour porter les offensives. Si la vitesse de Kamara peut être parfois un frein, il a su être intelligent pour éviter qu’elle ne le pénalise sur ce match.

Pour couronner le tout, sa lucidité performante lui a permis de trouver Sanson dans la surface sur l’ouverture du score. Avant que son intervention haute sur le terrain, pleine de punch et d’énergie n’amène ensuite le second but. Oui, le LOSC n’a pas rendu la plus belle des copies au niveau de la production offensive, mais cette première cette saison ne peut être qu’un bel encouragement pour le minot. Un minot auteur de cinq tacles réussis sur six, qui a pris très peu de risque dans la projection. Sûrement une consigne de son entraîneur, Kamara, qui a fini les cinq dernières minutes rincé physiquement, a été rigoureux et est resté assez bas sur le pré quand son équipe avait le ballon. AVB l’a bien compris en le laissant sur la pelouse jusqu’au bout alors que Sanson et Rongier ont rejoint le banc plus tôt.

Une sacrée réaction pour Kamara (13 ballons gagnés en tout) alors qu’il était dans le viseur de bon nombre de supporters marseillais. Et ce, après son raté, notamment, face à Mauro Icardi au Parc des Princes le week-end dernier (0-4), et son autre approximation devant Jean-Kévin Augustin à Monaco en Coupe de la Ligue (1-2). Mais André Villas-Boas ne le lâche pas et il le lui a montré en l’installant en sentinelle avec le retour d’Alvaro Gonzalez. «Il continue de grandir. Il va faire des erreurs, de moins en moins j’espère, expliquait Ricardo Carvalho, adjoint d’AVB dans L’Equipe, Techniquement, il est fort. Les passes longues, c’est un régal. Il y va sur les duels. Il va aller loin, j’en suis sûr à 100%.» Pas de conclusions hâtives, mais Kamara récolte de sérieux encouragements pour peut-être s’installer à ce poste sur la durée avec le maillot olympien. À ce rythme, Kevin Strootman peut se faire beaucoup de soucis…

Timothé Crépin