(L'Equipe)

Maroc, le temps de l'action

Portée par Moulay Hafid Elalamy, le président du Comité d'organisation, la campagne du royaume chérifien pour la Coupe du monde 2026 s'est engagée le week-end dernier dans la dernière ligne droite. Le temps lui est compté, et il faut désormais convaincre les Fédérations du monde entier, en vue du vote du 13 juin à Moscou...

C’était il y a quelques jours. Une petite délégation marocaine déposait officiellement à Zurich, siège de la FIFA, son dossier de candidature pour le tournoi 2026. Le fameux "Bid Book", autant dire une somme considérable d’informations aux allures de bibliothèque. «Vingt-quatre tomes et près de quarante mille pages», précise Moulay Hafid Elalamy, le Ministre de l’Economie nommé le 11 janvier dernier par le Roi pour mener à bien cette mission. Pendant un peu plus de deux mois, une équipe de quatre-vingts personnes s’est activée, jour et nuit parfois, à rassembler les documents, plans détaillés, lettres d’engagements, contrats et projets en fonction du cahier des charges précis à l’extrême, exigé par l’instance faîtière du football international.

Un micro casque vissé sur les oreilles, l’ancien défenseur central du Lycée Victor-Hugo de Marrakech (58 ans) a parfois des attitudes d’attaquant lorsqu’il défend le dossier de son pays. Le cadre s’y prête à merveille : la salle immense qui abrite le speech de l’ancien président du patronat marocain ressemble à un stade. De part et d’autre, des tribunes ont été dressées, derrière lesquelles se trouvent d’immenses écrans. Au centre, une estrade-rectangle de jeu vert et tracé, qui rappelle évidemment les contours d’un stade de football. Le décor est planté. Seul sur scène, Elalamy détaille les quatorze stades - douze seront à l’arrivée retenus - dont cinq modulables. Sont concernées les villes de Casablanca, Marrakech, mais aussi Nador, Ouarzazate, Oujda, Tétouan, Tanger, Rabat, Fès, Meknès, Agadir et El-Jadida.

Elalamy développe avec maîtrise, humour et parfois fermeté, les atouts du dossier. Il dévoile aussi le budget qui doit être investi durant les huit années que dureront les investissements, si la FIFA désigne le Maroc le 13 juin à Moscou, plutôt que la candidature tripartite Etats-Unis, Mexique et Canada. Ce sont près de 16 milliards de dollars (13 milliards d’euros) qui doivent déboursés dans la construction ou la rénovation d’infrastructures sportives, médicales et autres. «L’héritage d’une Coupe du monde restera, en droite ligne avec ce que le pays envisage de développer». Un film de campagne met l’accent sur la passion, réelle, des Marocaines et des Marocains pour le football, avant de révéler la création d’un site internet. Tous les signaux sont au vert (et au rouge, les couleurs du drapeau), le Maroc passe enfin à l’offensive.

Près de 16 milliards de dollars (13 milliards d'euros) doivent déboursés dans la construction ou la rénovation d'infrastructures sportives, médicales et autres.

«Nous avons de bonnes raisons d’y croire. C’est la cinquième fois qu’on se présente», insiste Elalamy. Après l’étape de l’écriture donc, le Maroc s’est très vite lancé dans une vaste campagne de recherche de soutiens. Autant de Fédérations qu’il faudra convaincre, pas seulement en Afrique mais aussi en Europe et en Asie, de voter le 13 juin. De nombreux émissaires, parmi lesquels l’ancienne championne olympique (et ex-Ministre) Nawel El-Moutawakil mais aussi Hicham El-Amrani, l’ancien secrétaire général de la CAF désormais au service de ce dossier 2026, parcourent le monde.

«Les dés ne sont pas encore jetés !»

«Le travail de nos ambassadeurs est colossal, affirme encore Elalamy. Il y a des cas d’indécisions encore. Alors ne nous fions pas aux déclarations ici et là, les dés ne sont pas encore jetés ! C’est un combat sportif, et deux mois suffisent». Prochaine étape décisive pour le Maroc, l’arrivée d’une équipe d’experts de la FIFA, du 17 au 19 avril, chargés de la visite technique des infrastructures proposées, qui débouchera sur une notation. L’enjeu est considérable puisqu’il s’agira d’organiser la première phase finale de Coupe du monde à 48 nations. Pour y parvenir, le Maroc devra réunir au moins 104 voix sur les 207 exprimées le 13 juin, à la veille du Mondial russe.

Frank Simon, à Casablanca