23 September 2017 - Premier League - Southampton v Manchester United - Mario Lemina of Southampton - Photo: Marc Atkins/Offside *** Local Caption *** (Marc Atkins/OFFSIDE/PRESSE SPO/PRESSE SPORTS)

Mario Lemina : «J'ai décidé de partir, je l'assume»

Après une saison marquée par une absence de quatre mois pour une pubalgie, Mario Lemina n'a pas été retenu pour le stage de reprise de Southampton. D'un commun accord avec l'entraîneur Ralph Hasenhüttl, selon le milieu de terrain franco-gabonais, qui assume ses envies d'ailleurs. Entretien.

«Mario, vous n’avez pas été intégré au groupe de Southampton pour le premier stage de pré-saison. Quelle est votre situation actuelle ?
Je me prépare physiquement au centre d’entraînement, avec quelques autres joueurs dont Charlie Austin et Jordy Clasie. Je n’ai pas accompagné l’équipe en stage en accord avec l’entraîneur. Il veut construire son groupe avec les joueurs qui veulent rester au club, donc il m’a laissé de côté. Dès l’an dernier, j’avais posé mes conditions : je voulais aller voir ailleurs cet été. J’ai aussi été très frustré par ma blessure qui a duré quatre mois (une pubalgie qui l’a éloigné des terrains entre le 30 décembre et le 20 avril, ndlr), donc je souhaite vraiment découvrir autre chose.
 
Arrivé début décembre, Ralph Hasenhüttl est progressivement parvenu à redresser une équipe en perdition. Vous n’aviez pas envie de vous battre pour vous faire une place dans son onze ?
Je suis très optimiste pour le club car c’est vraiment un bon coach. On avait eu une longue discussion à son arrivée. Il attendait beaucoup de moi parce que j’étais un des joueurs les plus influents de l’équipe… Après, j’ai eu cette blessure assez longue, donc je n’ai pas vraiment pu travailler avec lui. Quand il est arrivé, il a construit une équipe dont je ne faisais pas partie et qui a bien marché en fin de saison, donc je ne vois pas pourquoi il la changerait. Et le temps que je m’adapte à ce qu’il recherche… Mais ce n’est pas par rapport au coach. Je m’étais simplement mis en tête de faire deux ans à Southampton, et de voir si je pouvais franchir une autre étape. On s’était mis d’accord avec le directeur sportif. La blessure est arrivée fin décembre, ça m’a freiné, c’est dommage, mais je n’ai pas envie d’aller plus loin avec Southampton. Je préfère qu’on reste en bons termes, fidèles à ce qu’on s‘était dit.

Vouloir absolument quitter votre club alors qu’il vous reste trois ans de contrat et que vous sortez d’une saison tronquée, c’est un peu risqué non ?
Je n’ai pas peur, j’ai fait un choix et je l’assume jusqu’au bout. Je me tiens à mon plan, j’ai décidé de dire aux dirigeants que je voulais partir, il n’y a pas de retour en arrière. Il y a un risque, bien sûr, mais je sais ce dont je suis capable, je suis à 100% et je vais prouver que je peux revenir très vite à mon meilleur niveau. Certains clubs seront peut-être plus prudents, mais ils me connaissent déjà. Aujourd’hui je suis totalement remis, j’ai beaucoup travaillé. Je suis prêt à passer à autre chose. La pubalgie, c’est une blessure très dure à gérer, qui nécessite beaucoup de travail. Je l’ai effectué et désormais je vais très bien physiquement.

«J'ai fait bonne impression en Angleterre, j'espère que les clubs n'ont pas la mémoire courte»

L’objectif prioritaire, c’est de rester en Premier League ?
C’est sûr que c’est un Championnat hyper intéressant. Le mieux pour moi serait d’y rester, mais je ne ferme la porte à aucun club, aucun pays. Aujourd’hui, après quatre mois de blessure, je ne vise rien en particulier. J’aspire à jouer dans les plus grands clubs, maintenant on verra ce qu’on me proposera. J’avais fait le choix de quitter la Juventus pour Southampton pour avoir plus de temps de jeu, je l’ai eu. J’ai fait bonne impression en Angleterre, j’ai eu de bons retours à une certaine période, donc j’espère que les clubs n’auront pas la mémoire courte (rires).
Un club qui dispute la Ligue des champions, c’est une condition importante ?
C’est un bonus. Si j’ai l’opportunité de la jouer cette saison, pourquoi pas, mais je cherche vraiment à retrouver la régularité, redevenir un joueur important dans une équipe avec des objectifs élevés. J’ai besoin de jouer ! C’est vraiment ça ma priorité. Je veux montrer à tout le monde de quoi je suis capable.

La fiche de Mario Lemina

En Ligue 1, des clubs comme Lyon, Marseille ou Bordeaux visent des recrues dans votre profil...
Revenir en France, ça me tente, oui ! Mais rester en Angleterre ou revenir en Italie aussi (rires). Pour l’instant, toutes les portes sont ouvertes. Tout dépend du projet qu’on me propose, des discussions avec Southampton… Il y a beaucoup d’inconnues, je suis dans l’attente, même si j’ai déjà eu quelques approches. J’espère vraiment que ça se fera rapidement, pour pouvoir faire partie d’une équipe avant la reprise du Championnat.

Depuis le début de votre carrière, vous avez pu travailler avec plusieurs entraîneurs reconnus, Marcelo Bielsa à Marseille puis Massimiliano Allegri à la Juventus ou Mauricio Pellegrino à Southampton. Comment ont-ils influencé votre jeu ?
Je pense que ce n’est pas vraiment dans mon jeu qu’ils m’ont fait évoluer, mais ils m’ont faire prendre de la maturité, ils m’ont permis d’acquérir un leadership. Ils m’ont fait prendre confiance en moi et en mes qualités. C‘est ce qui m’avait manqué plus jeune à Marseille par exemple. Aujourd’hui je sais quel joueur j’ai envie d’être. Travailler avec Bielsa, j’en avais besoin pour progresser, parce que c’est vraiment très dur, ça demande beaucoup de concentration. Ça m’a permis d’être prêt en arrivant à la Juventus, où il a fallu que je me focalise plutôt sur l’aspect défensif, sur la tactique.

«Avoir travaillé avec Bielsa et Allegri m'a permis d'être très flexible tactiquement»

Passer en quelques mois de Bielsa à Allegri, c’est passer d’un extrême à l’autre, non ?
En fait, avoir connu ces deux philosophies opposées m’a donné un bagage qui me permet d’être très flexible tactiquement. D’autant qu’à Southampton, Pellegrino et Hugues me permettaient d’avoir une certaine liberté sur le terrain, que je n’avais pas à la Juve ou à l’OM. Ça m’a permis de prendre confiance en moi, de montrer que je n’étais pas qu’un milieu défensif ou offensif, mais un joueur complet.
Justement, le poste auquel votre prochain coach vous utilisera pourra-t-il influencer votre choix ?
Je verrai en temps voulu, mais je ne prend pas la tête avec ça. Si j’ai l’opportunité de jouer à n’importe quel poste du milieu, je le fais parce que j’y prends du plaisir. J’ai surtout besoin d’accumuler du temps de jeu, je n’ai pas de préférence entre jouer numéro 6, 8, 10, à deux ou à trois dans l’entrejeu… Je m’adapte facilement.»

Cédric Chapuis