Marcelo Bielsa (Leeds), le vrai Special One !

Le débat n'est pas nouveau. Lorsque l'Argentine, un des principaux favoris du Mondial 2002 après une campagne de qualification exceptionnelle, avait été éliminée dès le premier tour du tournoi, le pays s'était divisé en deux camps, les uns reprochant au sélectionneur Marcelo Bielsa d'être resté campé sur ses convictions sans chercher à s'adapter, les autres conquis par la qualité de jeu des Veron, Batistuta et autre Crespo. Les joueurs de l'époque comme Diego Simeone ou Maurizio Pochettino, aujourd'hui sur le banc, ne manquent jamais une occasion de dire combien ils doivent à «El Loco», combien il a compté dans l'approche de leur carrière. Près de vingt ans que cela dure. Partout où il passe, Marcelo Bielsa provoque des réactions extrêmes. Il y a ceux qui louent l'ambition et la qualité du jeu de ses équipes, à Bilbao, Marseille ou Leeds aujourd'hui. On le révère pour ses convictions, sa connaissance du football, sa faculté à faire progresser les joueurs, l'émotion qu'il fait passer et tranche avec le cynisme du foot-business. On le montre du doigt pour son dogmatisme, son instabilité, son incapacité à mener ses équipes à la victoire finale comme en témoigne son maigre palmarès. Ceux qui ont travaillé avec lui, l'ont côtoyé dressent un portrait plus nuancé. Bielsa est un technicien qui sort effectivement de l'ordinaire, avec des qualités et des défauts exacerbés par ses partisans ou ses opposants, «un universitaire qui a pris le risque de mettre les pieds dans la boue et le gazon» comme le définit Martin Mazur, journaliste argentin qui le connaît bien. Qui est vraiment Marcelo Bielsa que les médias ne se lassent jamais d'évoquer ? Le dernier romantique du foot ou un homme un peu manipulateur, conscient de la marque qu'il représente et qu'il développe sans se soucier de ce(ux) qui l'entoure ? Un génie ou un imposteur ?

Patrick Sowden

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