Mahmoud Dahoud (L'Equipe)

Mahmoud Dahoud, la nouvelle pépite du Borussia Dortmund

En mars dernier, le Borussia Dortmund s'est attaché les services de Mahmoud Dahoud pour la somme de 12 millions d'euros. Méconnu en France, le milieu de terrain de Mönchengladbach est pourtant considéré comme l'un des joueurs les plus en vue de Bundesliga.

«Un fin stratège prometteur» : c'est ainsi que le quotidien allemand Die Rheinische Post définissait le milieu de 21 ans Mahmoud Dahoud, quelques jours après sa signature à Dortmund. De quoi se réjouir de son arrivée du côté du Mur Jaune, d'autant plus que le Borussia n'a pas eu à débourser plus de 12 millions d'euros pour l'attirer en Rhénanie. La concurrence de grands clubs anglais comme Liverpool ou Chelsea n'y a rien fait : Dortmund a une nouvelle fois prouvé que son institution avait les arguments pour attirer les jeunes pépites.

De la répression en Syrie à la consécration en Allemagne

Mahmoud Dahoud revient de loin. En 1996, alors qu'il n'a que onze mois, sa famille se retrouve sous la menace de la répression de Hafez al-Assad, président de la Syrie, et se voit contrainte, comme des milliers d'autres, de fuir le pays. Arrivé en Allemagne, il grandit à Düsseldorf. Le club de la ville, le Fortuna, repère très vite le jeune syrien, qui finit par faire ses premières gammes avec les rouge et blanc. Puis, à seulement 14 ans, il rejoint les équipes de jeunes du premier Borussia de sa carrière, Mönchengladbach, avec lesquelles il brille pendant trois ans. Si Lucien Favre, alors entraîneur de l'équipe première, n'a pas hésité à lancer son poulain dans le grand bain face à Sarajevo en Ligue Europa (7-0) puis face à Dortmund en Bundesliga (3-1), il laisse régulièrement Dahoud sur le banc, voire l'envoie avec la réserve.

Au cœur du jeu de Mönchengladbach, Christophe Kramer rayonne et ne laisse pas la place à une éventuelle concurrence. Mais le départ de ce dernier, prêté par Leverkusen, va changer la donne. Au début de la saison 2015/16, Favre et ses joueurs essuient cinq revers en autant de matches disputés, ce qui pousse l'entraîneur suisse à remettre sa démission et à céder sa place à André Schubert, d'abord coach par intérim avant de prendre définitivement les rênes de l'équipe première. Dès lors, Dahoud va devenir une pierre angulaire du nouveau plan de jeu et va séduire tout le football allemand. Dans la foulée de sa promotion, il est élu joueur du mois de septembre par les supporters du club, avant d'être ovationné quelques semaines plus tard par le public de Frankfurt, fort d'une prestation exceptionnelle ponctuée d'un but et de deux passes décisives.

Malgré la confiance dont bénéficie Dahoud auprès de son entraîneur, André Schubert s'est souvent montré assez dur et exigeant envers son protégé. «Mahmoud est un joueur performant et prometteur mais il doit encore apprendre pour être plus efficace», mettait en garde l'entraîneur allemand début 2016. Un soir de Ligue des champions, contre Manchester City, le jeune syro-allemand avait parcouru 7 kilomètres en une mi-temps, provoquant l'agacement de son coach. «A l'heure de jeu, j'ai dû le faire sortir», pestait alors Schubert. En effet, aux côtés de Granit Xhaka, depuis parti à Arsenal, Dahoud était celui qui effectuait le plus de courses verticales, des efforts que la fougue de sa jeunesse peinait à tempérer. Mais cette habitude de se projeter vers l'avant lui a finalement souri et à l'issue de la saison, le milieu de terrain terminait avec cinq buts et neuf passes décisives au compteur.

Avec Gündogan en partance pour Manchester City, le Borussia Dortmund s'affaire en coulisse dès l'été 2016 pour faire venir Mahmoud Dahoud, sans succès. «On ne voulait pas le laisser partir pour des raisons sportives», justifiait alors Max Erbel, directeur sportif de Mönchengladbach, arguant que son club était concurrent de Dortmund pour les places européennes. La décision est donc prise de conserver le jeune Dahoud pendant encore au moins un an, d'autant plus que le club a déjà laissé partir son capitaine Granit Xhaka. Cette saison, le Borussia Mönchengladbach réalise un parcours moyen et végète dans le ventre mou de la Bundesliga, ce qui a entraîné le départ d'André Schubert en cours de saison. Le club de Rhénanie enregistre son plus mauvais total de buts à la 31e journée depuis l'exercice 2012/13 et ne devrait pas, sauf miracle, se qualifier pour une compétition européenne.

«Un joueur très talentueux»

Au sein de l'effectif, Dahoud surnage. Le syro-allemand de 21 ans a déjà délivré six passes décisives et possède le meilleur pourcentage de précision dans ses passes (80,9 %) parmi tous les joueurs offensifs après Christoph Kramer (84%). Sa capacité à aérer le jeu et sa précision dans les passes longues, que ce soit du pied droit ou du pied gauche, ont convaincu le Borussia Dortmund de ne pas lâcher le dossier. Alors que Nuri Sahin peine à retrouver le niveau qui était le sien il y a 6 ans, Dahoud apparaît comme son successeur tout désigné. Le transfert, bouclé en mars dernier pour la somme de 12 millions d'euros à un an de la fin du contrat de Dahoud, a réjoui le BVB.

«Mo Dahoud est un joueur très talentueux et nous l'observons très attentivement depuis plusieurs années. Il a déjà prouvé qu'il pouvait jouer au plus haut niveau», annonçait le directeur sportif Michael Zorc à l'annonce de l'accord, qui court jusqu'en 2022. Du côté de Mönchengladbach, si la direction s'est voulue rassurante quant à son remplacement prochain, le nouveau coach Dieter Hecking ne s'est pas privé pour tacler la décision de son joueur. «Je pense qu'il aurait dû rester une année de plus. Partir pour le BVB n'était pas le meilleur choix, il aurait mieux fait de confirmer son potentiel avec nous», avait-il déclaré mercredi dernier au sujet de son milieu de terrain, preuve de l'importance au club de Mahmoud Dahoud, dont Mönchengladbach va probablement se sentir très orphelin.

Antonin Deslandes