marcelo (B.Papon/L'Equipe)

Lyon-PSG : Marcelo, acculé pour mieux sauter

Du 10 décembre et les doigts d'honneur en direction des supporters à sa prestation très aboutie contre la Juventus, il s'en est passé des choses dans la vie de Marcelo. Retour sur la saison d'un joueur redevenu essentiel à la solidité défensive de l'OL.

Il est 23h03 quand le Groupama Stadium explose. Pour la qualification en huitièmes de finale de Ligue des champions obtenue à l'arraché contre Leipzig ? Non. Plutôt à cause d'une banderole "Marcelo dégage" dégainée en virage nord. S'en suit une situation ubuesque. Memphis Depay accourt pour arracher la banderole des mains du supporter, pendant que Marcelo lui adresse des doigts d'honneur au loin. Ambiance.

Voir :
-Les notes de Lyon-Leipzig
-Les images des incidents entre les joueurs de l'OL et les supporters des Gones

Le terrain comme réponse

C'est bien connu, dans le foot, un geste vaut mille mots. Alors, pour régler ce différend avec les supporters lyonnais, Marcelo a préféré se taire et agir sur le terrain. Stratégie payante. De plus en plus en confiance, le lusophone multiplie les bonnes performances pour ensuite retourner parler avec les supporters. Et même après son dialogue avec les fans venus à Bordeaux le 11 janvier dernier, Marcelo a maintenu la cadence. Son niveau reste impeccable. Depuis le match perdu à Paris (2-4, le 9 février), il enchaîne les belles prestations et affiche une note moyenne dans nos colonnes de 5.75 (contre Strasbourg, Metz, la Juventus et Saint-Étienne). Mais au-delà de ses performances, c'est son attitude qui séduit. Il s'est métamorphosé. Sans cesse, il replace ses coéquipiers sur le terrain, donne des consignes, acclame, encourage et vient aider quand un autre Lyonnais est au sol. Le tout avec une sérénité et une confiance remarquable. C'est bien simple, il a presque écœuré Cristiano Ronaldo a lui tout seul la semaine dernière. Ça méritait bien une poignée de main d'un Bad Gone après la victoire.

Lire :
-Les notes de Lyon-Juventus

Si Marcelo a retrouvé le niveau qui faisait de lui le pilier défensif de l'OL à son arrivée il y a deux ans et demi, c'est en partie grâce à Rudi Garcia et Juninho. Alors que le joueur de 32 ans envisageait sérieusement un départ cet hiver - le climat était devenu trop pesant pour ses proches, sa femme étant très (trop) présente sur les réseaux sociaux - Garcia et Juninho ont géré la situation calmement. Nos confrères de L'Equipe rapportent qu'en interne, ils ont avoué à Marcelo placer beaucoup d'espoirs en lui. Il faut croire qu'à l'instar d'un virus qui déstabilise lui aussi l'Italie, cette confiance a été contagieuse.

Un destin inversement proportionnel à Joachim Andersen

Un dernier élément est à prendre en compte dans le retour en forme de Marcelo : la concurrence. L'an passé, en dehors de la charnière qu'il formait avec Denayer, il n'y avait pas grand-monde. "Seulement" Jérémy Morel, Oumar Solet et Mapou Yanga-Mbiwa (respectivement quatorze, trois et zéro matches). Niveau concurrence pour se challenger et conserver un bon niveau de jeu, c'est plutôt maigre. Mais cet été, Joachim Andersen est arrivé. Au départ pour chiper la place de Marcelo - logique quand on coûte 24 millions d'euros - puis finalement pour récupérer la place de Morel sur le banc, donc. Dire que le niveau de jeu du Danois est très décevant est une évidence. Ce qui l'est moins, c'est de constater que son arrivée a obligé le Brésilien à se bouger pour mériter du temps de jeu. Résultat, sous Rudi Garcia, c'est Marcelo qui joue le plus. Il a démarré 12 des 18 rencontres disputées. Et avec onze buts encaissés sur cette période, il relègue le Danois au second plan.
 

Le Brésilien a brillé la semaine dernière face à Cristiano Ronaldo. (B.Papon/L'Equipe)

Une renaissance qui pourrait inspirer un autre Brésilien en perdition à Lyon, Thiago Mendes. Lui aussi affiche un niveau bien en deçà des attentes. Lui aussi a une femme qui dérape sur les réseaux sociaux (vidéo en faisant un doigt d'honneur publiée sur les réseaux sociaux lors de Lyon-Juve). Et lui aussi a vu une recrue boucher son poste en la personne de Bruno Guimaraes. Là par contre, il va sans doute falloir plus qu'une simple banderole outrageante pour le motiver à déloger son compatriote…

Emile Gillet