aouar (houssem) genesio (bruno) (J.Prevost/L'Equipe)

Lyon : Houssem Aouar, victime du système

Indiscutable en début de saison, Houssem Aouar brille désormais par son inconstance. Réglé sur courant alternatif, il semble même avoir laissé sa place de titulaire à Lucas Tousart. Focus.

Dimanche 16 avril 2017. Contre Bastia, à dix-huit ans, Houssem Aouar est titularisé pour la première fois de sa carrière avec l'Olympique Lyonnais, où il a été formé. Le début d'une belle histoire. La saison suivante, il jouait la bagatelle de 44 matches, dont huit en Ligue Europa. Gravissant les échelons à vitesse éclair, jusqu'à pouvoir taper à la porte de l'équipe de France, Houssem Aouar était très attendu cette saison. Associé à Tanguy Ndombele au milieu, il a bien démarré (cinq buts et quatre passes décisives au 10 novembre) avant de stagner et de décevoir.

Houssem Aouar est trop haut par rapport au bloc défensif de son équipe, Tanguy Ndombele est donc seul devant la défense. (Capture d’écran / beIN Sports)

Un changement de dispositif fatal

Si l'on regarde précisément depuis quand Aouar n'est plus aussi performant, on se rend compte que c'est étroitement corrélé avec le changement de système opéré par Bruno Genesio. En début de saison, le technicien lyonnais avait décidé de ne pas changer une recette qui gagnait en conservant son dispositif à quatre défenseurs (4-2-3-1 ou 4-3-3 en fonction des joueurs disponibles). Mais le 7 novembre, pour surprendre Hoffenheim, il passait en 3-5-2. Un dispositif qui a tenu trois mois, et où le Lyonnais n'est clairement pas à l'aise. Dans un système classique, les latéraux jouent plutôt bas, et assurent le repli défensif. Sauf que dans un 3-5-2, les pistons sont beaucoup plus hauts. Si les trois défenseurs centraux sont solides, alors le milieu n'est pas forcément sollicité. Or là, ce n'est pas le cas. Seul Jason Denayer tenait la baraque, Marcelo et Fernando Marçal ayant beaucoup plus de mal. Par conséquent, les milieux de terrain doivent s'occuper des premières tâches défensives pour soulager leur équipe. Et à ce petit jeu-là, Aouar est (très) loin d'être le meilleur. Pour la simple et bonne raison que le poste de prédilection de Ndombele et Aouar, c'est milieu relayeur. Autant le premier se débrouillait en naviguant entre les lignes comme il sait le faire, autant Aouar n'arrivait pas du tout à se placer. Aussi bien en phases offensives (voir ci-dessus), qu'en phases défensives (voir ci-dessous).

Trop haut sur le terrain, Houssem Aouar ne peut aider sa défense à la perte du ballon, et Lyon concède une action dangereuse. (Capture d’écran / beIN SPORTS)

Rendez-vous manqué

Le retour en 4-2-3-1 aurait donc dû lui permettre de retrouver son meilleur niveau. Mais il n'en a rien été. Sur les huit matches qu'il a disputé depuis (toutes compétitions confondues), il déjoue. Avec seulement deux passes décisives au compteur (dont un penalty provoqué), il ne pèse plus énormément dans le jeu lyonnais. Pire, il le plombe par moment. Coupable de plus en plus de déchet technique, il n'est que peu utile à la perte du ballon. L'exemple parfait a été vu à Strasbourg (2-2). Il n'allait pas au marquage d'Adrien Thomasson, pourtant seul devant lui, lors du premier but, et ne redescendait même pas pour tenter de défendre sur le second. Une performance sanctionnée par Genesio qui ne lui faisait pas confiance pour le match retour contre le FC Barcelone. Ironie du sort, Lucas Tousart, qui lui a été préféré, a été loin d'être transcendant en dépit de son but. En plus de ne pas réussir à sécuriser sa défense, il n'assurait pas vraiment la transition vers l'attaque. Finalement, peut-être qu'il manquait un Aouar au milieu lyonnais mercredi dernier. Mais au regard de son niveau actuel, le risque ne valait probablement pas le coup d'être pris. Désormais, le joueur de 20 ans n'est plus indiscutable dans l'entrejeu rhodanien. S'il veut rejoindre un club plus prestigieux cet été, il va devoir sérieusement hausser son niveau de jeu et sa régularité. Avoir la tête ailleurs ne pose pas de problème tant que les pieds font bien leur travail. Pour l'instant, c'est loin d'être le cas. À moins que le système de jeu ne soit la cause principale de cette défaillance...

Emile Gillet