luiz gustavo (R. Martin/L'Equipe)

Luiz Gustavo peut-il encore croire à la Coupe du monde avec le Brésil ?

Malgré sa saison réussie avec l'Olympique de Marseille, Luiz Gustavo n'a pas été retenu par Tite pour les matches de la Seleçao contre la Russie et l'Allemagne. Face à une concurrence féroce, le milieu de terrain a-t-il des raisons d'espérer ?

Le Dick’s Sporting Goods Park et ses 11 000 spectateurs, en périphérie de Denver, il y a mieux quand on rêve de conclure sa carrière internationale en beauté. Alors on comprendrait que Luiz Gustavo soit frustré, près de deux ans après sa 40e et dernière sélection en date avec le Brésil, face au Panama (2-0). Quelques jours plus tard, il avait dû renoncer à disputer la Copa America pour raisons familiales, et n’a donc plus remis les pieds en Seleçao depuis l’arrivée de Tite, le sélectionneur du renouveau. Mi-février, ce dernier a d’ailleurs confirmé que quatre places dans l’entrejeu étaient déjà pourvues pour la Coupe du monde : Casemiro, Fernandinho, Paulinho et Renato Augusto. Et pour le dernier rassemblement avant la liste finale, c’est Fred, le brillant métronome du Chakhtior Donetsk, qui s’est incrusté pour affronter la Russie puis l’Allemagne.

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«Je crois sincèrement que ce sera difficile de revenir, admettait Luiz Gustavo il y a quelques jours devant les médias. Je connais bien l'entraîneur, c'est quelqu'un de très qualifié. Il y a de très bons joueurs à mon poste. Je vais continuer à travailler, je joue pour être heureux. Si je reviens, ce sera très bien, sinon je continuerai à faire mon petit bout de chemin…» «À Wolfsburg, je n'avais pas l'impression que c'était un grand objectif pour lui, concède son ancien coach Valérien Ismaël. Il recherchait surtout un nouveau challenge en club, qui allait lui faire retrouver le plaisir de jouer, parce qu'il l'avait un peu perdu en Allemagne.» À Marseille, il a trouvé ce qu’il cherchait. Mais par rapport à ses concurrents en sélection, Renato Augusto (Beijing Guoan) mis à part, l’ancien joueur d’Hoffenheim ou du Bayern Munich possède un désavantage évident : il ne dispute pas la Ligue des champions.

Le fait de ne plus se frotter au plus haut niveau européen est-il un frein déterminant dans l’esprit de Tite ? Possible, car en ce qui concerne ses chiffres en Championnat cette saison, Luiz Gustavo n’a pas spécialement à rougir. Sa principale faiblesse, évidemment, est d’évoluer au même poste que Fernandinho et Casemiro, qui jouent respectivement à Manchester City et au Real Madrid. Pourtant, selon Valérien Ismaël, l’idole du Vélodrome ne ferait pas tache : «C'est un leader, un joueur exemplaire et un homme d'expérience qui joue un rôle important à Marseille. Il a réussi son défi, et sur ses qualités sportives et humaines, il a pour moi sa place en Seleçao. S'il était sélectionné demain, tout le monde trouverait ça normal. Et je suis certain que le sélectionneur a son nom en tête. Il est en stand-by, prêt à monter dans le wagon au dernier moment.»

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«S'il était sélectionné demain, tout le monde trouverait ça normal»

Si Luiz Gustavo présente aussi l’inconvénient d’incarner (comme d’autres) la catastrophe de la demi-finale mondiale il y a quatre ans, Tite est certainement attentif à ses performances. Car niveau expérience, il n’a rien à envier à ses compatriotes. «Pour un entraîneur, c'est un relais exceptionnel, un vrai bras droit, confirme Ismaël. Tu lui expliques une fois ce que tu veux tactiquement, il comprend tout de suite et il transmet les consignes sur le terrain. On sent son vécu et ça aide aussi les jeunes à apprendre leur métier. Il a une autorité naturelle, les pieds sur terre, et puis il montre l'exemple. Quand il prend la parole, tout le monde l'écoute. Ses mots ont un poids.» Y compris quand il déclare au Parisien-Aujourd’hui en France, en décembre dernier au sujet de son éventuel retour en Seleçao : «Je suis assez serein par rapport à ça. Vous savez, j'ai pratiquement réalisé tout ce que je voulais faire dans le football…» Une pointe de fatalisme. De renoncement ? Ça ne ressemble pas vraiment au personnage.

Cédric Chapuis