tousart (lucas) (R.Martin/L'Equipe)

Lucas Tousart, la volte-face de Sylvinho et Juninho

Ses deux premiers matches avaient été de bonne facture, le dernier beaucoup moins. Bousculé par les propos de Juninho lors de son intronisation, Lucas Tousart se défend avec panache contre vents et marées. Et avec mérite.

L'histoire avait plutôt mal débuté, très mal débuté même. Un crochet du droit de Juninho, tout fraichement installé au poste de directeur sportif, et voilà que Lucas Tousart semblait d'ores et déjà dans les cordes, prêt à poser son postérieur sur le banc de touche de l'OL pour une longue durée. «On a besoin d'un autre profil devant la défense. [...] Quelqu'un de fin techniquement, qui aime le ballon et qui fasse jouer son équipe, un patron. Lucas Tousart a un profil plus physique». Les mots étaient donc lâchés ; le milieu de terrain, lui, tentant de ne pas perdre la face, s'efforçait tant bien que mal de calmer le jeu. «C'est encore un peu le flou, il y a eu certaines déclarations, c'est le foot, c'est comme ça. Des choses se sont passées et on verra bien l'année prochaine», arguait timidement l'intéressé, alors absorbé par la préparation de l'Euro Espoirs avec les Bleuets, dont il était le tout nouveau capitaine suite au forfait surprise d'Abdou Diallo.

Et plutôt que de se dérober, ou même crier à l'injustice en revenant sur les terrains d'entraînement à Décines, l'ancien Valenciennois s'est tu. Travaillant d'arrache-pied, au moment, pourtant, où Jean Lucas et Thiago Mendes posaient leurs valises chez les Gones. Entre-temps, le dirigeant brésilien revenait sur sa parole et changeait son fusil d'épaule. «Je me suis mal exprimé le premier jour. Lucas Tousart a un profil très intéressant. Il est très respecté dans le groupe, avec un vrai talent. On compte sur lui». Tandis que la rentrée des classes approchait à grand pas, la préparation estivale lyonnaise était somme toute laborieuse. Lucas Tousart, de son côté, se contentait de quelques entrées en jeu ici et là, devant Arsenal et Liverpool notamment. Et le bonhomme éprouvait alors quelques peines pour briller, comme son équipe au demeurant. Difficile alors de croire que l'OL comptait réellement sur lui ... Mais il aura fallu d'un petit match pour inverser la tendance. Aligné d'entrée de jeu face à Monaco, sur le pré du stade Louis-II lors de la grande reprise, Lucas Tousart se signalait par une activité incessante, mais aussi quelques jolies séquences balle au pied. Et pour embellir cette solide performance, le Français parachevait le succès des siens d'une frappe puissante à ras de terre. En conférence de presse d'après-match, Sylvinho envoyait alors quelques éloges à l'endroit de son poulain, pas mécontent de cette «trouvaille». «Il a été bon contre Monaco, dans la lecture du jeu et en marquant ce but aussi». L'idylle pouvait alors reprendre de plus belle.

«Il a été bon contre Monaco, dans la lecture du jeu et en marquant ce but aussi» (Sylvinho)

Justesse et dynamisme

S'il s'inscrivait, malgré lui, dans la prudence lyonnaise, Lucas Tousart étalait tout de même son volume athlétique face à d'inoffensifs Asémistes. Trois tacles, quatre-vingt ballons touchés, quelques interceptions et un pion donc, ci-contre, en vrac, la production du lascar. Une première remarquée, tout en sobriété. Et prouvant qu'il était bien en jambes en ce début d'exercice, le natif d'Arras répétait une nouvelle fois sa partition avec sérieux et sérénité contre Angers, dans ce qui avait été une vaste promenade de santé pour les troupes rhodaniennes (6-0). Pas de but cette fois, mais quelques courses verticales tranchantes pour casser les bien pâles transitions adverses. Sans oublier un jeu long précis, bien qu'aidé par l'attentisme angevin.

Les louanges, elles, fusaient tout logiquement. Et l'agent du joueur, jugeant le moment propice, se décidait à remettre les choses au clair en ce qui touche ce petit remue-ménage, déjà bien loin, au début des beaux jours. «Après un été où tous les joueurs cités étaient présentés comme des remplaçants de Lucas (Tousart), on voulait avoir le ressenti du coach, être fixés. Il nous a dit qu'il comptait sur lui et qu'il serait titulaire à Monaco. En fait, Lucas a repris plus tard, à cause de l'Euro Espoirs, et je crois que Sylvinho le connaissait mal», assurait-il dans les colonnes du journal L'Equipe. Plus facile en même temps de bavarder après deux prestations emballantes, mais le plus difficile pour Lucas Tousart reste encore à venir.

Faire taire les critiques

Le plus dur désormais ? Confirmer, bien sûr. Mais mardi dernier, contre Montpellier, largement capable de tenir la dragée haute aux écuries aguerries, le milieu de terrain n'a pas répété ses faits d'armes. La pression héraultaise le mettant souvent dans l'embarras, comme l'ensemble de ses partenaires finalement. Un petit accroc qui rappelle ses difficultés lorsque les espaces se réduisent au moment d'orienter et lorsque le temps pour réfléchir fond beaucoup plus rapidement. Inquiétant ? Peut-être pas puisque dans son genre, Lucas Tousart a fait ses preuves, en toute frugalité.

Mais pour s'accrocher au onze, le jeune homme devra développer certaines facettes de son jeu. Lui, après la défaite en milieu de semaine, préfère ne pas tirer de conclusion hâtive. «Il ne faut pas s'alarmer, ni se monter la tête après les deux premiers matches. Ce n'est que le début du Championnat». Le garçon n'a pas totalement tort, bien évidemment. Mais pour faire taire les critiques de manière définitive, il devra se remettre les idées en place au plus vite. Au risque, sinon, de se faire chatouiller encore et encore par les supporters lyonnais et ses patrons. Première réponse ce samedi, face à Bordeaux.

Mehdi Arhab