badiashile (loic) (J.Prevost/L'Equipe)

Loïc Badiashile : «Rennes, un pari sur l'avenir»

Le 31 janvier, à la surprise quasi générale, Loïc Badiashile a été envoyé de Monaco à Rennes en prêt avec une option d'achat. S'il n'a pas joué avec les Bretons, le portier aura vécu une demi-saison à sensation avec le Stade Rennais. Pour FF, il fait le point.

«Loïc, quasiment quatre mois après votre arrivée à Rennes en prêt, comment se passe votre aventure bretonne ?
Ça se passe très bien. On m’a très bien accueilli, je me sens comme chez moi. Je suis très proche de James Léa Siliki, Hamari Traoré, Mbaye Niang et Jordy Siebatcheu. Ce sont les premiers qui m’ont intégré. On rigole beaucoup.

Vous attendiez-vous à avoir, quand même, un petit peu de temps de jeu (NDLR : Il n’est jamais apparu) ?
Je l’ai déjà expliqué : ce choix est surtout un pari sur l’avenir. Et pas forcément que sur la demi-saison effectuée ici.

Ce n’était donc pas une surprise de ne pas avoir de temps de jeu...
Bien sûr, on s’imagine toujours un peu changer les choses et essayer de prendre une place. Mais, non, ce n’est pas réellement une surprise.

Vous avez donc quitté Monaco pour Rennes en janvier. Ce départ était-il attendu dans votre esprit ?
Non, ce n’était vraiment pas prévu. Mais, en football, on ne sait jamais... Le changement de coach a fait que. Tout le monde le sait. J’ai commencé à jouer un peu plus avec Thierry Henry. Dès qu’il y a eu le retour de Jardim, j’ai discuté avec lui et on a compris que c’était peut-être mieux que j’aille voir ailleurs.

Qu’avez-vous retenu de votre collaboration avec Thierry Henry ?
Honnêtement, cela s’est très bien passé avec lui, je n’ai eu aucun problème, au contraire. C’est un entraîneur que j’apprécie énormément et j’espère qu’il va le plus rapidement possible retrouver un club. C’est un des coaches qui m’a donné le plus de confiance. Quand c’était mon tour de jouer, il n’a pas paniqué, il m’a simplement dit : "Fais ce que tu as à faire, comme à l’entraînement, j’ai confiance". À partir de là, on ne peut qu’être bon.

Son renvoi vous a-t-il affecté ?
Oui. C’était quelqu’un que j’appréciais énormément. C’est dommage qu’il soit parti comme ça, surtout de cette manière là. C’est comme ça, c’était le choix du club qui pensait que c’était la meilleure solution.

À vous entendre, ce n’était ensuite pas possible avec Leonardo Jardim...
Non, ce n’est pas que ce n’était pas possible. J’entends beaucoup de choses sur le fait que je ne m’entends pas bien avec lui ou qu’il ne m’aime pas... Pas du tout. On a discuté et on pensait que le mieux pour moi serait d’aller voir ailleurs.

Cela vous a-t-il fait un petit pincement au coeur de quitter un club que vous aviez rejoint à 15 ans ?
Bien sûr, c’est normal, c’est mon club formateur.

«Henry est un des coaches qui m'a donné le plus de confiance. Quand c'était mon tour de jouer, il n'a pas paniqué»

Vous avez aussi quitté votre petit frère, Benoît. Comment l’avez-vous senti pendant cette saison compliquée à Monaco ?
Cela a été compliqué sur le plan collectif. Sur le plan personnel, pour mon petit frère, c’est une saison exceptionnelle. On ne s’attendait pas à ce qu’il monte aussi rapidement. Je le connais, je savais très bien qu’il avait les qualités pour jouer très tôt en professionnel. Après, faire autant de matches (NDLR : dix-neuf en Championnat cette saison, avec quatre rencontres de Coupes nationales et deux de Ligue des champions), on ne s’y attendait pas tout de suite. C’est une bonne chose pour lui, j’espère surtout que Monaco va se maintenir et ça ira. Je suis toujours là pour lui, ça c’est sur.

En Bretagne, comment se passe votre collaboration avec Tomas Koubek et Abdoulaye Diallo ?
Très bien. J’essaie d’apprendre d’eux, de progresser au quotidien et de prendre chaque bonne chose de chaque gardien.

Même si vous n’avez pas joué, vous avez vécu des sensations collectives assez fortes...
C’est sûr, cela a été une année exceptionnelle pour le Stade Rennais. J’ai eu de la chance de faire partie de l’aventure. J’en suis très content.

Racontez-nous votre soirée de la finale de la Coupe de France...
(Il sourit.) C’était la joie, bien sûr. Quelque chose d’exceptionnel. Ce n’est pas tous les jours qu’on gagne des titres, il faut en profiter, c’est ce qu’on a fait. Ça faisait longtemps pour le club. Mais que ce soit le coach ou le groupe, tout le monde a très bien travaillé. Je pense que c’est mérité.

Dans cette envie d’apprendre, quel gardien est une source d’inspiration pour vous ?
Ter Stegen est le gardien que j’admire le plus. J’admire tout ce qu’il fait, son jeu au pied, sa manière d’être dans le but. Je suis quelqu’un qui aime bien jouer. On est avant tout des joueurs. Les gardiens, on sait aussi jouer avec les pieds. C’est ça que j’aime chez lui : tout le monde sait qu’il peut jouer normalement avec les pieds. C’est surtout ça qui m’a plu, mais aussi, bien sûr, ses arrêts exceptionnels où il ne bouge pas, il est toujours sur ses appuis, il ne se jette jamais. Ce sont des choses que j’essaie d’apprendre, d’analyser et de mettre en place aussi pour tenter d’aller le plus haut possible. Le jeu au pied, dans le football moderne, est devenu quelque chose d’important. C’est ce que j’aime aussi, j’aime jouer.

Loïc Badiashile en joueur de champ, ça pourrait le faire ?
(Il sourit.) Je ne sais pas si j’ai les qualités pour... Mais Loïc Badiashile au but avec les pieds, ça va très bien.

Que peut-on vous souhaiter pour la saison prochaine ?
Gagner des titres, c’est le plus important !»

Julien Stéphan fait beaucoup parler avec cette belle saison rennaise. Comment auriez-vous envie de nous le décrire ?
C’est quelqu’un de très gentil, un coach qui parle beaucoup avec les joueurs et qui est à l’écoute. Je pense qu’il va faire des grandes choses.

Vous avez 21 ans. L’heure est peut-être venue d’engranger du temps de jeu et de s’installer. Est-ce votre objectif pour la saison prochaine ?
Oui, on va voir. Mon avenir n’est pas encore décidé. Je vais devoir prendre des décisions, voir avec le Stade Rennais, voir avec Monaco comment on fait.

Quand vous dites : "Je vais devoir prendre des décisions", est-ce vraiment vous qui décidez ?
On décide tous, personne n’est forcé à rien. Il faut se mettre d’accord sur certaines choses. J’ai envie de jouer, mais j’ai surtout envie de progresser au quotidien. Si c’est au Stade Rennais que je dois le faire, ce sera au Stade Rennais. Comme j’ai dit, pour le moment, ce n’est pas encore sûr et je ne sais pas du tout ce que je vais faire.

Sur quels domaines en particulier auriez-vous envie de vite vous améliorer ?
Tout ! J’ai tout à améliorer. J’ai 21 ans, ce n’est pas vieux, ni jeune, mais j’ai énormément de choses à travailler. C’est pour ça que je suis venu à Rennes pour progresser aux côtés des gardiens et des entraîneurs qui sont là et prendre le plus d’expérience possible.

«J'admire tout ce que fait Ter Stegen, son jeu au pied, sa manière d'être dans le but»

Timothé Crépin