lopez (gerard) (L.Argueyrolles/L'Equipe)

Lille, à qui la faute ?

Entre les menaces de la DNCG, les sanctions de la LFP, la fracture avec les supporters et le risque de relégation, le LOSC traverse une saison cauchemardesque. Qui est vraiment responsable ? FF a posé la question à huit anciens ou proches du club. En voici deux.

Michel Seydoux, ancien président du LOSC (2002-2016)

«Bielsa a mis le club dans un pétrin sans nom»
«Le responsable des contre-performances, ce n’est pas M. Lopez, c’est M. Bielsa. Si on ne remet pas l’église au milieu du village, on ne comprendra pas la situation et on ne trouvera pas la solution. Les contre-performances sportives qui s’accumulent les unes après les autres viennent du choix de laisser carte blanche à M. Bielsa, que tout le monde considérait comme audacieux, ambitieux et formidable. Il a mis le club dans un pétrin sans nom. Gérard Lopez a investi beaucoup en fonction de ce que voulait M. Bielsa. Le recrutement, les joueurs écartés, le loft, les erreurs stratégiques, c’est tout ce qui amène à la situation actuelle, à cette calamité. Seul Lopez peut sauver le club aujourd’hui, car c’est lui qui est au pilotage. Il faut l’union sacrée derrière les gens qu’il a mis en place. Il y a encore beaucoup de monde dans le stade, malgré les mauvais résultats. Il règne un engouement populaire. Les événements récents montrent que le club n’est pas amorphe, atone. Il y a encore une âme. Il faut se remettre du raz de marée Bielsa. Pour moi, c’est une vraie erreur de casting. Là-dessus, Gérard Lopez a sa part de responsabilités, il le reconnaît d’ailleurs. Il a fait confiance, le projet avait du sens. Aujourd’hui, c’est plus facile de dire que c’est la faute du président. Il n’y a pas de problèmes financiers ! C’est un problème d’incompréhension. Il y a des montages financiers que le système français ne connaît pas bien. Là aussi, il y a eu des petites erreurs de jeunesse dans le management. Mais je ne suis pas du tout inquiet. Le club n’est pas foutu. S’il l’était, je le dirais. Il a les moyens de s’en sortir, car il y a des joueurs de qualité. Mais il ne faut pas que tous les éléments se retournent contre le club. Parce que, là, ce serait la théorie du chaos.»

Florent Balmont, ancien joueur du LOSC (2008-2016), aujourd'hui à Dijon

«Quand tu reçois un texto qui t’interdit de vestiaire...»
«Je suis vraiment triste de voir le club dans cette situation. Mais comment a-t-on pu tout effacer d’un coup à Lille ? Comment a-t-on pu aussi peu respecter les anciens ? C’est la faute aux Campos, aux Bielsa d’avoir négligé tout ce qui avait été fait. Débarquer, écarter tous les cadres pour ne repartir qu’avec des jeunes, c’est forcément dangereux. Et ça ne ressemble pas du tout à ce club. Les gens du Nord ont besoin de dialogue, de proximité pour parler et échanger avec leurs joueurs. On ne peut pas demander ça à des jeunes, la plupart étrangers, qui découvrent le Championnat. À notre époque, quand on sentait que la situation devenait un peu chaude, on allait rencontrer, parler, discuter avec les supporters. Là, plus personne n’est là pour le faire. Il n’y a plus aucun cadre. Ils ont tous été écartés d’une manière inacceptable. Des amis à moi ont reçu des textos en début de saison du genre : "Tu ne reprends pas l’entraînement. Tu es interdit de vestiaire et de parking". Franchement... Ce n’est pas possible. Le retour de bâton était inévitable. On ne peut pas effacer le passé d’un club tout d’un coup, comme ça. Les dirigeants ont donné les clés à Bielsa, il a voulu chambouler l’effectif, débarquer avec ses joueurs et imposer ses idées. Je savais que ce serait dangereux. Je suis triste, mais malheureusement pas surpris.»

Olivier Bossard

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