Thibault Moulin (M.Kostrzewa/Legia.com)

Ligue des champions : Thibault Moulin (Legia Varsovie) : «Retrouver Raphaël Varane (Real Madrid), ça me fera plaisir»

En clin d'oeil à l'un de ses meilleurs amis qui habite Paris, Thibault Moulin a choisi de porter le numéro 75 dans son nouveau club, le Legia Varsovie. Et c'est bien avec l'équipe polonaise que le milieu de terrain de 25 ans, passé par Caen, Clermont et même les Espoirs tricolores, va découvrir la Ligue des champions mercredi. «On sait qu'il peut y avoir des surprises donc, pourquoi pas nous ?». (Photo M.Kostrzewa/Legia.com)

«Thibault, vous allez découvrir la phase finale de la Ligue des champions, ce mercredi, face au Borussia Dortmund. Qu’est-ce que le garçon de Flers se dit…
Je suis conscient du chemin parcouru. J’ai eu un parcours un peu avec des hauts, un peu avec des bas, mais j’ai toujours su relever la tête. Je suis très content d’en être où je suis arrivé aujourd’hui. Quand j’étais à Clermont, personnellement, ce sont des choses auxquelles je ne pensais même pas ! Je pensais vraiment à autre chose que de pouvoir un jour participer à cette compétition. Du coup, je me dis que j’ai fait le bon choix en partant de France pour signer en Belgique, où j’ai réalisé une belle saison. Pour moi, la Belgique a été un énorme tremplin dans ma carrière, c’est évident.

La célèbre musique de la Ligue des champions vous fait-elle vibrer ?
Elle me faisait rêver quand j’étais enfant. Je suis impatient de pouvoir l’entendre. Ça va être un rêve qui va se réaliser. Après, j’ai déjà eu un avant-goût avec les barrages, où il y avait déjà eu un protocole similaire.

«J'avais pratiquement trouvé un accord avec Bruges...»

Vous êtes arrivé au Legia Varsovie cet été. Comment vous êtes-vous retrouvé en Pologne ?
En fait, ce n’était pas prévu que je vienne ici. Je devais rester en Belgique. Mais il y a eu des soucis par rapport à mon transfert avec mon club. Le FC Bruges était très intéressé. J’avais pratiquement trouvé un accord avec lui et j’aurais dû découvrir aussi la Ligue des champions. Mais malgré plusieurs rendez-vous, les deux clubs n’ont pas réussi à en trouver un. On n’a pas trouvé de solutions et ça a commencé à capoter. Le Legia est arrivé et je savais que le club faisait les tours préliminaires de la C1. Du coup, je m’y suis engagé. Ça s’est fait très rapidement. C’était comme un pari car on n’était pas sûr de participer à la Ligue des champions ! Mais aujourd’hui, je suis content d’avoir pris ce risque.

Qu’est-ce que vous connaissiez de la Pologne avant d’arriver ici ?
Quand je suis venu passer ma visite médicale, c’était la première fois que je posais un pied sur le territoire polonais. Mais, pour l’anecdote, la saison dernière, j’étais allé voir un match de Ligue Europa à Bruges. Et il s’avère que c’était contre le Legia Varsovie. Un pur hasard car j’étais invité. Quand j’y repense, c’était une belle équipe, assez physique. Ici, c’est le meilleur club en Pologne donc, du coup, tu as un statut à défendre tous les week-ends tu dois jouer pour gagner. C’est très intéressant.

Quelles différences avez-vous pu constater en arrivant ici ?
Les installations, c’est vraiment du haut niveau par rapport à ce que j’ai pu connaître. Et les supporters sont magnifiques ! Je pense que vous allez le voir mercredi à la télévision ! Pour moi, sinon, c’est la même chose que ce que j’ai connu en Belgique, car on a aussi un staff qui arrive de Belgique aussi. Il n’y a pas de changement particulier. Pour la nourriture, on mange la même chose. Même les jours de match, le programme est identique.

Thibault Moulin arbore le numéro 75 au Legia. (J.Prondzynski/Legia.com)

Est-ce que dans la rue, vous êtes reconnu régulièrement ?
On est reconnu pour faire deux, trois photos en centre-ville. Mais les gens nous laissent généralement assez tranquilles, un petit regard, un petit sourire. Mais je suis plus reconnu que dans mes anciens clubs. Après, je suis encore loin de Ronaldo à Madrid (rires).

Comment se déroule la communication au sein du club ?
C’est de l’anglais, car je ne parle pas polonais, du coup (rires). On communique en anglais entre joueurs et le personnel du club. Mais avec le staff, j’arrive à communiquer en français. Sinon, ce n’est que de l’anglais, ça me permet d’apprendre de nouvelles choses.

A l’approche de votre entrée en lice en Ligue des champions, sentez-vous une pression particulière en ville avec plus de supporters à l’entraînement par exemple ?
Il ne faut pas qu’on brûle les étapes. On a un match aussi important ce week-end en Championnat (défaite 2-1 face à Bruk-Bet Termalica Nieciecza, ndlr) car on n’est pas très bien classé (interview réalisée jeudi dernier, ndlr). Le plus important, c’est ce match de Championnat et après, on aura l’envie de commencer la Ligue des champions. Le Championnat est très important pour nous. L’excitation va venir petit à petit. Il n’y a pas forcément plus de monde à l’entraînement ces derniers jours car les séances sont fermées au public je crois. On est caché de tout (rires). Notre centre d’entraînement est juste derrière le stade. On a un terrain, mais tout est fermé, tout est surveillé. On est tranquille pour travailler.

«Dans la rue, je suis plus reconnu que dans mes anciens clubs. Mais je suis encore loin de Ronaldo à Madrid !»

Et vos proches, comment ont-ils réagi ?
Des amis me demandent des maillots, mais ils savent très bien que la famille est prioritaire. Mais t’en as toujours qui te disent qu’il faut prendre le maillot de Ronaldo. C’est normal. Pour les places aussi, il y a pas mal de demandes aussi, donc il y a pas mal de tickets que j’ai pris pour la famille, les amis. Je suis content, je vais voir tout le monde.

Certes, vous allez voir vos proches, mais vous allez peut-être également recroisé un certain Raphaël Varane…
Je compte deux sélections en Espoirs mais j’avais participé également à d’autres stages où je n’avais pas joué. Et c’est parmi un de ceux-là que j’avais pu côtoyer Griezmann et Varane. Raphaël ? On communiquait ensemble pendant le rassemblement donc je me rappelle très, très bien de lui. C’est un plaisir de le retrouver maintenant. Si je peux discuter un peu avec lui, ça me fera plaisir. J’ai aussi un ami à moi qui joue à Dortmund, Raphaël Guerreiro. On a été formé ensemble à Caen. Je suis très heureux de pouvoir le retrouver aussi. Si leurs maillots sont réservés ? On va voir si on peut en récupérer (rires), mais ce n’est pas le plus important.

Cette participation en C1 sera également l’occasion de beaux voyages et de découvertes de sacrés stades !
Santiago Bernabeu, je n’y suis jamais allé. Je ne sais pas du tout à quoi il ressemble même si je l’ai déjà vu à la télé. Je ne sais pas à quoi m’attendre. Ce sera une découverte. Pareil pour Dortmund, où je suis impatient d’aller car tout le monde m’a dit que c’était le meilleur public d’Europe. De toute façon, tous les stades sont bons à découvrir parce qu’il y aura des cultures différentes, en Espagne, en Allemagne et au Portugal.

«Maintenant, ils nous disent qu'ils nous verront à la télé»

Que faisiez-vous lors du tirage au sort, au moment où le Real Madrid, le Borussia Dortmund et le Sporting Portugal sont sortis pour vous ?
Nous, les joueurs, on n’était pas tous ensemble car le tirage était le soir et on n’a entraînement que le matin. On s’est envoyé deux-trois messages avec des joueurs car on était content. C’est un groupe avec de belles équipes, de bons moments à vivre. On était heureux. Par contre, au tirage au sort lors des barrages, on était tous ensemble et on étais tous ravis d’avoir tirer Dundalk. C’était le meilleur tirage pour nous.

L’autre Français du club, Steeven Langil, arrivé cet été aussi, vous a-t-il déjà parlé de son expérience en Ligue des champions, qu’il avait découvert avec Auxerre ?
Il nous a parlé de ces moments-là du coup. Il nous a dit comment il avait vécu la compétition. Pour lui, ça reste des choses qu’il ne pourra jamais oublier. Il nous a dit de profiter de cette expérience et que ça ne peut que nous aider pour notre futur, pour notre carrière. Il nous a dit de profiter de l’instant présent, de ne pas penser à après. Il ne faut pas vivre avant ou après, mais pendant.

Y a-t-il d’anciens coéquipiers qui vous ont félicité ou appelé pour parler de tout ça ?
J’ai pas mal de joueurs qui m’ont envoyé des messages, notamment dans mon ancien club en Belgique (Waasland-Beveren) car, on se faisait souvent des soirées Ligue des champions entre nous. Maintenant, ils nous disent (à Steeven et moi) qu’ils nous verront à la télé. Ça fait plaisir. Ils sont heureux pour nous.

«J'avais pu côtoyer Antoine Griezmann et Raphaël Varane en Espoirs»

On sait que l’arbitrage en Ligue des champions est généralement assez strict. Vous qui avez parfois l’habitude de prendre des cartons jaunes, allez-vous faire plus attention ?
Mon jeu est basé sur l’agressivité, donc malheureusement, je ne changerai pas. C’est mon jeu qui est comme ça. Je ne fais pas attention à tout ça. Je jouerai comme je sais le faire. Il n’y aura pas de calculs dans ma tête.

Pour terminer sur une note humoristique, il y a un autre domaine où vous ne calculez pas souvent, c’est au karting… Est-ce que vos coéquipiers polonais sont déjà au courant de vos prédispositions dans ce sport ?
Oui, oui, mes coéquipiers sont au courant mais il faut découvrir tout ça sur la piste. Il y en a des fous ici, et certains sont plus fous que moi, donc c’est possible qu’ils puissent me battre. Après, je n’ai pas encore pu découvrir de pistes car on joue tous les trois jours et qu’on a entraînement tous les jours. On fait plus place à la récupération qu’à la découverte.»

«Nos supporters sont bouillants»

En ce qui concerne l’ambiance dans les stades, vos supporters du Legia Varsovie ne sont pas en reste pourtant…
Ici, ils sont bouillants. Ils poussent tout le match. Ils te donnent quelque chose et du coup, tu as envie de leur rendre. Le match retour (face à Dundalk), ils nous ont poussé tout le match même s’ils n’étaient pas forcément très contents de notre prestation. Ils étaient quand même à 100% derrière nous, ça chantait. Ce sont de vrais supporters, et quand ils ne sont pas contents, ils savent aussi le dire. C’est un atout qu’on a dans ce stade même si les résultats ne sont pas encore forcément positifs à domicile, mais ça ne peut que le devenir. J’espère que ce sera l’enfer pour les clubs qui vont venir jouer là. Les supporters, on va les entendre, c’est certain.

Pour le club, c’est également un beau clin d’œil car il retourne en Ligue des champions l’année de son centenaire (1916-2016)…
C’est magnifique pour le club et pour les fans surtout, car ça faisait, je crois, 21 ans, qu’ils n’avaient pas connu la C1. On a fait quelque chose de bien mais, maintenant, il faut continuer dans cette direction. On veut gagner des matches, bien jouer, on ne veut pas perdre. Si on participe à cette compétition pour faire de la figuration, pour moi, ça ne sert à rien. On y va pour faire quelque chose. On sait qu’il peut y avoir des surprises donc, pourquoi pas nous ?

«Mes coéquipiers sont au courant pour le karting...»

Propos recueillis par Tanguy Le Seviller