Moussa Marega of FC Porto during the UEFA Champions League group D match between Galatasaray AS and FC Porto at Ali Sami Yen Spor Kompleksi on December 11, 2018 in Istanbul, Turkey. (Gerrit van Keulen/VI IMAGES/PR/PRESSE SPORTS)

Ligue des champions : Moussa Marega, l'envol du Dragon

S'il n'affiche pas le même rendement que la saison passée dans le Championnat portugais, Moussa Marega a déjà scoré six fois en sept matches de Ligue des champions. Endurci par ses expériences passées au niveau amateur, le buteur, originaire des Aunettes à Evry, s'affirme aux yeux de l'Europe sous le maillot portista.

Au départ, il y a le modeste stade de l’Idonnière, situé au coeur de la Vendée, au Poiré-sur-Vie, où il plante dans l’anonymat, en 2012, cinq petits buts en National. Sept ans plus tard, ce sont les filets de l’incandescent Estádio do Dragão de Porto que Moussa Marega fait trembler. Et les supporters portistas avec. Comme à la 52e minute du huitième de finale retour de Ligue des champions face à la Roma (3-1), où, à bout portant, il reprend victorieusement un ballon aérien du plat du pied droit. Un but qui rappelle celui de son joueur favori, Thierry Henry, face au Brésil en 2006. «Il était ma première grande idole. J’ai toujours rêvé de marquer autant de buts que lui», confiait, au site de l’UEFA, le joueur né aux Ulis, tout comme le meilleur buteur de l’histoire de l'équipe de France.

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Avant d’aborder le quart de finale à Liverpool, l’attaquant de 27 ans a déjà marqué six buts cette saison en C1, ce qui le place juste derrière les machines Robert Lewandowski et Lionel Messi (8 chacun). Si en Liga NOS, Moussa Marega n’arrive pas à se montrer aussi efficace que la saison passée (8 buts pour le moment contre 21), ses performances dans la plus difficile des compétitions impressionnent en Europe. D’autant que le parcours de l'Évryen était loin d’être une évidence, lui qui n’a jamais évolué dans un centre de formation.

«Aucun club professionnel ne l'avait remarqué»

Ce sont dans les catégories jeunes de l’Essonne, notamment en U19 DHR à l’AS Evry et sous les conseils de Fouad Mabrouk, habitant, comme lui, du quartier des Aunettes, que Moussa Marega s’est distingué. «Aucun club professionnel, aucune détection départementale ne l’avait remarqué. Il entraînait avec moi les débutants du club pour se faire un peu de sous, se souvient son entraîneur de l’époque. C’était déjà un battant sur le terrain, tranchant dans ses appels et adroit devant le but. Je l’ai rapidement proposé aux seniors en DH.» Pour son premier match, il inscrit un doublé. Puis tout s'enchaine. Issy les Moulineaux en CFA2, le Poiré-sur-Vie et Amiens en National.

Olivier Echouafni était alors son coach dans la Somme, lors de sa première saison dans un club au statut professionnel, en 2013. Du phénomène malien, l’actuel entraîneur de l’équipe féminine du PSG retient surtout sa «générosité» : «Il n’avait connu que le monde amateur. Il a appris les exigences du professionnalisme pendant la saison. Sur le terrain, c’est un attaquant puissant et combattant qui sait prendre la profondeur. Par manque de lucidité, il était parfois maladroit et rustre techniquement, mais on ne pouvait rien lui reprocher.» Après deux bonnes saisons et quatorze buts en troisième division, les clubs de Ligue 2 s’affolent. Mais Moussa Marega choisi de s’envoler pour l’Afrique du Nord où il s’engage avec l’ES Tunis pour trois ans. Il n’y jouera aucun match, forcé de rester sur la touche après une blessure aux ligaments croisés. Puis, le rêve d’une carrière à l’étranger tourne au cauchemar suite à la rupture de son contrat. Le doute s’installe. Il a alors 24 ans.

De la sauce Madère au bon vieux Porto

Libre, Moussa Marega rebondit l’hiver suivant au Club Sport Maritimo, le club de l’île de Madère, en janvier 2015. Une nouvelle chance à l’étranger, qui plus est dans un Championnat compétitif, que le Francilien exploite pleinement. Durant une saison et demie, l'actuel capitaine de la sélection malienne inscrit quinze buts en vingt-quatre matches. Assez pour convaincre le FC Porto de miser sur lui en 2015. Quatre saisons et un prêt gagnant au Vitoria Guimaraes plus tard, l’ancien Amiénois a redoublé d’efficacité et s’est imposé logiquement sur le front de l’attaque des Dragões, sous la houlette de Sergio Conceicao. «Il a tout misé sur moi et c'est grâce à lui que j'ai réussi la meilleure saison de ma carrière, reconnaissait Moussa Marega sur le site de l’UEFA, début mars. Je lui en suis très reconnaissant. Il sait me diriger, comment tirer le meilleur de moi-même sur le terrain. C'est réellement un grand entraîneur.»

Impressionné par la progression de son ancien joueur, Olivier Echouafni avoue : «En toute honnêteté, si on m’avait dit que Moussa Marega serait l’attaquant du FC Porto, je n’y aurais jamais cru. Pour un avant-centre qui vient du monde amateur, il est bluffant.» Et l’ancien milieu de terrain de l’OGC Nice n’est pas le seul à s'extasier devant les performances du Portuan. Pour Fouad Mabrouk, ses prouesses dépassent les espoirs qu’il avait placés en son poulain. «Moi, je pensais juste qu’il aurait le niveau Ligue 2, mais tout le monde me rigolait au nez. Aujourd’hui, aux Aunettes, on est très fiers que ce que Moussa accomplit.» Reste maintenant à suivre le chemin tracé par l’exemple Thierry Henry... Moussa Marega ne bouderait probablement pas un tel destin.

Augustin Audouin