FootballChampions LeaguePSG-RSC Anderlecht le 31 Octobre 2017 au Parc des Princes a ParisNeymar *** Local Caption *** (L'Equipe)

Ligue des champions : dribbleur, provocateur, Neymar en ferait parfois trop avec le PSG... Vrai ou faux ?

Ballons perdus, touches de balle ou dribbles trop nombreux... Parfois, Neymar n'agace pas seulement ses adversaires, mais aussi quelques observateurs. En clair, la star du PSG aurait tendance à en faire trop. Vraiment ? Vahid Halilhodzic, Patrice Loko et les stats apportent leur(s) réponse(s).

La question est aussi provocatrice que le jeu de la nouvelle star du Paris Saint-Germain. Depuis que la France du foot décortique deux fois par semaine les matches de Neymar, il a été reproché tour à tour à l’attaquant brésilien de faire trop de passes, trop de dribbles ou trop de chichis. Bref, Neymar donnerait de temps à autre l’impression d’en faire trop sur le terrain, obnubilé par ses rêves de grandeur, collective et personnelle, depuis sa décision de quitter le FC Barcelone. Qu’en est-il vraiment ?
 
L’interrogation fait sourire Patrice Loko, ancien attaquant parisien (1995-1998), qui rappelle que le PSG possède depuis le début de saison une des attaques les plus redoutables d’Europe : «Le jeu offensif proposé jusqu’à présent, c'est du très haut niveau ! Et le leader de cette attaque, c'est Neymar. On attend tellement de lui à chaque match qu'on va le critiquer dès que sa prestation est simplement correcte. Alors que même en étant correct, il fait déjà des choses extraordinaires ! On est clairement trop sévère avec lui.»

Les chiffres du numéro 10 parisien cette saison en Ligue des champions confirment néanmoins une tendance : Neymar dribble beaucoup. Et beaucoup plus que les autres spécialistes du genre. Le Parisien est de loin l’homme qui tente (11,8) et réussit (7,3) le plus de dribbles en C1, pour un taux de réussite honorable (62%). «C'est un joueur de classe énorme, mais parfois son comportement est un peu étrange, note l’ancien coach parisien Vahid Halilhodzic, aujourd’hui sélectionneur du Japon. Il est capable de déclencher des actions individuelles exceptionnelles, et en même temps parfois on peut avoir l'impression qu'il cherche juste à provoquer. Son jeu est très complexe. Il est tantôt phénoménal, tantôt un peu "absent".»

Loko : «Il court, dribble, fait jouer les autres... Il ne s'économise pas !»

Ce n’est pas forcément le sentiment des défenseurs adverses, qui ont bien du mal à le contenir puisque le Brésilien est également le joueur qui provoque le plus de fautes dans la compétition, et le deuxième au classement des passes clés délivrées (dernières passes avant un tir). Ce qui tend à penser qu’il faut se méfier des apparences, et que le joueur de vingt-cinq ans n’est pas du genre à jouer (seulement) pour lui. «Il a quand même un jeu fatiguant, appuie Loko. Il court, dribble, fait jouer les autres, décroche... Il ne s'économise pas ! Ce qu'il propose, c'est vraiment du haut niveau. Et quand on observe la plupart des actions de but du PSG, il est impliqué !»

Devenu cet été l’homme fort de son équipe, le référent, l’homme par qui doit venir la lumière, Neymar crée naturellement plus de différences que lors de ses quatre saisons avec le FC Barcelone. Ce qui ne signifie pas pour autant qu’il force ses actions, puisque son taux de réussite sur les dribbles est par exemple beaucoup plus élevé que l’an passé (62% contre 52%). Directement impliqué sur six buts (quatre buts, deux passes) après quatre journées, l’ancien Blaugrana est à mi-chemin de son record en la matière établi en 2016-2017 (quatre buts, huit passes décisives). Si on en croit les chiffres, il serait donc sur les bases d’une saison historique d’un point de vue personnel.

Halilhodzic : «Il est peut-être un peu perturbé en ce moment»

Pas un nuage à l’horizon, alors ? À en croire Halilhodzic, qui a affronté Neymar à l’occasion d’un récent Brésil-Japon (3-1), il ne faut pas s’en faire pour son style de jeu, mais s’assurer qu’il entre sur le terrain l’esprit libre : «Je ne connais pas assez le personnage pour juger, mais peut-être qu'en ce moment il n'est pas dans un état psychologique optimal. D’ailleurs on l’a vu pleurer après notre match… À quel point ce qu'il s’est dit sur ses relations avec ses coéquipiers ou son entraîneur l’a touché ? Il est très populaire, tout le monde attend de lui des tours de magie, et il est peut-être un peu perturbé en ce moment. Mais ça ne l’empêche pas de créer des décalages, parce que quand il le décide, pfff… C’est simple : il sait tout faire.» Et tant pis si certains pensent qu’il en fait trop.

Cédric Chapuis