Soccer Football - Champions League Final - Real Madrid v Liverpool - NSC Olympic Stadium, Kiev, Ukraine - May 26, 2018 Liverpool's Mohamed Salah injures his shoulder in a challenge with Real Madrid's Sergio Ramos REUTERS/Gleb Garanich (Reuters)

Ligue des champions : comment la sortie de Mohamed Salah a précipité la chute de Liverpool

Défait par le Real Madrid (3-1) en finale de la Ligue des champions samedi à Kiev, Liverpool n'a pas réussi à soulever la sixième C1 de son histoire. Une désillusion qui s'est dessinée lorsque Mohamed Salah, star et arme offensive n°1 des Reds, est sorti blessé en première période.

Son duel à distance avec la star madrilène Cristiano Ronaldo était présenté comme le «match dans le match» de cette 26e finale de Ligue des champions. Malheureusement, les supporters des Reds ont vite déchanté peu après la demi-heure de jeu, lorsque le joyau égyptien s’est écroulé sur la pelouse de Kiev en larmes. Mohamed Salah sort alors définitivement sur blessure (31e), touché trop sérieusement à l’épaule gauche, à la suite d’un contact avec Sergio Ramos, qui n’a pas hésité à lui faire une clé de bras pour l’attirer vers le sol. Malgré une vaine tentative de retour sur la pelouse, la douleur est trop présente pour le Pharaon, qui est contraint de laisser sa place à Adam Lallana. Si toute la nation égyptienne retient son souffle quant à la participation de l’idole du pays à la Coupe du monde qui débute dans mois de trois semaines, sa sortie a complétement liquéfié le jeu de son équipe, précipitant cette dernière dans une défaite inévitable.

Apport offensif devenu limité

Neuf. Le chiffre est frappant et significateur. Liverpool a tenté neuf tirs dans les trente premières minutes avec le Pharaon sur le terrain samedi, contre seulement quatre durant le reste de la rencontre après sa sortie. Une statistique qui résume à elle seule la performance offensive des joueurs de Liverpool quand la star des Reds n’était plus sur le pré, alors qu’ils avaient pourtant égalisé par Sadio Mané – seul protégé de Jürgen Klopp à avoir été à la hauteur à Kiev – quelques minutes après l’ouverture du score de Karim Benzema, suite à la relance manquée de Loris Karius (51e).

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Outre ce regain d’espoir finalement inutile, Liverpool n’a plus été le même dans ce secteur de jeu, l’équipe semblant être coupée en deux le reste de la rencontre, alors qu’elle faisait preuve de grande maitrise technique et de discipline devant, cherchant à chaque avancée avec le ballon la meilleure solution possible. Roberto Firmino, s’il a bien débuté avec notamment une frappe contrée qui aurait pu donner l’avantage aux siens (23e), a ensuite disparu peu à peu de la circulation, et les espoirs se sont reposés sur le seul Sadio Mané qui s’est retrouvé trop seul face à la défense très sereine merengue, même si son activité, son but et sa frappe sur le poteau (70e) sont à mettre à son crédit. Adam Lallana, le remplaçant de Mohamed Salah, longtemps blessé cette saison, n’avait pas la condition physique pour un match d’une telle intensité.

La tactique de Klopp a volé en éclat

Le technicien allemand, arrivé au club en octobre 2015, a longtemps cru lors des trente premières minutes, lorsque l’Egyptien était présent sur la pelouse, que son schéma de jeu, face à des Madrilènes pourtant prévenus, allait fonctionner. Ses joueurs n’ont cessé d’harceler le porteur de balle adverse avec un pressing haut – caractéristique du jeu prôné par l’ancien entraineur du Borussia Dortmund – multipliant les imprécisions côté Real dans les transmissions. Ce sont grâce aux nombreuses et rapides récupérations de balle que les Reds ont allumé les premières mèches grâce à leur virevoltant Égyptien, avec un merveilleux ballon déposé par-dessus pour Alexander-Arnold dont le tir fut stoppé par Navas (8e) et une ouverture en une touche délicieuse pour Mané (17e).

Un pressing et une maitrise collective sur le match qui ont disparu sans leur maître à jouer, le milieu des Reds et ses composants ayant totalement volé en éclat. La sentinelle et capitaine de Liverpool Jordan Henderson n’a plus réussi à couper les transitions et les lignes de passes rapides du Real. Georginio Wijnaldum, qui a pris la place du blessé Alex Oxlade-Chamberlain en demi-finale aller contre la Roma (5-2), a baissé de pied dès la fin de la première période et ses tentatives de longues percées seul balle au pied (15e et 72e) n’ont pas été suivies par ses coéquipiers. Quant à James Milner, s’il est apparu une nouvelle fois courageux dans ses intentions avec le ballon et précis dans ses centres – notamment pour Sadio Mané (55e) – il a terminé le match carbonisé.

Ascendant psychologique

La perte de Mohamed Salah faisait indéniablement diminuer le collectif de Liverpool en touche et en qualité techniques. Mais la sortie sur blessure de l’Égyptien a provoqué bien plus au sein de ses coéquipiers, puisqu’elle a été un véritable coup de massue pour le club du Nord de l’Angleterre, qui n’a pas démontré de caractère pour faire face à cet énorme coup dur. Le capitaine Jordan Henderson n’a pas su inspirer une réelle révolte chez ses coéquipiers en seconde période, semblant être atteint autant moralement que ses partenaires de jeu, après la première bourde de son gardien Loris Karius, qui a déclaré en zone mixte «être personnellement responsable de la défaite de son équipe».

«J’ai perdu le match pour mon équipe. Je suis désolé pour tout le monde, pour tout le club, que mes erreurs aient coûté si cher» a-t-il déclaré. Si Jürgen Klopp, fidèle à son habitude, a donné de la voix sur le bord du terrain pour maintenir ses joueurs, ses ondes positives ne les ont jamais atteints, ceux-ci ayant naturellement perdu le combat psychologique. Comme si la sortie de leur maitre à jouer était un point de non-retour, un fait de match qui devait irrémédiablement entraîner les Reds dans leur chute. Du caractère et une combativité de tous les instants devaient servir à combler ce (grand) manque offensif, deux facteurs primordiaux qui ne sont jamais apparus sur la pelouse ukrainienne. Dès lors, les joueurs du Real, en grands champions et tellement sereins, ont pris l’ascendant, le contrôle du ballon, et…rien ne pouvaient leur arriver.

Joffrey Pointlane