Soccer Football - Champions League Round of 16 First Leg - Bayern Munich vs Besiktas - Allianz Arena, Munich, Germany - February 20, 2018 Besiktas' Ryan Babel in action with Bayern Munich's Thomas Muller REUTERS/Ralph Orlowski (Reuters)

Ligue des champions, Besiktas-Bayern Munich : Ryan Babel, l'heure du renouveau ?

Révélé à l'Ajax et surtout à Liverpool, Ryan Babel tente depuis sept ans de redonner un élan à sa carrière manquée. Aujourd'hui, le joueur semble avoir retrouvé la confiance et un peu d'allant à Istanbul, avec le Besiktas.

Qu’elle est loin cette époque où Ryan Babel rejoignait, en 2007 et en provenance de l’Ajax, Liverpool pour 17M€, et semblait être une des plus grandes promesses du football européen. Certes, en ne marquant que 22 buts toutes compétitions confondues en 146 matches avec les Reds, Ryan Babel n’a pas marqué la Premier League par ses statistiques, mais le jeune Néerlandais avait quelque chose de frais dans son jeu, une puissance et une facilité qui n’échappaient à personne.

Le «nouveau Thierry Henry», comme l’avait surnommé un certain Marco Van Basten, représentait l’avenir du football néerlandais. Débuts chez les A avec les Oranje à seulement 18 ans, premier but inscrit lors des éliminatoires 2006 et meilleur joueur de la finale de l’Euro Espoir 2007, il marchait alors sur les traces des Kluivert, Van Nistelrooy et autre Van Persie. Des promesses…et c’est tout. L’ancienne pépite s’est perdue en route. Poussé vers la sortie à Liverpool lors du mercato d’hiver 2011 et l’arrivée d’un certain Luis Suarez, le Néerlandais n'était plus appelé en sélection, et vagabondait depuis six ans dans cinq Championnats. Jusqu’à l’année dernière, où il a posé ses valises à Besiktas et semble renaître.

Des sensations et une efficacité retrouvées

Avant de revenir en Turquie, après un premier passage dans le club de Kasimpasa entre 2013 et 2015, une longue traversée du désert s’était ouverte à lui. Envoyé en Allemagne à Hoffenheim, Babel avait effectué un bref retour dans son club formateur, puis avait décollé pour les Emirats arabes unis et l’Espagne. Il a enfin débarqué à Istanbul en janvier 2017, où les Aigles noirs lui ont offert un contrat de deux ans et demi. On ne sait pas si les dirigeants turcs ont eu du flair ou si Ryan Babel a décidé de reprendre, à 31 ans, sa carrière en main. Il n’empêche que le Néerlandais performe plus que jamais.

Auteur de 8 buts sur les 6 derniers mois de l’exercice 2016/2017, toutes compétitions confondues, il récidive cette saison avec 9 buts en Süper Lig (meilleur total en Championnat depuis la saison 14/15 avec Kasimpasa) et 11 réalisations toutes compétitions confondues (meilleur total en carrière sur une saison). Surtout, il semble s’épanouir au sein d’une ligne d’attaque très intéressante. Positionné sur l’aile gauche, il essaie d’envoyer des caviars à Alvaro Negredo, au même titre que Ricardo Quaresma, son pendant à droite. Il prend le couloir, dribble, repique, donne des coups de rein et essaie toujours de se démarquer pour toucher le ballon. Une vraie volonté de bien faire et de tenter des choses. Senol Gunes, son coach, a remarqué une renaissance certaine de l’ailier, comme il l’a confié au journal Miliyet il y a deux mois : «Ryan a l’air épanoui avec nous, et c’est une bonne chose. Il a traversé des périodes compliquées dans sa carrière professionnelle. Sa concentration est à son maximum et c’est tant mieux pour lui. Et pour nous».

Rappelé en sélection

Mais au-delà de performances abouties et enfin régulières au sein d’un club qui lui fait confiance, Ryan Babel semble avoir gommé ce qui contrastait avec son talent et ses facilités sur le terrain. Habile dans ses dribbles, classe dans ses inspirations et élégant dans ses prises de balle, le joueur faisait preuve d’une nonchalance avérée. Il n’a jamais défendu, jamais remercié ses coéquipiers, jamais travaillé ses faiblesses, et a souvent pesté lorsqu’il n’était pas titulaire. En Turquie, l’un des membres du Club van 100, le cercle des joueurs ayant disputé au moins 100 matches sous le maillot de l’Ajax, a retrouvé des jambes et gagné en maturité. Une prise de conscience qui lui a permis d’être rappelé en équipe nationale par Dick Advocaat à l’automne dernier.

Palliant la blessure de Quincy Promes, le joueur du Spartak Moscou, Ryan Babel a participé aux deux derniers matches des éliminatoires pour le Mondial 2018 face à la Biélorussie (3-1) et la Suède (2-0). Sans la qualification (les Pays-Bas ont terminé troisièmes de leur groupe), mais avec la satisfaction de retrouver une place dans le onze des Oranje, qu’il n’a plus occupée depuis six ans (face à l’Allemagne en 2011). L’ancien de Liverpool a même inscrit son sixième but international contre la Roumanie (2-0), en amical, le 14 novembre dernier. Celui qui déclarait il y a dix ans lors de son arrivée dans le nord de l’Angleterre : «C’est super d’être comparé à Thierry Henry. Je vais travailler dur pour atteindre son niveau et peut-être même le dépasser» au micro de Sky Sports, tente de rattraper le temps perdu, en club ou en sélection. A défaut d’avoir réussi cette grande carrière qui lui tendait les bras.

Joffrey Pointlane