Soccer Football - Champions League - Group A - Paris St Germain v Real Madrid - Parc des Princes, Paris, France - September 18, 2019 Paris St Germain's Angel Di Maria celebrates scoring their second goal REUTERS/Benoit Tessier (Reuters)

Ligue 1 : six points à surveiller pour le Paris-SG après la victoire face au Real Madrid

Plutôt poussif depuis le début de saison, le Paris-SG a réalisé face au Real Madrid un match référence (3-0) qui peut poser des jalons pour la suite de la saison. Mais aussi mettre Thomas Tuchel face à des choix difficiles. Di Maria, Icardi, défense centrale, latéral droit : six points attirent notre attention.

Quelle animation offensive avec le retour des stars ?

«Ils étaient au stade, ils ont regardé le match et ils doivent le faire aussi, c'est la base maintenant». Interrogé par RMC Sport sur le travail de sape des attaquants parisiens face au Real Madrid, Thomas Tuchel a envoyé un message assez clair à son duo offensif majeur. Pas de place, à l'avenir, pour les replacements défensifs dilettantes de Neymar et, plus encore, de Kylian Mbappé. Pourtant, derrière les paroles, difficile d'imaginer le PSG mettre sur le banc les deux joueurs les plus décisifs de l'équipe sous prétexte d'un abattage défensif insuffisant. Alors le club de la capitale devra réinventer son animation offensive. Face au Real, on trouvait un pivot (Icardi), un feu follet enflammant les deux côtés (Di Maria), et un joueur discipliné, disponible, en relais avancé sur le terrain (Sarabia). Un trio complémentaire, qui a joué haut sans phagocyter le milieu de terrain. Avec Neymar, il faudra y ajouter un meneur qui adore décrocher pour toucher le ballon, ainsi qu'un attaquant de percussion et de profondeur avec Mbappé -sans même parler du profil encore différent de Cavani-. Mettre les deux stars à proximité l'une de l'autre sur le terrain ne posera pas problème, au contraire, leur foudroyante association contre Liverpool (2-1) ou Lyon (5-0) l'année dernière l'a démontré. Mais comment marier la rigueur du bloc-équipe aux velléités de liberté des deux hommes ? C'est le grand enjeu auquel l'entraîneur doit faire face.

Icardi ou Cavani... ou aucun des deux

Entre douleur aux adducteurs et manque de compétition, Mauro Icardi n'a pas encore montré tout ce qu'il pouvait apporter au PSG. Mais l'échantillon est prometteur. Durant une heure de jeu face à la Maison Blanche, la recrue star du mercato parisien n'a cessé de mettre la pression sur la charnière adverse, de protéger le ballon dos au but, de dévier dans le bon tempo. Son jeu en pivot a libéré Di Maria, et on imagine aisément qu'il puisse en faire de même pour Neymar et Mbappé. En face, pas grand-chose ne plaide aujourd'hui pour son concurrent Edinson Cavani. D'abord parce le Matador ne représente pas l'avenir, lui qui vit probablement sa dernière saison sous le maillot bleu et rouge, de même que ses blessures qui commencent à mettre en exergue l'âge (32 ans) et la succession de saisons à une cinquantaine de matches. Mais aussi parce que lors des exercices précédents, le jeu de Cavani n'a jamais semblé tout à fait en phase avec celui de ses partenaires d'attaque. À priori, avantage Icardi, donc... sauf si Thomas Tuchel privilégie, à l'avenir, un jeu de contre-attaques : son relatif manque de mobilité pourrait pénaliser l'Argentin.

Di Maria, le bon problème de Thomas Tuchel

«Il ne faut pas oublier Angel Di Maria, il est aussi important dans l'équipe. Ce sont tous des joueurs de top niveau», avait souligné le technicien lors d'une de ses premières conférences de presse parisiennes, et il n'a eu de cesse de le répéter depuis. Auteur d'une grande prestation, et de ses onzième et douzième buts européens avec le Paris-SG (quatrième total de l'histoire du club), El Fideo a encore une fois démontré qu'il n'avait rien à envier à ses camarades plus médiatisés. Rien à envier, ou presque : pas tout à fait aussi buteur que Cavani ou Icardi, pas tout à fait aussi incisif que Mbappé, pas tout à fait aussi influent que Neymar, Di Maria a des allures de joker offensif idéal pour une équipe jouant à seulement trois devant. Cela avait été le choix d'Unai Emery. Pas de Tuchel, jusqu'à présent. Mais pour inclure l'Argentin dans son armada offensive, le technicien devra soit le déplacer au milieu -une option pas vraiment envisageable aujourd'hui, car ça n'a jamais été le cas jusqu'ici-, soit modifier son système de jeu. À moins que le jeu des blessures et des suspensions, qui parsèmera forcément la saison, ne résolve de lui-même ce problème de (très) riche.

Le double-pivot enterré ?

Thomas Tuchel aime expérimenter, et change de système régulièrement selon les disponibilités de ses joueurs clés. Pour autant, depuis le début de la saison, le 4-3-3 s'est imposé -seule exception, un 4-2-3-1 face à Strasbourg. Un changement net de tendance par rapport à la saison dernière, qui avait vu Marco Verratti être, la plupart du temps, associé à un seul milieu (Rabiot, Draxler, Marquinhos, parfois Paredes) ; tantôt en 3-4-1-2 avec Neymar à la baguette, tantôt en 4-4-2. Ces deux systèmes permettent de disposer de quatre joueurs offensifs sur le terrain. Mais ils sont aussi un dérivatif au manque de milieux de terrain axiaux. Ces milieux tant réclamés, Tuchel les a obtenus au mercato, et peut donc multiplier les associations dans le cœur du jeu. Avec deux hommes inamovibles : Verratti, et Idrissa Gueye. Relayeur contre le Real, le Sénégalais a pu presser sur toute la zone axiale droite puis, dans le même mouvement, prolonger ses actions entre les lignes adverses. Une capacité à se démultiplier sans s'éparpiller, due à l'équilibre garanti par Marquinhos derrière lui. Un vrai plaidoyer pour le milieu à trois ? Lors des grands matches, probablement. Mais face aux blocs regroupés de L1, la composition du milieu idéal reste encore à définir.

Marquinhos et les défenseurs centraux

Un milieu pour les grandes occasions. Voilà comment on pourrait qualifier Marquinhos ; compétent mais relativement discret en Ligue 1, où il alterne avec le poste de défenseur, brillant en Ligue des champions, où il a joué ses cinq derniers matches au milieu. Il est probable que Tuchel continue à utiliser cette botte de moins en moins secrète à l'avenir, libérant donc un poste derrière lui. Pour qui ? Si la question de la succession de Thiago Silva sera bientôt sur la table, alors qu'il fête ses 35 ans ce dimanche, ce dernier reste aujourd'hui la référence du club à son poste. Pour l'accompagner, Tuchel a fait le choix de Presnel Kimpembe face au Real. Lui et Diallo partagent nombre de caractéristiques : jeunes, gauchers, techniques et dotés d'une bonne relance (surtout au sol pour Kimpembe, sur des longs ballons pour Diallo), et parfois en difficulté pour gérer la profondeur dans leur dos. Pour Kimpembe, l'avantage pourrait paradoxalement venir d'un atout de son concurrent : sa polyvalence. Abdou Diallo est peut-être, en effet, le numéro 2 officieux au poste de latéral gauche, devant Layvin Kurzawa. S'il est amené à se déporter régulièrement, Diallo pourrait bien connaître la même trajectoire que Thilo Kehrer, autre défenseur axial désormais plutôt envisagé sur le côté droit. L'utilisation, même ponctuelle, d'une défense à trois permettrait d'aplanir quelque peu la concurrence en donnant du temps de jeu à chacun.

Latéral droit : trois profils pour un poste

Schématiquement, il y a l'offensif, le défensif, et celui entre les deux. Titularisé certainement par défaut par son entraîneur, Thomas Meunier a peut-être gagné des points face au Real. Buteur, le Belge a multiplié les montées à bon escient. Mais ces dernières ont parfois été gâchées par une qualité de centre perfectible ou une prise de décision un peu trop lente. À sa charge, aussi, ses difficultés régulières en un-contre-un (même s'il n'a pas souffert face à Eden Hazard). Un problème que ne devrait, sur le papier, pas rencontrer Thilo Kehrer, aux caractéristiques plus défensives, qui compensent peut-être plus logiquement le profil de Juan Bernat, côté gauche. L'ancien joueur de Schalke 04 a réalisé une campagne de Ligue des champions assez solide, la saison dernière... jusqu'au match retour face à Manchester United (1-3), où il a coulé. Et la suite a été à l'avenant. Au vu de ses sorties de début de saison, l'Allemand ne paraît toujours pas avoir retrouvé son niveau : pour lui, la confiance est la clé. Le troisième homme, Colin Dagba, combine qualité technique et agressivité sur le porteur de balle. Mais le jeune homme pourrait payer son inexpérience au plus haut niveau (9 petites minutes de jeu en Ligue des champions). Aujourd'hui, cependant, la question ne se pose pas : Kehrer et Dagba sont blessés. L'occasion pour Meunier de prendre le large.

Erwann Simon