Soccer Football - Ligue 1 - Paris St Germain Training - Ooredoo Training Centre, Saint-Germain-en-Laye, France - August 24, 2019 Paris St Germain's Neymar during training REUTERS/Charles Platiau (Reuters)

Ligue 1 : Neymar (PSG), le divorce ou la raison ?

Samedi à 17h30, soit cent trente-trois jours après y avoir disputé son dernier match, Neymar effectuera son grand retour au Parc des Princes pour la réception de Strasbourg en Ligue 1. Si le caractère inédit de la situation laisse de nombreuses questions en suspens, une chose est sûre : le Brésilien est attendu au tournant.

De mémoire de supporter, le Parc des Princes n’a jamais vécu ce qui s’apprête à s’écrire sous ses yeux. Parce qu’un feuilleton ne s’était jamais étiré aussi longuement dans le temps, d’abord. Parce que les envies de départ de Pauleta à l’été 2006 n’avaient pas déchaîné les réseaux sociaux, ensuite. Et pour cause : ils n’existaient pas encore ! Un seul cas de figure peut être rapproché de «l’affaire» Neymar : le flirt de Marco Verratti avec le FC Barcelone, dix ans après les premiers rapprochements entre l’aigle des Açores et l’Olympique Lyonnais. À une différence près : l’italien avait pris le soin de présenter ses excuses aux habitués du Parc avant les retrouvailles. Pour Damien Dole -un temps carté chez les Authentiks et dont l’amour pour le club est intact- cela change tout.

«Verratti s’en est pris plein la figure quand il a fait la Une des médias espagnols, rappelle l’auteur de «Paris dans les veines». Mais lui a viré son agent et fait une vidéo sur le site du club pour s’expliquer. Aujourd’hui, tu trouveras toujours quelques personnes qui lui en veulent encore mais globalement, il fait partie des joueurs les plus aimés. Je suis très surpris que le PSG n’ait pas demandé à Neymar de communiquer. Le joueur et son entourage n’ont rien fait pour calmer les supporters les plus remontés.»

Alonzo : «Il pourrait vite se retrouver esseulé»

Jérôme Alonzo, gardien du club entre 2001 et 2008, abonde : «Le cas Verratti est totalement différent. A l’époque, c’était encore un jeune joueur de 22 ans qui évoluait dans une équipe qui ne progressait plus et à qui on a fait part d’un intérêt du FC Barcelone. Le gamin avait le droit de tendre l’oreille. Et à l’inverse de Neymar, il ne s’est pas terré dans le silence. Pour employer des termes politiques, Neymar a adopté une position jupitérienne. Il a laissé son entourage répandre des choses mais lui n’a pas eu le courage de s’exprimer et ça fait une grande différence.» Proche de Pedro Miguel Pauleta durant son passage au club, celui qui a joué plus de 100 matches en rouge et bleu estime par ailleurs qu’au sein d’un vestiaire dont l’équilibre ne tient parfois qu’à un fil, le statut du Brésilien pourrait vaciller.

«Moi je dis : attention au vestiaire ! Evidemment que, publiquement, aucun joueur ne peut exprimer de la rancœur. Mais si tu peux tout entendre d’un mec qui a été droit, il n’en va pas forcément de même concernant celui qui a pris l’avion sans arrêt pendant sa convalescence, qui part en week-end tous les deux jours ou qui fait des déclarations douteuses... Il a quand même supplié le club de le laisser partir ! La chance qu’il a, c’est que le vestiaire ne comporte pas de gros taulier. Mais attention, s’il ne fait pas de très gros matches dès le départ, il pourrait vite se retrouver esseulé. D’autant que Daniel Alves ne sera plus là pour le protéger.»

Un «pacte» pour finir son aventure au PSG en beauté ?

Le couloir qui mène au terrain traversé, Neymar peut-il raviver la flamme en multipliant les prouesses ? Pour Damien Dole et compte tenu du talent du numéro 10, ce n’est pas impossible, «même s’il y aura toujours un petit truc». Comme pour mieux préciser sa pensée, le journaliste évoque les sentiments ambivalents qui devraient flotter dans les travées du Parc, samedi. «Il faudra attendre 17h30 pour voir ce qui va réellement se passer mais ce qui est sûr, c’est qu’il n’y a pas une seule position qui émerge, énonce-t-il. On peut très bien se retrouver avec des ultras qui le sifflent et des spectateurs qui l’applaudissent. Ou avec des ultras qui l’ignorent et des tribunes latérales qui le sifflent. Il n’y a pas de position figée, le cas Neymar divise jusqu’au sein du Collectif Ultra Paris. Pour certains, les performances du Brésilien ne suffiront pas.»

Jérôme Alonzo est moins nuancé. «Ce ne sont pas deux petits ponts contre Amiens qui suffiront à retourner le Parc, estime le consultant. Ce n’est pas en grand joueur qu’il va devoir se comporter mais en grand homme. Peut-il le faire ? Peut-il adopter une attitude chevaleresque ? La vraie question, c’est ça.» A moins d’un triomphe européen en juin prochain, Alonzo est catégorique : l’actuel numéro 10 n’arrivera jamais à la cheville des Rai, Pauleta, Susic ou Dahleb, les «vraies légendes du club». Entre Neymar et les supporters parisiens, l’amour n’aura donc même pas duré trois ans. A terme, un mariage de raison pourrait toutefois satisfaire les intérêts des uns et des autres. C’est en tout cas l’avis de l’ancien portier du club. «Les supporters ne sont pas idiots, ils n’iront pas lui caillasser sa voiture, lance Jérôme Alonzo. Un deal implicite est peut-être envisageable. Un pacte du genre : faisons dix mois ensemble, plante nous 25 buts et on n’en parle plus.»

Thymoté Pinon