Nabil Fekir est remplaçant avec Lyon. (A. Mounic/) L'Équipe (Lâ?™Équipe)

Ligue 1 : Nabil Fekir (Lyon), vivement la fin

Onze mois après son transfert avorté à Liverpool, Nabil Fekir, auréolé d'un titre de champion du monde cet été, a vécu une saison charnière dans sa carrière. Capitaine incontestable des Gones, le meneur de jeu, à l'instar de ses coéquipiers, a manqué de régularité et d'épaisseur pour passer réellement un cap. De quoi tout remettre en cause ?

L’idylle semblait toute tracée. Lui rêvait d’étaler ses talents sur les pelouses d’Angleterre avec la tunique des Reds sur les épaules. Mais l’affaire a capoté. Une affaire qui devait se conclure à plus de 60 millions d’euros. Rien que ça … Et tandis que Liverpool se bat comme un beau diable pour arracher son dix-neuvième titre de champion d’Angleterre et goûtera à sa deuxième finale de Ligue des champions consécutive en juin prochain, Nabil Fekir, lui, végète dans le désordre ambiant lyonnais. S’il a, par bribes, notamment en Ligue des Champions contre Manchester City (1-2) ou encore face au Shakhtar Donetsk (1-1), porté son équipe de manière incontestable, l’international français a aussi connu de nombreuses blessures venues enquiquiner sa saison. De plus, à 25 ans, Fekir, comme son équipe, semblerait avoir atteint son plafond. Avec Lyon, pour le moment.

Insupportable stagnation

En fin de contrat en juin 2020, Nabil Fékir est à un véritable tournant de sa jeune carrière. Après avoir mis près d’un an à se soigner suite à une rupture des ligaments croisés en septembre 2015, celui qui était encore présenté comme un phénomène il y a encore quelques années, n’a plus vraiment de temps à perdre. Et pour cause, après avoir vu Liverpool, donc, ou encore Chelsea lui faire du pied l’été dernier, le Lyonnais voudra sans aucun doute plier bagages vers une destination capable de lui offrir des perspectives d’avenir à la hauteur de ses ambitions : jouer les premiers rôles avec un grand nom du foot européen et garnir un palmarès encore vierge en club. Mais pour marquer les esprits plus solidement cette saison et continuer de susciter les convoitises des mastodontes du vieux Continent, le Lyonnais, souvent blessé, aurait dû être plus consistant. Malgré neuf pions inscrits en 28 matches et sept passes décisives délivrées, un bilan honorable et un apport statistique important, Fekir a éprouvé quelques peines pour montrer toute l’étendue de sa palette technique. Par moment, le capitaine lyonnais a semblé emprunté.

Certes, s’il n’est pas toujours aidé par le piètre collectif rhodanien, le Français avait habitué son monde à mieux. Et voilà désormais Fekir en panne d’inspiration. En effet, depuis début mars et une balade face à Toulouse (5-1) où il avait trouvé le chemin des filets et distribué deux galettes, Fekir ne s’est plus montré une seule fois décisif en championnat. Deux mois de disette, une véritable éternité, où le meneur de jeu a multiplié les performances sans relief, sans folie et sans idées, en étant souvent imprécis et maladroit techniquement. Dès lors, son escouade a connu toutes les difficultés du monde ces dernières semaines, en enchaînant les prestations insipides, comme face à Rennes (0-1) ou encore Angers (2-1) durant lesquelles les Gones ont quelque fois sué sang et eau pour obtenir un succès. Pourtant, malgré les accrocs, Genesio a tenu à préserver son poulain des critiques. «Il a besoin de calme, de répit. Ce n’est pas facile avec tout ce qu’il entend autour de lui. Il faut avoir la tête tranquille, rappelait-il vigoureusement avant le déplacement à Nantes en avril dernier. Il a besoin qu’on lui foute la paix. Le physique va aussi avec le mental».

(LAHALLE PIERRE/L'EQUIPE))

Le contrecoup du Mondial

Les mauvaises langues exhiberont son incapacité à être crucial devant les cages depuis un petit moment maintenant. D’autres rappelleront son importance par le passé et son talent, quasi sans égal, dans l’effectif lyonnais. Difficile de savoir où se situe réellement la vérité, tant les deux versions peuvent s’entendre. Néanmoins, une chose est sûre, à la manière de bon nombre de ses amis champions du monde, Nabil Fekir a peut-être manqué de vacances, en retrouvant, dès la fin août, les pelouses de Ligue 1. Un retour peut-être un peu trop précipité «On se rend peut-être compte que très peu de champions du monde sont à leur niveau, on n’a peut-être pas fait tout ce qui fallait à son retour du Mondial», concédait même Genesio, venu à la rescousse de son capitaine.

Après avoir fait tomber par deux fois le maillot avant l’heure, en raison de blessures face à Paris en septembre dernier et contre Saint-Etienne à la mi-temps en novembre, Fekir vit un exercice laborieux. Et son été agité semble être passé par là. Voilà peut-être une explication concernant son incapacité chronique à créer l’étincelle sur les rectangles verts de Ligue 1. Pourtant malgré les critiques, Fekir a retrouvé des couleurs la semaine dernière au Groupama Stadium contre Lille (2-2). Plus juste, mieux sur ses appuis, le capitaine Lyonnais a donné le tournis à ses vis-à-vis. Et s’il ne s’est pas montré décisif, Fekir a retrouvé son football. Et au Vélodrome ce dimanche soir, il espèrera mettre fin à sa mauvaise série pour, peut-être, bien finir son aventure avec son club de toujours.

Mehdi Arhab