(A.Reau/L'Equipe)

Ligue 1 : le huitième titre de champion de France du Paris Saint-Germain à la loupe

C'est officiel, le PSG vient d'être sacré champion ce dimanche. Retour sur une saison avec peu de fausses notes, si ce n'est les dernières semaines qui ont été, il faut le dire, émaillées par les blessures.

Les joueurs utilisés

Gardiens : Gianluigi Buffon (14 matches), Alphonse Areola (19 matches).

Défenseurs : Thiago Silva (25 matches), Presnel Kimpembe (22 matches), Thilo Kehrer (25 matches, 1 but), Marquinhos (26 matches, 3 buts), Thomas Meunier (20 matches, 3 buts), Daniel Alves (18 matches, 1 but), Juan Bernat (21 matches, 1 but), Layvin Kurzawa (14 matches, 1 but), Colin Dagba (14 matches), Stanley Nsoki (12 matches).

Milieux de terrain : Marco Verratti (23 matches), Leandro Paredes (11 matches), Angel Di Maria (25 matches, 9 buts), Julian Draxler (26 matches, 3 buts), Christopher Nkunku (21 matches, 3 buts), Adrien Rabiot (14 matches, 2 buts), Giovani Lo Celso (1 match).

Attaquants : Kylian Mbappé (27 matches, 30 buts), Edinson Cavani (17 matches, 17 buts), Neymar (14 matches, 13 buts), Eric-Maxim Choupo-Moting (19 ;matches, 3 buts), Moussa Diaby (23 matches, 2 buts), Metehan Guclu (1 match, 1 but).

L'équipe type

Les trois matches :

29 septembre 2018 : Nice-PSG, la patte Tuchel se met en place (0-3)
S'ils avaient remporté leurs sept premiers matches de Ligue 1, les hommes de Thomas Tuchel n'avaient pas encore montré ce qu'ils avaient dans le ventre. Et c'est sur la pelouse de Nice, pour la première fois de la saison en Championnat, que le PSG s'est vraiment décidé à mettre en morceaux son adversaire du jour. Face à un bloc adverse désuni, le PSG, conduit par un Neymar (auteur d'un doublé) des grands jours, s'est promené, menant les débats à sa guise sur le pré. C'est au cours de cette rencontre que l'entraîneur allemand, alors en phase de tâtonnement, a réellement imposé son style. Des sorties de balle sérieuses et bien menées, un jeu léché et tranchant dans les 30 derniers mètres adverses, de la variété... Bref, du tout bon pour l'ancien Borussen et son 3-4-3. À la faveur d'un match abouti, le champion de France en titre s'est offert un huitième succès de rang. Le record de l'Olympique Lillois, datant de la saison 1936-1937, était alors égalé.

28 octobre 2018 : Le Classique au Vélodrome, Tuchel s'impose comme l'homme fort du PSG (0-2)
En ce dimanche 28 octobre, soir de choc contre l'OM au stade Vélodrome, Thomas Tuchel a réservé quelques surprises. Mécontent du comportement de Kylian Mbappé et Adrien Rabiot, tous deux arrivés en retard à la causerie d'avant match, l'Allemand a alors décidé, contre toute attente, de laisser les deux loustics sur le banc au coup d'envoi. Après une première période bien terne, durant laquelle les Parisiens ont été secoués par des Phocéens travailleurs, le coach parisien joue son va-tout et lance à l'heure de jeu son attaquant international français. Parce que, au fond, rien n'est plus important que le terrain. Et cela, Thomas Tuchel, en bon décideur qu'il est, le sait. En manque d'inspiration jusque-là, Paris s'en remet alors à sa star de 19 ans. Sur un bonbon d'Angel Di Maria, le champion du monde 2018 file à toutes enjambées vers les cages marseillaises, laissant son vis-à-vis, Boubacar Kamara, pantois, afin de venir mettre un terme aux espoirs de tout un peuple. S'en suit l'étirement du bloc marseillais face à un PSG enfin à sa main, qui parachève son succès en toute fin de match sur un pion de Julian Draxler. Faisant preuve de fermeté, Tuchel a donné la leçon à ses poulains, sans pour autant faire dans l'abus d'autorité. Et à la fin, il ne pouvait qu'en ressortir grandi.

3 février 2018 : Coup de tonnerre, le PSG est vaincu pour la première fois de la saison en Championnat
Rebelote, comme on dit. Comme lors de la saison 2015-2016, c'est à Lyon que le PSG s'est incliné pour la première fois de la saison en Ligue 1. Pourtant, tout était bien parti pour la troupe de Thomas Tuchel. Sur une superbe récupération au milieu de Draxler, Angel Di Maria avait ouvert le score et lancé dès la septième minute de jeu les siens vers ce qui semblait devoir être une promenade de santé. Mais l'OL ne paniquait pas et se ressaisissait très rapidement. Le PSG se retrouvait alors asphyxié, incapable de faire progresser le ballon dans de bonnes conditions sans ses deux de ses meneurs, Marco Verratti et Neymar, absents pour ce choc. La bande à Thomas Tuchel était alors assiégée, croquée et finissait par rompre une première fois, sur un coup de casque du titi, Moussa Dembélé, profitant d'une sortie hasardeuse d'un Alphonse Areola pourtant fantastique jusqu'ici. Au bord de la rupture au sortir de la pause, les Parisiens pliaient une seconde fois. Après avoir été enrhumé dans la surface de réparation par le buteur lyonnais du soir, Thiago Silva concédait le penalty. Nabil Fekir ne se faisait pas prier pour le transformer. De quoi mettre fin à une série de 23 matches sans défaite pour Paris.

Le but : Kylian Mbappé contre Nîmes (4e journée, 2-4)

Le joueur : Kylian Mbappé

Cette saison, il n'a cessé de nous étonner. Chaque jour un peu plus. Au départ, déjà, en remettant son équipe sur les bons rails lorsqu'il entrait en cours de jeu - contre Guingamp (J3, 1-3) ou face à Marseille (J11, 0-2) -, ou en inscrivant un peu plus son nom dans l'histoire, en témoigne ce quadruplé en 12 minutes et 56 secondes aux dépens de l'Olympique Lyonnais (le 7 octobre). Ensuite, lorsqu'il est naturellement devenu le leader de l'attaque en l'absence de Neymar et Cavani, longuement blessés. Sans jamais cesser de progresser, notamment dans son jeu dos au but, où il impressionne encore. S'il a eu des périodes plus compliquées et frustrantes (un peu moins en Ligue 1 qu'en Ligue des champions, il faut l'avouer), le Français continue de briller. Qu'il le fasse encore longtemps dans l'Hexagone, si possible.

La bonne surprise : Juan Bernat

Il est arrivé sur la pointe des pieds. Sans statut, sans certitude, sans éveiller la joie de ses nouveaux supporters. Mais, à la force de son caractère et d'un talent finalement pas si enfoui, Juan Bernat en a surpris plus d'un. Il est loin le temps du penalty concédé à Anfield. Désormais, l'Espagnol est accepté. Aimé, presque. Il a marqué en Ligue des champions, à trois reprises, s'est battu, a dépanné et a montré de bonnes dispositions. Avec le ballon, surtout, rappelant à certains que si Guardiola l'avait voulu au Bayern, c'est qu'il y avait bien une raison. Il faudra confirmer lors des mois à venir, et s'épargner des blessures qui lui ont longtemps coûté sa réputation. Mais pour un transfert non grata avant l'officialisation, Bernat est une réelle surprise. Il a même retrouvé la sélection ibérique. C'est dire !

L'entraîneur : Tuchel, positive attitude

Il a débarqué après une année sabbatique, lui qui avait quitté Dortmund en conflit avec sa direction. À droite à gauche, on avait dépeint un coach autoritaire, fin tacticien mais au management austère. Fausse piste. Car la grande et fine carcasse de Tuchel a séduit. Il a convaincu Neymar, tout de suite, après un tête-à-tête et un repositionnement axial bien senti. Puis tout son effectif. Par ses convictions tactiques, dont l'adaptabilité est un pilier, mais aussi par sa manière de gérer les égo et les différents clans. Marquinhos, baladé en piston entre milieu et défense, ne dira pas le contraire. Quant à la Ligue 1 pure et dure, Tuchel a montré plusieurs visages. Celui d'un bâtisseur à long terme, avec des victoires éclatantes et une hégémonie presque jamais contestée. Et celui d'un coach innovant, capable d'expérimenter plusieurs schémas et de balader ses ouailles. À l'image de Juan Bernat, parfois utilisé au milieu. On notera également une confiance accrue envers les titis, Moussa Diaby et Colin Dagba entre autres, et un jeu séduisant malgré les quelques purges apparues ici et là. En somme, c'est du tout bon. Ce n'est pas pour rien que le PSG a décidé de le prolonger d'une saison supplémentaire.

La question qui fâche : le PSG doit-il renouveler en masse son effectif ?

Ils s'appellent Thiago Silva, Julian Draxler, Thomas Meunier, Edinson Cavani, Dani Alves, Marco Verratti, Layvin Kurzawa ou encore Angel Di Maria. Et tous suscitent le débat, la crispation. «Ils doivent partir !», tonnent quelques fans. «Pas tous», répondent d'autres. Difficile de se séparer, en effet, de Silva, Cavani, Di Maria ou Verratti, surtout pour ce dernier, homme on ne peut plus important pour l'animation du PSG. Mais après les bévues successives en Ligue des champions, Paris doit-il faire le grand ménage ? En qualité, il pourrait y perdre, d'autant que le recrutement à suivre reste encore très incertain. Mais le blocage psychologique est tel qu'une revue d'effectif aurait peut-être ses conséquences. Positives ou négatives. Mais la question se pose.

C.J, A.B et M.A.