mollet (florent) (S. Thomas/L'Equipe)

Ligue 1 : Florent Mollet, revanchard en chef du MHSC

Florent Mollet a changé le visage offensif du MHSC depuis son arrivée dans l'Hérault cet été. Un épanouissement collectif et personnel qui tire un trait sur le passé et le parcours tortueux d'un joueur pour qui rien n'a été simple.

Le missile est tendu, limpide, légèrement fouetté pour venir transpercer la lucarne de Régis Gurtner. Une frappe de bâtard. Plus de doute : Florent Mollet en a sous le pied. Mais pas que... Le rouquin du MHSC, reconnaissant envers le club qui l'a exfiltré de Metz, relégué en Ligue 2, vient checker Michel Der Zakarian, puis se jeter dans les bras de Laurent Nicollin. Ce match face à Amiens n'est que sa première rencontre officielle avec le maillot montpelliérain mais le milieu de terrain sait déjà que son président a la particularité de passer ses matches sur le banc. «J'ai pu voir en 2-3 semaines que c'était le club familial qu'on me décrivait. On sent que tout le monde va dans le même sens», nous expliquait Mollet au mois d'août. Une confiance mutuelle s'est installée, boostée par la dimension sportive que l'intéressé apporte à une équipe réputée ultra-défensive. Y'a de la joie. Et de l'amour. Ce dont l'ancien Messin a pu manquer au long de sa carrière sinueuse, retardant sa confirmation en Ligue 1.

Lire : Florent Mollet : «Dans ma carrière, on me demandera toujours de faire plus»

«Un écorché vif»

«Il a gagné en maturité, il est plus tourné vers le collectif. On sent qu'il s'épanouit vraiment avec Montpellier», observe Grégory Thil, aux côtés de qui Mollet a fait ses débuts professionnels à Dijon en 2012. Le gamin a alors 21 ans et Olivier Dall'Oglio le lance dans le grand bain de la Ligue 2, un jour de match contre Guingamp (victoire 1-0). Porté par une confiance sans faille, il devient rapidement un élément fort de l'effectif. Car sur le plan sportif, personne ne peut nier ses qualités - «une excellente vision du jeu, un bon moteur, une adresse des deux pieds et devant le but», énumère Laurent Roussey, qui sera plus tard son entraîneur à Créteil. C'est davantage les réponses apportées aux premières embûches qui font tiquer. De voix concordantes, Mollet peut être rapidement «frustré», «cabochard», «boudeur» voire «chieur.» Laurent Roussey sourit : «C'est un cas. C'est quelqu'un de gentil, qui est très à l'écoute. J'ai eu beaucoup d'échange avec lui sur le métier de footballeur, sur la vie. Mais c'est un écorché vif.»

Il faut dire que la carrière du milieu de terrain n'a rien d'un long fleuve tranquille, et sa saison à Créteil en atteste. Mollet débarque dans un contexte délicat, entre mauvais résultats et situation tendue suite à l'agression de l'entraîneur d'alors, Thierry Froger, dans les couloirs du stade Duvauchelle. Une lutte pour le maintien en Ligue 2 s'entame, lors de laquelle Mollet s'affirmera comme un des meilleurs joueurs de l'équipe. Pour autant, la frustration du natif de Fontaine-lès-Dijon ne se résorbe pas. «Pour lui, c'était un échec d'être à Créteil, se souvient Roussey. Il a fallu faire un travail pour lui faire comprendre que ça pouvait être un palier. Il pouvait être très dur avec les autres et ça générait quelques tensions au sein du groupe.»

«Une excellente vision du jeu, un bon moteur, une adresse des deux pieds et devant le but»

Une attitude qui a quelque chose de paradoxal puisqu'elle se couple à une autocritique acerbe. Le milieu de terrain du MHSC a beau avoir une grande confiance en lui, il affiche rarement une totale satisfaction quant à son rendement. «Il pouvait être sévère avec lui-même... même trop sévère parfois, se souvient Laurent Roussey. Il était exigeant avec le groupe mais quand on se retrouvait en tête-à-tête, il l'était tout autant avec sa personne.» Et Mollet a su faire évoluer son jeu pour progresser. «À Dijon, il avait la volonté d'être décisif, peut-être même un peu trop, narre Grégory Thil. Ca lui a fait du bien de quitter le club, et toutes ces étapes l'ont endurcies au niveau de son caractère.»

Lire : Les bonnes recettes du MHSC

Si le bonhomme a pu être décrit comme un joueur individualiste par le passé - un comble pour un fan de Deco et Paul Scholes -, ses premiers mois à Montpellier tranchent avec cette version. Mollet a libéré le jeu offensif de Montpellier dans un registre qui lui sied à merveille : derrière les attaquants, libre de dézoner à sa guise et entouré d'une équipe de revanchards à son image. «C'est le joueur qui nous manquait l'an dernier, on n'avait pas remplacé Ryad Boudebouz, analysait Ellyes Skhiri en novembre dernier sur le site de France Football. Il a la capacité de faire de belles passes, c'est un gros plus pour nous. On voit que les joueurs offensifs en bénéficient.» Connaissant le personnage, nul doute qu'il ne se satisfera pas de ses bons débuts sous le maillot héraultais. Mais ça tombe bien pour la Paillade : c'est des Mollet, Delort, Laborde et leur soif de revanche dont elle a besoin pour rêver d'Europe.

Assurance et autocritique

Au final, ses déraillements n'ont jamais eu raison de lui. Et si Mollet revendique son fort caractère, il en fait de même pour sa confiance inaltérable : «Le train, je savais qu'il était toujours possible de l'avoir. Même si c'est vrai qu'à un moment j'ai un peu douté, dans le sens où je me demandais si on allait croire en moi et me donner ma chance (...) J'ai toujours eu confiance en moi, cru en mes qualités pour surmonter les épreuves.» Encore fallait-il que l'intéressé puisse avoir sa chance sur la durée, ce qui n'a pas toujours été le cas. Ni à Dijon, ni à Metz, où il a signé après sa belle saison à Créteil, disputant ses premiers matches dans l'élite française. «J'étais encore en contact avec Créteil à l'époque et je le voulais absolument, rembobine Phillipe Hinschberger. Il avait des fourmis dans les jambes. Le seul problème, c'est que c'est un joueur qui a besoin de toucher beaucoup de ballons et son meilleur poste est derrière l'attaquant.» Mais en Moselle, le nouvel arrivant joue le plus souvent à gauche sans être transcendant, goûte de nouveau au banc de touche et ravive sa rancœur contre ce qu'il perçoit comme une injustice.

«Il pouvait être sévère avec lui-même... même trop sévère parfois. Il était exigeant avec le groupe mais quand on se retrouvait en tête-à-tête, il l'était tout autant avec sa personne.»

Antonin Deslandes