lopes (rony) (F.Faugere/L'Equipe)

Ligue 1, 10e journée, Monaco-Caen : Rony Lopes, nouveau prince de Monaco ?

Auteur d'un bon début de saison avec le club princier, Rony Lopes semble avoir grandi de ses multiple expériences, notamment en prêt à Lille. Le milieu portugais a l'occasion de briller cette saison sur le Rocher.

Rony Lopes, c’est d’abord l’histoire d’un jeune homme qui aime le football et le voyage. Né au Brésil, il est parti au Portugal à quatre ans, avant de découvrir l’Angleterre et finalement la France. Un vrai baroudeur du ballon rond, à seulement 21 ans. En France, il a d’ailleurs fait la navette entre Monaco et Lille, où il a été prêté. Rien de bien atypique, tant Monaco est coutumier des prêts de ses pépites quand elles n’ont pas (encore) la place pour briller sur le Rocher. En espérant récupérer ses joyaux plus tard, et plus éclatants aussi. Quand les autres jeunes Monégasques Paul Nardi, Jonathan Mexique, Jordi Gaspar ou Irvin Cardona sont partis faire leurs armes au Cercle Bruges (deuxième division belge, racheté par le club de Dimitri Rybolovlev cet été), Rony Lopes s’est aguerri à Lille, et a l’occasion cette saison de briller dans la vitrine princière.
 
C’est en tout cas ce qu’il fait depuis le début de saison, avec deux buts et trois passes décisives à son compteur. Le milieu portugais s’est montré inspiré la semaine passée à Lyon (3-2). Il a d’abord égalisé avec sang-froid en remportant son face-à-face avec Anthony Lopes, puis s’est mué en passeur décisif sur le second but monégasque. Ses qualités de vitesse, de percussion et d’engagement dans les duels ont fait un bien fou à l’équipe de Leonardo Jardim. Il a été un poison pour les défenseurs lyonnais, malgré la défaite. Une performance qui en appelle d’autres pour le natif de Belém, au Nord du Brésil.

À l'école du foot portugais, puis anglais

Rony Lopes paraît assez complet pour un milieu offensif, lui qui s’est montré intéressant dans la tâche défensive face à Lyon. Une qualité peut-être héritée d’un "passeport football" déjà bien tamponné. Arrivé très jeune au Portugal, il a poussé le ballon à Vila Nova Poiares (où il a un tournoi à son nom), à l’est de Coimbra. C’est sur le terrain en sable de l’association sportive que le petit Portugais a appris le football, maillot du Brésil sur le dos. Sa tunique auriverde était floquée au nom de son idole, Ronaldo. Une admiration qu’il a d’ailleurs gardée jusque dans son nom, puisque la contraction "Rony" apparaît toujours dans son dos. À onze ans, direction la capitale Lisbonne, pour intégrer le centre de formation de Benfica. Il y joue un football bien différent de celui qu’il va connaître en 2012, lorsqu’il signe à Manchester City. En parallèle, Rony Lopes a écumé les différentes sélections nationales de jeunes. De multiples expériences qui l’ont enrichi footballistiquement.
 
À Manchester City, Rony Lopes a fait sensation le temps d’un match, où il est devenu le plus jeune buteur de l’histoire du club. C’était en janvier 2013, lors d’une rencontre face à Watford en FA Cup (3-0). Après être entré pour les dernières secondes d’un match acquis, le Portugais profite d’une frappe repoussée de Mario Balotelli pour inscrire son nom au tableau d’affichage, à seulement 17 ans et 8 jours ! 

Puis il est prêté à Lille le temps d’une saison pour s’aguerrir. Barré au milieu de terrain en Angleterre par la concurrence de David Silva et Samir Nasri, Rony Lopes n’a pas eu la possibilité de poursuivre avec l’équipe de Manuel Pellegrini, qui souhaitait le prêter une nouvelle fois. «Je suis sûr qu’il fera partie du club dans le futur, mais pour cette année, il doit essayer de jouer le plus possible», avait assuré le technicien chilien. Avant que l’AS Monaco n’officialise son transfert définitif pour 12 millions d’euros, pour le prêter à Lille.
 
La saison passée, il a été l'un des meilleurs Dogues, en totalisant quatre buts et quatre passes décisives. Et son retour de prêt chez le champion de France à l’issue de l’exercice semblait déjà lui ouvrir l’appétit. «Des places vont sans doute se libérer cet été. Cela m’ouvre des perspectives. Mais ce sera à moi de faire le travail pour gagner la mienne». L'opportunité de travailler avec Leonardo Jardim, entraîneur compatriote et doué pour faire progresser ses jeunes pousses, comme il l’a fait l’an passé avec Kylian Mbappé, Benjamin Mendy et Thomas Lemar, est forcément un plus pour le milieu portugais. Sur le Rocher, la place laissée vacante par un autre talent élevé au biberon benfiquiste, Bernardo Silva, semble lui convenir. Il peut évoluer au cœur du jeu en numéro 10 ou sur le côté droit, avec un profil plus physique que son prédécesseur. Aussi, la concurrence de Keita Baldé ou Adama Diakhaby ne lui fait pas de tort pour l’instant. Pour Rony Lopes, l’occasion est donc belle de briller.

Jérémy Nédélec