Wu Lei, arrivé en janvier 2019, a connu une saison difficile, à l'image de son club. (Cordon/Presse Sports)

Liga : la relégation de l'Espanyol, l'échec d'un projet ambitieux

Usé par une longue campagne européenne, le club catalan acheté par un ambitieux magnat chinois en 2016 évoluera l'an prochain en Deuxième Division.

Avec la relégation de l'Espanyol Barcelone, la Liga perd l'un de ses représentants phares. Si l'autre club de la capitale catalane n'a jamais remporté le Championnat d'Espagne (il a fini troisième à quatre reprises : en 1933, 1967, 1973 et 1987), il en est l'un de ses pensionnaires les plus assidus, avec 85 saisons passées dans l'élite (autant que le Valence CF et quatre de moins que Real Madrid, le Barça et l'Athletic Bilbao, les trois seuls clubs ibères à n'avoir jamais connu la relégation) et le septième total de points accumulés (2 918).

Sauvé par Fernandez et Pochettino

Fondé en 1900, un an à peine après la création de son encombrant voisin, l'Espanyol a atteint la finale de la Coupe de l'UEFA à deux occasions, en 1988 et en 2007, et n'était plus redescendu depuis vingt-sept ans. Sauvé de la relégation par Luis Fernandez (en 2003-2004) et par Mauricio Pochettino (en 2008-2009), qui faisait alors ses débuts sur le banc après avoir été l'idole des supporters de 1994 à 2001, puis de 2004 à 2006, le club a été racheté en 2016 par Chen Yansheng.

« Je souhaite que nous jouions la Ligue des champions d'ici trois ans », lançait alors ce chef d'entreprise chinois, qui a investi près de 200 M€ en quatre ans. En fin de saison dernière, c'est la Ligue Europa que le RCD Espanyol (7e) a accroché grâce notamment à l'ancien Lyonnais Sergi Darder ou encore à Wu Lei, star de la sélection chinoise, dont l'arrivée a valu au club un opportun coup de projecteur des médias et fans de son pays.

Cadence infernale et recrutement décevant

Les Pericos (les Perruches, le surnom du club au maillot bleu et blanc) ont démarré leur saison exceptionnellement tôt, avec un tour préliminaire face aux Islandais de Stjarnan fin juillet (4-0, 3-1). Avec 52 matches au compteur (le Real et le Barça en comptent 42), les coéquipiers de Sébastien Corchia (prêté par Séville et gravement blessé au genou, l'ancien Lillois n'a disputé que trois rencontres de Liga) n'ont pu tenir la cadence.

Scotché au bas de tableau depuis l'été dernier, l'Espanyol n'a engrangé que onze points à l'issue de la phase aller et s'est fait éliminer en seizièmes de finale de la Ligue Europa par Wolverhampton (0-4, 3-2), tandis que quatre entraîneurs (David Gallego, Pablo Machín, Abelardo et Rufete) se sont succédé sur le banc sans parvenir à inverser la dynamique.

En cause : une direction qui navigue à vue tandis que son président réside la plupart du temps en Chine, avec des recrues qui n'ont pas été à la hauteur des espérances, à l'image du milieu offensif Matías Vargas (10,5 M€, trois passes décisives et aucun but) et du défenseur Fernando Calero (8 M€), 97 minutes de jeu seulement lors de la phase retour.

« L'Espanyol reviendra parmi l'élite »

Orpheline de Borja Iglesias (17 réalisations en Liga la saison dernière), parti au Betis Séville l'été dernier, l'attaque catalane est la seconde moins prolifique de la Liga (27 buts inscrits). Les attaquants argentins Jonathan Calleri (27 apparitions) et Facundo Ferreyra (16 matches) n'ont marqué qu'un but chacun en tout et pour tout. Wu Lei, quatre en trente-et-une sorties. Recruté cet hiver en provenance de Benfica (pour 20 M€, record du club), Raúl de Tomás (25 ans) a scoré à chacune de ses quatre premières sorties, avant de perdre la recette (aucun but lors de ses neuf matches suivants).

L'ancien club de Nicolas Ouédec et José Cobos (tous deux de 1996 à 1998), Alain Boghossian (2002-2003) ou encore Didier Domi (2004-2006) évoluera donc en Deuxième Division pour la cinquième fois de son histoire. Le club est jusqu'à présent toujours remonté dès la saison suivante. « J'assume la majeure partie de cet échec, a écrit Chen Yansheng dans une lettre ouverte aux supporters. L'Espanyol reviendra parmi l'élite car c'est là où il mérite d'être historiquement. »