23.10.2018, Spiros Louis Olympic Stadium, Athen, GRE, UEFA CL, AEK Athen vs FC Bayern Muenchen, Gruppe E, im Bild Thomas Mueller (FC Bayern Muenchen #25) Leon Goretzka ( FC Bayern Muenchen #18 ) // during the UEFA Champions League Group E match between AEK Athen and FC Bayern Muenchen at the Spiros Louis Olympic Stadium in Athen, Greece on 2018/10/23. EXPA Pictures © 2018, PhotoCredit: EXPA/ Eibner-Pressefoto/ Langer *****ATTENTION - OUT of GER***** *** Local Caption *** (Langer/EIBNER/EXPA/PRESSE SPOR/PRESSE SPORTS)

Les «vieux» du Bayern sont-ils vraiment cramés ?

Après que Thomas Müller, Jérôme Boateng et Mats Hummels aient été mis de côté de la sélection par Joachim Löw, des interrogations sur l'âge des cadres du Bayern Munich ont été soulevées. Mais les «vieux» du Bayern sont-ils vraiment cramés ?

En 2013, vingt-cinq joueurs du Bayern Munich réalisaient le triplé Championnat-Coupe-C1. En 2019, huit y jouent encore, et quatre autres ont pris leur retraite. Signe que cette génération dorée a vieilli et qu’on arrive à la fin d’un cycle. Et pourtant. Parmi les huit joueurs toujours au club, sept apparaissent encore très souvent, si ce n'est tout le temps dans le onze titulaire (Neuer, Boateng, Alaba, Martinez, Robben, Ribéry, Müller), et affichent une moyenne d’âge de 31 ans. Mais ils sont toujours performants. Enfin, pour la plupart. 

La fin annoncée de la «Robbéry»

Arjen Robben et Franck Ribéry, tous deux 35 ans au compteur, ont longtemps fait les beaux jours du club bavarois. Cette année, leur contrat se termine, et ils savent depuis déjà plusieurs mois qu’ils ne seront pas prolongés. Une fin logique, tant l’apport des deux joueurs a diminué ces dernières saisons. Rongés par les blessures, les deux hommes ne sont plus que l’ombre d’eux-mêmes. Cette saison, le Néerlandais a inscrit cinq buts et délivré deux passes décisives, soit cinq fois moins qu’en 2017 (seize buts et quatorze passes). Le bilan statistiques du Français est du même acabit. En deux saisons, son apport statistiques a environ été divisé par trois (toujours cinq buts, mais quatre offrandes au lieu de dix-huit). La fin entre le Bayern et eux semble donc logique. Pour Bixente Lizarazu, c’était inéluctable : «Il ne faut pas lutter contre l’horloge biologique. Quand tu arrives à 35 ans, le changement générationnel est normal. Là, le Bayern est dans une période où la génération "Robbéry" qui a beaucoup gagné laisse sa place à des jeunes qui gagneront aussi.» Surtout que le Bayern a fait ça intelligemment, en les prévenant longtemps à l’avance pour que cette dernière année ait l’air d’un baroud d’honneur. «Ce n’est pas dans la politique du club de prolonger encore et encore des joueurs vieillissants, précise Jean-Charles Sabattier, spécialiste Bundesliga pour beIN Sports, mais ils vont leur offrir la plus belle sortie possible.»

Quand le banc devient source de motivation

Les cas de Mats Hummels, Jérôme Boateng et Thomas Müller sont très différents. Récemment, les trois hommes ont appris qu’ils ne seraient plus sélectionnés en équipe nationale par Joachim Löw. Une question d’âge ? Pas pour Bixente Lizarazu : «Ça ne peut pas être ça, car ils sont encore dans la force de l’âge (NDLR : respectivement 30, 30 et 29 ans), c’est plus un problème de performance. Pour moi, à un moment donné, Boateng-Hummels, c’était la meilleure paire de défenseurs centraux au monde, mais là, ça ne l’est plus. Boateng a souvent eu des blessures, et le rendement n’est plus le même, notamment dans les matches importants. Depuis quelques temps, ils ne sont plus aussi efficaces.» Oui, la première partie de saison a été très compliquée, mais est-ce vraiment un argument suffisant ? «Se priver d’emblée de Boateng et Hummels sous prétexte que la première partie de saison a été mauvaise, je trouve ça un peu "touchy". Ils ont à peine 30 ans, c’est précipité, abonde Jean-Charles Sabattier. Qu’il les mette en concurrence avec des jeunes joueurs, c’est compréhensible, en revanche venir les voir dans cette période pour les exclure est une manière de procéder plutôt surprenante, surtout qu’il n’y a pas non plus pléthore de joueurs.» 

Cela pourrait même créer l’effet inverse. On le sait, dans cette période de l’année, le Bayern Munich déçoit rarement. C’est encore le cas cette année. Après un début de saison extrêmement poussif, ils ont enfin retrouvé la confiance, et montent désormais en puissance. Et ça Thomas Müller n’y est pas étranger. Avec deux buts et une passe décisive lors des deux derniers matches de Championnat, il fait partie des catalyseurs munichois. Une bien belle manière de montrer à son sélectionneur qu’il a eu tort de l’écarter. Certes, le rendement statistiques de l’Allemand est en-deçà de ses standards (sept buts et neuf passes cette saison contre quinze et dix-huit l’an passé), mais c’est surtout signe de son adaptation dans le collectif de Niko Kovac. Jean-Charles Sabattier résume : «La saison de Thomas Müller est loin d’être décevante. Il a parfaitement compris que le buteur patenté de cette équipe est Robert Lewandowski, donc il a su adapter son jeu pour devenir un passeur décisif. Et puis, il est important en défense également. Sur le premier pressing, c’est un des joueurs les plus efficaces de Bundesliga, et de loin.» 

«La saison de Thomas Müller est loin d'être décevante»

L'expérience comme arme principale

Avec douze victoires lors des treize derniers matches de Championnat, le Bayern déroule en Allemagne. Replacé dans la course au titre, et sans parler des compétitions nationales, Munich monte en puissance à l’aube de ce huitième de finale retour contre Liverpool. Ce qui en fait une équipe très dangereuse. D’autant plus que le match aller avait donné plusieurs signes de satisfaction : «Le Bayern va mieux au meilleur des moments. J’étais inquiet, mais ils se sont vraiment bien comportés à Anfield. Mais attention, cette saison il faut se calmer sur les matches aller», sourit Bixente Lizarazu. Jean-Charles Sabattier est plus confiant : «On sait que l’équipe de Jürgen Klopp est capable de n’importe quel exploit. Mais, au regard de la confiance affichée par le Bayern, elle va devoir bosser.» D’autant plus qu’avec les surprises observées cette saison (Porto, Ajax, Tottenham, Manchester United), le tableau semble plus ouvert que jamais. Contre ces adversaires, le Bayern a une longueur d’avance. Jean-Charles Sabattier encore : «Je pense qu’ils font figure de favoris de la compétition avec le FC Barcelone, c’est l’équipe la plus solide en termes d’expérience et de confiance sur ces dernières semaines.» Pour Bixente Lizarazu, la force du Bayern est dans l’identité même du club : «Même en difficulté, le Bayern reste le Bayern. Avec beaucoup d’expérience et un savoir-faire très précis.» Il sait de quoi il parle, il était titulaire en 2001 quand le Bayern a remporté sa quatrième Coupe d’Europe. À l’époque, il avait 30 ans, et il était encore sélectionné en équipe nationale.

Emile Gillet