valbuena (mathieu) benzema (karim) griezmann (antoine) (P. Lahalle/L'Equipe)

Les questions soulevées par la sortie médiatique de Karim Benzema

Les déclarations franches et directes de Karim Benzema ce mercredi dans L'Equipe vont animer les débats ces prochains jours. Alors que Didier Deschamps dévoilera jeudi sa liste pour les rencontres des Bleus début juin, certaines questions méritent d'être posées.

Didier Deschamps lui doit-il «des explications» ?

«Ce serait bien de me donner des explications. Si c'est pour le foot, c'est pour le foot. Si c'est pour autre chose, c'est pour autre chose. Mais qu'on me le dise en face, dans les yeux.» Mis de côté par Didier Deschamps depuis un an et demi et l'affaire de la sextape, Karim Benzema est redevenu «sélectionnable» depuis quelques mois, selon le président de la FFF, Noël Le Graët. Pour justifier l'absence récurrente de l'attaquant du Real Madrid, le sélectionneur évoque «un choix», sans donner plus de précisions.

D'où la confusion dans l'esprit d'un joueur qui compte 81 sélections et 27 buts en équipe de France. Le souci, c'est que là où Benzema attend des explications, Deschamps attend peut-être des excuses. Car les déclarations du Madrilène il y a un an («Deschamps a cédé à la pression d'une partie raciste de la France») ont beaucoup touché le technicien basque, qui a la rancune tenace, mais aussi sa famille. Quoi qu'il en soit, si aucun des deux hommes ne fait le premier pas...

Son entente potentielle avec Antoine Griezmann est-elle évidente ?

Dans son entretien à L'Equipe, Karim Benzema cite en exemple sa dernière sélection en date, face à l'Arménie (4-0, le 8 octobre 2015), pour démontrer que son duo avec Antoine Griezmann pourrait être très efficace chez les Bleus. Il a raison. Si Didier Deschamps n'était pas encore passé au 4-4-2, les deux Madrilènes s'étaient parfaitement trouvés ce soir-là.

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Les promesses n'ont jamais eu de suite, mais entre les deux hommes, la complicité technique et la complémentarité ne font aucun doute. Reste à savoir si Benzema, qui était encore il y a dix-huit mois l'incontestable leader d'attaque des Bleus, saurait endosser, comme au Real, le rôle de lieutenant d'un Griezmann entré dans une autre dimension en 2016.

A-t-il raison de ne pas renoncer aux Bleus ?

«La facilité pour moi, aujourd'hui, vu la façon dont je suis traité, serait de jeter l'éponge. Mais ce n'est pas mon état d'esprit», assure KB9. Comme d'autres avant lui (Samir Nasri ou Franck Ribéry, pour ne citer qu'eux), il pourrait en effet tirer un trait sur sa carrière internationale en invoquant une incompréhension chronique avec le public français et/ou le sélectionneur. Après tout, comme il l'affirme lui-même, ses performances au Real parlent pour lui.

Mais contrairement à ce que certains pourraient penser, l'attachement de Benzema au maillot bleu est réel. Et il est palpable quand on le lit évoquer ce fameux France-Ukraine de novembre 2013 (3-0), «un instant exceptionnel, magique». «Je me suis battu comme tous les autres pour ce maillot», lâche-t-il. Désiré par certains, son retour ferait-il cependant l'unanimité dans le groupe ? Ce n'est pas forcément évident.

Sa rancoeur envers Mathieu Valbuena est-elle légitime ?

Trahi par les écoutes téléphoniques impliquant son ami Karim Zenati et mis en examen dans l'affaire de la sextape de Mathieu Valbuena, l'ancien avant-centre des Bleus bénéficie de la présomption d'innocence dans ce dossier. Mais si la révélation de la teneur de ces écoutes ne sont peut-être pas accablantes d'un point de vue pénal, elle l'ont été au niveau humain.

Ce qui fait bondir Benzema, c'est donc que Valbuena cite son nom dans quelques interviewes, affirmant qu'il n'aurait pas porté plainte s'il avait su que son ancien ami était impliqué, ou encore qu'il pourrait rejouer avec lui. Bref, en conflit judiciaire, les deux anciens coéquipiers sont certainement irréconciliables.

C.C.