fonte (jose) ikone (jonathan) fonte (rui) (F.Faugere/L'Equipe)

Les frères José et Rui Fonte ont fait du bien à Lille

Rassemblés pour la première fois sur les terrains, les deux frères José et Rui Fonte ont apporté à Lille l'expérience qui manquait au club la saison dernière. Le tout en étant bien différents.

Les erreurs du passé doivent toujours servir. Les dirigeants lillois l'ont bien compris en s'activant sur le dernier marché des transferts. Ç'avait déjà été le cas à l'été 2017, mais les arrivées en nombre de jeunes espoirs, pour la plupart venus de l'étranger, n'avaient pas porté leurs fruits, et le LOSC était passé proche de la catastrophe industrielle. Cette année, les dirigeants des Dogues ont souhaité rétablir un équilibre en amenant autant d'expérience que de jeunesse prometteuse. Parmi ces éléments expérimentés venus renforcer le collectif lillois se trouvent les frères Fonte : José et Rui. Six ans et demi d'écart, des trajectoires différentes et des réussites diverses. Les deux hommes nés à Penafiel sont passés, chacun en leur temps, par le Benfica, sans jamais s'y imposer. Ils ont également connu une période anglaise, plus longue et plus réussie pour José avec Southampton que pour Rui avec Fulham. C'est aujourd'hui la première fois que les frères Fonte se retrouvent sous le même maillot au même moment, d'autant que seul l'aîné a connu l'équipe nationale (35 sélections), avec un titre de champion d'Europe 2016 à la clé. International jusqu'aux Espoirs, Rui n'a jamais été appelé avec la Selecçao.

Et c'est donc alors que José approche des 35 ans, et que le scepticisme régnait quant à son retour en Europe après un passage en Chine, que les deux frères sont réunis, et pour l'instant pour le meilleur. Car leur Lille, le nouveau Lille, la seconde version du LOSC Unlimited de Gérard Lopez, entame cette 9e journée de Ligue 1 dans la peau de dauphin de l'intouchable Paris Saint-Germain. Les deux Portugais sont des artisans majeurs de ce renouveau, de ce retour de l'enfer vécu la saison passée avec une relégation qui pendait au nez des Dogues.

José Fonte, finalement pas si vieux

L'expérimenté José Fonte est assurément la pièce maîtresse de la défense du LOSC, celui qui a permis de combler les brèches, de redonner à l'arrière-garde nordiste sa solidité d'autrefois. Depuis sa première apparition lors de la 2e journée de Championnat, l'ancien Hammer n'a plus quitté le onze de Christophe Galtier, et cela s'en est ressenti. Au cours des sept matches qu'il a disputés, Lille n'a encaissé que cinq buts, et dans des contextes bien précis : contre Nantes (2-1) et Amiens (3-2), les dauphins du PSG se sont relâchés en fin de match après avoir fait le break. Lors des défaites à Angers (0-1) et Bordeaux (0-1), les buts sont arrivés sur corner dans le premier cas, sur un contre terrible dans le second. Comprenez-y que sur les attaques placées, les Dogues sont presque intraitables. Que ce soit avec Adama Soumaoro la plupart du temps, dont il est le remplaçant pour porter le brassard de capitaine, ou Yves Dabila comme contre Marseille (3-0), José Fonte apporte une sérénité importante dans son comportement sur le terrain.

Toujours dans l'anticipation, le Portugais ne tacle qu'en de rares occasions, et concède alors un minimum de fautes. Si sa technique n'est pas sa principale qualité, il n'hésite pas à dégager pour soulager les siens quand il le faut. Jamais de risques inconsidérés. On ne manquera pas également de rappeler son importance sur les coups de pied arrêtés. La plupart du temps intraitable dans sa surface de réparation avec son 1m87, il a fallu que Mangani et Ndoye s'y mettent à deux pour le bousculer et prendre le dessus à Angers (0-1). Contre Nantes (2-1), le numéro six lillois a également fait la démonstration de son apport offensif, en prenant le dessus sur Kwateng pour ouvrir le score de la tête, puis en donnant le ballon, toujours de la tête, à Ikoné pour le second but. Ce José Fonte a prouvé qu'il n'était pas trop vieux pour le plus haut niveau, et que le solide compagnon de Pepe lors du parcours victorieux du Portugal à l'Euro n'avait rien perdu de sa superbe.

Rui Fonte, pas de but mais un travail de l'ombre

De l'autre côté du terrain, son frère cadet brille pour l'instant moins sur le plan individuel, mais a montré en quelques matches sa capacité d'adaptation au collectif mis en place par Galtier. Arrivé le 31 août, Rui Fonte doit notamment faire face à la concurrence de Loïc Rémy au poste d'avant-centre, et il a rapidement pris le dessus, surtout compte-tenu de l'adaptation compliquée de l'international français pour le moment. L'attaquant portugais a ainsi pris la place en pointe au mois de septembre, avant une lésion musculaire à la cuisse gauche qui l'a privé du match contre l'OM et qui le privera aussi de la réception de Saint-Étienne ce samedi. Effacé par la fantastique «Bip bip» formée du trio Bamba-Ikoné-Pépé, Rui Fonte a effectué un travail de l'ombre lors de ses trois rencontres. Ni buteur, ni passeur, le joueur prêté par Fulham joue, avec un profil différent, un peu le rôle d'un Giroud en équipe de France : il attire les défenseurs adverses pour laisser encore plus d'espaces aux fusées que sont ses coéquipiers.

S'il s'en sort dans ce domaine, bien mieux qu'un Loïc Rémy, on ne va pas mentir : Rui Fonte n'a jamais été un grand buteur. La saison dernière avec Fulham, en Championship, l'attaquant portugais n'a inscrit que trois buts en vingt-sept apparitions. L'exercice précédent était le meilleur de sa carrière, avec onze réalisations sous le maillot de Braga, mais il s'agit de la seule fois où il a dépassé la barre des cinq buts. «On voyait sa qualité, mais il n'a jamais réussi à se mettre en évidence, même si Pochettino lui a donné du temps de jeu», constate Robert Hernando, ancien membre du Conseil d'administration de l'Espanyol Barcelone, où est passé le Portugais entre 2010 et 2013. À maintenant 28 ans, Rui Fonte semble dans le meilleur environnement possible, dans un collectif le déchargeant de la responsabilité de faire gagner son équipe et avec son frère, pour enfin s'épanouir pleinement. En défense comme en en attaque, la famille Fonte encadre le LOSC, et pour l'instant tout fonctionne.

Florent Le Marquis