Balotelli montrant l'étoile sur son maillot de l'OM dimanche, à sa sortie au Parc des Princes contre le PSG. (F. Faugère/L'Équipe)

Les étoiles sur les maillots, mode d'emploi

L'OM et l'AS Saint-Étienne sont les seuls clubs à arborer une étoile sur leurs maillots en France (hors logo), mais pour des raisons différentes. L'usage n'est pas le même partout, et il n'existe pas de convention écrite à l'échelle de l'UEFA, qui préfère utiliser des « badges » pour les vainqueurs multiples en Coupe d'Europe.

La provocation est un art dans lequel Mario Balotelli est passé maître. À défaut d'enfiler son fameux masque à l'effigie de Marcus Rashford, bourreau du PSG en Ligue des champions, l'Italien a quitté la pelouse du Parc des Princes en pointant du doigt l'étoile de champion d'Europe sur son nouveau maillot de l'OM dimanche soir.

Un geste comme un pied de nez aux supporters parisiens qui le sifflaient, eux qui attendent toujours que leur club ne franchisse ne serait-ce que les quarts de finale de la plus prestigieuse des compétitions européennes...

Cette étoile fait la fierté du peuple olympien et rappelle que les joueurs de l'OM resteront « à jamais les premiers » à avoir soulevé la « Coupe aux grandes oreilles », en 1993, face à l'AC Milan de Baresi, Rijkaard et Van Basten.

Mais ils ne sont pas les seuls à arborer une étoile sur leur maillot en France. C'est aussi le cas de l'AS Saint-Étienne, qui n'a jamais gagné de finale européenne mais peut se vanter d'être le seul à compter 10 titres de champion national, un de plus que... l'OM, qui pourrait donc afficher deux étoiles si le Conseil fédéral de la FFF ne lui avait pas confisqué son trophée de D1 en 1993 (affaire VA-OM).

L'usage est le même en Italie, où la Juventus Turin est la première à avoir cousu une étoile sur son maillot pour célébrer son dixième scudetto en 1958. Faute de s'être conformée aux règles, la «Vieille dame» a dû attendre 2014 et son trentième titre « officiel » pour avoir le droit d'en afficher une troisième, deux scudetti (2005, 2006) lui ayant au préalable été retirés après le scandale du «Calciopoli» (une vaste affaire de matches truqués qui a également valu au club d'être relégué en Serie B).

Les Bianconeri ont ainsi joué pendant deux saisons avec la seule inscription «30 sul campo» («30 sur le terrain») sous leur logo - et sans la moindre étoile - entre 2012, année de leur vrai-faux trentième titre, et 2014.

Les Bianconeri ont abandonné leurs étoiles entre 2012 et 2014, arborant la seule inscription « 30 sul campo ». (Richiardi/Presse Sports)

Ailleurs en Europe, des clubs autrichiens, belges, bulgare, chypriotes, écossais, féroïen, finlandais, grec, hongrois, irlandais, israélien, luxembourgeois, maltais, moldave, norvégien, néerlandais, polonais, portugais, tchèques, roumains, serbe, suédois, suisses et ukrainien ont choisi d'arborer une étoile pour symboliser leurs 10 titres de champion (cinq dans d'autre pays comme la Biélorussie, le Danemark ou l'Estonie).

Mais tous ne se prêtent pas au jeu : en Grèce, le Panathinaïkos (20 titres) et l'AEK Athènes (12 titres) n'en ont brodé aucune sur leurs maillots, contrairement à l'Olympiakos (40 titres, quatre étoiles). Même raisonnement au Portugal, où le FC Porto (25 titres, aucune étoile) et le Sporting (18 titres, aucune étoile) se distinguent de Benfica (36 titres, trois étoiles).

Le système d'attribution des étoiles est encadré en Allemagne, où la DFL (équivalent de la Ligue de football professionnel française) a établi en 2004 que trois titres de champion de Bundesliga - telle qu'elle existe depuis 1963 - donnaient droit à une étoile, cinq titres à deux étoiles, 10 titres à trois étoiles et 20 titres à quatre étoiles (seul le Bayern Munich, avec 28 titres, est dans ce dernier cas). Les clubs anglais, eux, sont libres d'agir comme ils l'entendent : si Manchester United (20 titres), Liverpool (18) et Arsenal (13) n'arborent aucune étoile, Huddersfield en affiche trois, soit une pour chacun de ses titres de champion (1924-1926). Burnley (deux titres, deux étoiles) fait de même, tandis que le maillot de Bury (D4) comporte deux étoiles depuis 2009 pour commémorer... ses deux victoires en Cup, en 1900 et 1903. Ipswich (D2) va même plus loin avec trois étoiles pour trois trophées différents, le Championnat en 1962, la Cup en 1978 et la Coupe de l'UEFA en 1981. Il fut aussi un temps où Manchester City arborait trois étoiles pour des raisons purement décoratives (1997-2016)...

Et la Ligue des champions dans tout ça ?

Il n'est pas fait mention des fameuses étoiles dans les règlements de l'UEFA, qui permet toutefois aux « clubs qui ont remporté au moins trois fois de suite ou cinq fois en tout la même compétition interclubs [de] porter un badge de vainqueur multiple lors des matches de la compétition en question, pour autant qu'ils aient conclu un accord ad hoc avec l'administration de l'UEFA » (voir ci-dessous). Ce qui vaut donc pour la Ligue des champions comme pour la Ligue Europa.

Article 49 du règlement de l'UEFA relatif à l'équipement.

Les clubs concernés par l'article 49.02 étaient cinq en Ligue des champions cette saison : le Real Madrid (13 titres), le FC Barcelone (5), le Bayern Munich (5), Liverpool (5) et l'Ajax Amsterdam (trois titres d'affilée entre 1971 et 1973, quatre au total). L'AC Milan (7) pourrait par exemple y prétendre la saison prochaine, à condition qu'il se maintienne dans le top 4 de la Serie A.

Les vainqueurs en Coupe du monde arborent tous une étoile par trophée gagné, à l'image de la France, sacrée pour la deuxième fois de son histoire l'été dernier, en Russie. Mais c'est aussi le cas des lauréats de la Coupe d'Afrique des nations (seulement lors de matches organisés par la CAF). À l'Euro 2004, le Danemark avait lui choisi de coudre une étoile (en argent) sur son maillot pour commémorer son succès de 1992. Mais elle ne lui a pas porté chance (éliminé en phase de groupes)... L'Uruguay, pour sa part, présente la particularité d'afficher quatre étoiles au-dessus de son logo, deux pour ses Coupes du monde (1930, 1950) et deux autres pour ses titres olympiques (1924, 1928).