sala (emiliano) (R.Martin/L'Equipe)

Les cinq mois d'Emiliano Sala à Caen : Des buts, de la joie et de la grinta, le souvenir indélébile laissé par l'Argentin

Sans temps de jeu à Bordeaux, Emiliano Sala est parti en prêt à Caen pendant cinq mois en 2015. Avant le match entre Malherbe et Nantes ce mercredi soir, FF.fr revient sur le passage court mais intense de l'Argentin au sein du club normand. Supporter, coach et ancien coéquipier, tous ont été marqué.

1er février 2015. Caen reçoit Saint-Étienne. Les locaux (15es avant la rencontre et encore dernier deux semaines auparavant) se battent pour le maintien. Juste avant la pause, Julien Féret a donné l'avantage aux siens d'un rush en solitaire depuis le rond central. 75e minute : recruté trois jours plus tôt, Emiliano Sala effectue ses premiers pas sous ses nouvelles couleurs. L’attaquant, en échec à Bordeaux lors de la phase aller (onze apparitions, quatre titularisations, un but), est arrivé pour renforcer une attaque en berne dans le cadre d’un prêt de six mois. En quinze minutes, l’Argentin rate deux occasions dont une immanquable. «Nous avions de grosses lacunes offensivement et on voit débarquer Sala. Son CV n’était pas éblouissant et on assiste à ce quart d’heure de jeu où il rate une occasion monumentale, se souvient Maxime, détenteur du compte @La_SMAcademie sur Twitter. Ça partait mal…»

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«Il a totalement redynamisé notre attaque en un mois. Il a contaminé ses partenaires»

Des supporters très vite sceptiques, donc. Mais c’était sans savoir qu’Emiliano Sala est un homme qui ne lâche rien. Les matches suivants, il va connaitre une période extraordinaire en inscrivant quatre buts en trois rencontres, dont une réalisation au Parc des Princes (2-2) et une autre au Vélodrome (victoire 3-2), excusez du peu. «Il a totalement redynamisé notre attaque en un mois. Il avait une énorme envie de réussir, il a contaminé ses partenaires», explique Patrice Garande, l’entraîneur du SM Caen cette saison-là. Les supporters sont conquis, Emiliano Sala a gagné les coeurs. «Il nous a marqué des buts très forts émotionnellement. Ses célébrations sont restées dans les mémoires. Tu avais l’impression que c’était l’homme le plus heureux du monde après chaque réalisation avec son large sourire et ses bras grands ouverts», se remémore encore Maxime.

L'imbroglio Bordeaux

La presse tombe également sous le charme de cet avant-centre atypique. Après son doublé contre Lens le 21 février, l’Argentin obtient la note de 8/10 dans L’Equipe. La quotidien écriera qu’«il y avait dans la frappe pure et décomplexée d’Emiliano Sala, synonyme du 2-0 contre Lens, des années de frustration devenue confiance depuis qu’il a débarqué en Normandie». La machine est lancée, le buteur marche sur l’eau. Mais un imbroglio au sujet de sa participation lors de la réception de Bordeaux (7 mars, défaite 1-2 de Malherbe) coupe net son élan. «Bordeaux nous l’a prêté et nous avait dit qu’on verrait ensuite s’il a le droit de jouer contre eux ou non. Rien n’était établi. Finalement, j’ai reçu ordre de ne pas l’aligner. Cette histoire a profondément marqué Emiliano», explique Patrice Garande.

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«On ne peut que tomber amoureux d'Emiliano Sala.»

Sloan Privat, concurrent direct d'Emiliano Sala, en profite et brille contre Bordeaux (un but). L’Argentin perd sa place de titulaire et ne le retrouvera quasiment plus. «On avait deux profils différents. Moi, j’étais un point de fixation alors que lui était plus dans la profondeur. Ce qui m’a impressionné chez lui, c’est sa grinta. C’est le vrai attaquant sud-américain. A l’entrainement, il était à 1000%, il tirait partout, tout le temps (rires) ! Notre concurrence était très saine parce que c’était un mec en or», se rappelle Sloan Privat, aujourd’hui à Osmanlispor en Turquie.
 
Malgré la fin de son aventure caennaise dans la peau d’un remplaçant, Patrice Garande souhaitait absolument garder Emiliano Sala à la fin de la saison. «Malheureusement, le club n’avait pas assez d’argent pour l’acheter, regrette le technicien, actuellement sans club. C’est un joueur qui m’a profondément marqué en cinq mois. Bien plus que d’autres en deux ou trois ans. Il ne renonçait jamais. Il était très respectueux, proche de tout le monde. En dehors du terrain, c’était le même que sur la pelouse. Combattant, attachant et généreux. S’il a laissé un si bon souvenir à Caen, c’est parce qu’en fait, on ne peut que tomber amoureux d’Emiliano Sala.»

Mehdi Elouar