dubois (leo) (A. Martin/L'Equipe)

Léo Dubois, retour en fanfare dans le onze titulaire de Lyon

Depuis plusieurs semaines, Léo Dubois est le latéral droit titulaire de l'Olympique Lyonnais. Mais pour en arriver là, il a dû cravacher. Retour sur huit mois plutôt agités.

Passer du statut de capitaine du FC Nantes à celui de simple joueur d'effectif à Lyon, ça pourrait en rebuter plus d’un. Pas Léo Dubois. Transféré officiellement dans la cité rhodanienne en juillet 2018 (il avait signé son contrat le 31 janvier de la même année), le natif de Segré n’a pas mis longtemps à s’intégrer dans le groupe de Bruno Genesio. Et c’est tant mieux. Car avec Kenny Tete et Rafael comme concurrents directs pour le poste de latéral droit, il ne fallait pas traîner. D’autant plus que le premier brillait en sélection avec les Pays-Bas, et que le second, en plus d’être le chouchou du public lyonnais, s’est toujours défait de la concurrence qu’on lui mettait dans les pattes. En dépit de cette forte concurrence, Bruno Genesio a choisi de faire confiance à Dubois en début de saison. Aligné en défense lors des deux premières rencontres en Championnat, il l’était ensuite lors des sixième, septième et huitième journée, ainsi que pour le match aller contre le Chakhtior Donetsk en Ligue des Champions, où il a énormément déçu. Une performance qu’il payait cash, puisque le match suivant, à Paris, son entraîneur lui préférait Rafael. 

Blessé en cours de match, le Brésilien cédait finalement sa place à Dubois, qui sombrait avec les siens dans la défaite 5-0. Alors qu’il aurait pu profiter de la méforme physique de son concurrent direct pour redevenir titulaire, il se blessait à son tour à la cuisse. Un coup dur qui l’écartait des terrains environ deux mois, et qui lui coûta très cher. Parce qu’à son retour, Lyon jouait à trois défenseurs, un dispositif qui ne lui convient pas vraiment - pour ne pas dire pas du tout. Ce poste de piston nécessite d’avoir un latéral offensif, or Léo Dubois a un profil plus équilibré, qui correspond davantage au 4-2-3-1. Avec le retour de ce schéma tactique à quatre derrière, l'ancien de Nantes savait qu’il pouvait s’épanouir davantage. Pourtant, c’est Kenny Tete qui était titularisé contre Saint-Etienne. Particulièrement en-dedans, le Néerlandais cédait sa place au Français à dix minutes de la fin. C’est l’instant qu’a choisi Léo pour sortir (enfin) du bois. A la 87e minute, il sauvait les siens en déviant une frappe à bout portant stéphanoise de la poitrine sur sa ligne. Et dans le temps additionnel, il envoyait un centre millimétré sur la tête de Moussa Dembélé pour la victoire (2-1, 90+5e). Depuis, Léo Dubois n’a plus quitté le 4-2-3-1 de Bruno Genesio.

Ce poste de piston nécessite d'avoir un latéral offensif, or Léo Dubois a un profil plus équilibré, qui correspond davantage au 4-2-3-1.

Un titulaire en puissance

Très performant en défense, il a surtout montré une véritable progression. Passeur décisif à deux reprises lors des cinq derniers matches de Championnat, il apporte un vrai plus à l’attaque lyonnaise. Sans parler de sa qualité de centre et de sa vitesse, il y a un autre aspect qui est à souligner : sa complicité avec Bertrand Traoré. On le sait, le Burkinabè a énormément tendance à dézoner. Il n’est pas rare de le voir quitter son côté droit pour migrer vers l’axe ou même sur l’aile gauche en plein match. Très rapide, il est un véritable poison pour la défense adverse au niveau des appels, qu’il multiplie à chaque match. C’est de cette capacité à attirer les défenseurs dont profite Léo Dubois. Sur le côté droit, ils combinent donc assez souvent indirectement dans le dos des défenseurs. A la clé, toujours une situation chaude, ponctuée à chaque fois d’un tir cadré.

Sur une passe de Lucas Tousart, Bertrand Traoré aspire les deux défenseurs guingampais et laisse passer entre ses jambes pour Léo Dubois, seul. (Capture d’écran LFP)

De là à candidater en équipe de France pour le prochain rassemblement mi-mars ? Si Didier Deschamps applique sa fameuse logique de groupe, le Lyonnais peut faire une croix sur la sélection. Si, en revanche, il y a une véritable refonte du poste, alors il a toutes ses chances. Benjamin Pavard et Djibril Sidibé n’apportent pas satisfaction en club, et le niveau de certains joueurs (dont Léo Dubois ou Kenny Lala entre autres) est suffisant pour prétendre à jouer chez les Bleus. Celui qui compte deux capes avec les Espoirs mérite de jouer avec les A. A condition de rester titulaire en club et de se méfier du retour de Rafael. Avant sa blessure, le Brésilien était l’alternative favorite de Bruno Genesio au poste de latéral droit, et pourrait donc retrouver du temps de jeu très vite. Une chose est sûre, le Français a fait ce qu’il fallait pour garder sa place. Dans le doute, il ne lui reste plus qu’à toucher du bois...

Le rêve bleu ?

Désormais titulaire inamovible dans le couloir droit de la défense lyonnaise, Léo Dubois ne cesse d’impressionner. Cette semaine, lors du huitième de finale aller de Ligue des Champions contre le FC Barcelone, il a très certainement produit un de ses meilleurs matches en carrière. Crédité d’une note de 7 par FF.fr, il est un artisan du bon résultat lyonnais obtenu contre les Catalans (0-0). S’il fallait résumer sa prestation à un seul événement, ce serait sans aucune hésitation son intervention salvatrice sur Luis Suarez en deuxième période. Jusque-là muselé par Jason Denayer, l’Uruguayen avait réussi à s’extirper du marquage du Belge pour se présenter seul face à Anthony Lopes. Léo Dubois surgissait alors pour empêcher l’attaquant de tirer, puis coupait la ligne de passe vers Lionel Messi, et enfin se replaçait rapidement pour contrer la tentative de l’Uruguayen. Autant dire que sans lui, il y aurait eu but. Une performance XXL qui intervient comme une confirmation d’une très bonne saison, en dépit des blessures.

S'il y a une véritable refonte du poste de latéral droit en équipe de France, Léo Dubois a toutes ses chances.

Emile Gillet