22nd March 2019 - International Friendly - Argentina v Venezuela - Leandro Paredes of Argentina - Photo: Simon Stacpoole / Offside. *** Local Caption *** (Simon Stacpoole/OFFSIDE/PRESSE/PRESSE SPORTS)

Leandro Paredes (PSG), prophète en son pays

Véritable énigme au Paris Saint-Germain, Leandro Paredes a l'occasion de reprendre quelques couleurs avec l'Argentine cette semaine. Une sélection où, apprécié de tous, il semble exploiter la pleine mesure de son talent. Décryptage d'un joueur à deux facettes.

A l’hiver 2018, l’entrejeu parisien était un néant absolu. Justifiant de facto la signature de Leandro Paredes, qui avait apaisé le Camp des Loges tant il collait a priori à l’ADN PSG. L’élimination prématurée en Ligue des champions et le souk de fin de saison n’aidant pas, l’ancien du Zénith n’a pas su tirer son épingle de jeu. Ni séduire un Parc des Princes qui en attendait beaucoup et en a reçu peu, au point de se demander comment 47 millions d'euros ont pu sortir de la tirelire qatarie pour un joueur d’un tel niveau. Plus personne ne s’est alors étonné de son évincement des plans de Thomas Tuchel, y compris au profit du gamin Adil Aouchiche.

Pour épauler Marco Verratti, on scrute Idrissa Gueye, patiente pour Herrera voire s’interroge sur un repositionnement de Marquinhos. On ne se préoccupe plus tellement du numéro 8 parisien. Cette période de trêve internationale fait justement apparaître toute la complexité et le paradoxe du dossier Paredes. Le natif de San Justo, au cœur de la couronne urbaine de Buenos Aires, vient en effet de plier bagage pour l’Amérique du Sud, où il sera des deux rencontres amicales opposant l’Argentine au Chili puis au Mexique. Loin d’être une surprise puisqu’il est un indéboulonnable de Lionel Scaloni, qui l’a fait participer à l’intégralité de la Copa America, de la défaite inaugurale face à la Colombie (0-2) à la troisième place prise au Chili (2-1). Si l’Albiceleste, minée par les querelles internes, n’a peut-être plus son lustre d’antan, la performance n’est pas à renier. Qui plus est quand la CONMEBOL décide d’en faire son seul Argentin du onze type de la compétition.

Taulier d'une sélection en chantier

L’histoire de Leandro Paredes, c’est donc celle d’un joueur de moins en moins indiscutable en club et de plus en plus avec sa sélection. Car de toutes les réunions du coach Scaloni depuis sa prise de fonction en 2018, il n’en a pas manqué une seule. Et au sein d’un pays où seul le roi Messi (et encore) fait l’unanimité et dans lequel tous les cadres sont tôt ou tard questionnés, sa présence ne fait pas l’ombre d’un doute. De Giovani Lo Celso à Roberto Pereyra en passant par Rodrigo de Paul, aucun ne s’est installé comme lui pour épauler le quintuple Ballon d’Or et Angel Di Maria. Scaloni a beau tester toutes les formules possibles et inimaginables au milieu (en 4-4-2, en 4-2-3-1, en 4-3-3…), toutes intègrent Leandro Paredes dans leurs rangs.

D’aucuns railleront l’absence de réelle concurrence à son poste. A raison car, effectivement, cette Argentine n’est plus celle des Juan Sebastian Veron ou des Diego Simeone. De relatifs inconnus, tel Guido Rodriguez, y ont même leur chance. Les autres préféreront congratuler un joueur qui, au gré des vents et marées d’une sélection parfois sans âme, garde sa place de titulaire au mérite. Ceux-là aussi détiennent une part de la vérité. Du côté de la presse argentine, on explore davantage la seconde option. En appuyant sur des chiffres qui parlent unanimement pour le numéro 5. 91% de passes réussies sur l’ensemble de la Copa America, dix récupérations par match en poule (meilleur total) et un travail abyssal au cœur du jeu. Avec, qui plus est, des prises de risque à la projection et des frappes lointaines souvent dangereuses. A tel point que le quotidien Olé ne questionne plus sa place, mais l’animation à ses côtés : «Les doutes ne se posent pas à propos de son jeu, mais du manque de partenaires autour de lui, et de la difficulté de construire un système adapté à ses qualités». Construire autour de Paredes, une idée reprise par La Nacion qui le qualifie de «pierre angulaire». Et Olé d’oser la comparaison avec deux autres cinco (meneur de jeu reculé en Argentine) historiques, Redondo et Gago.

Un profil incompatible au PSG ?

Mésestimé dans la capitale, Paredes ? Ancien défenseur du FC Nantes, Nicolas Gillet émet une autre hypothèse. «En sélection, il y a moins de pressing, les joueurs ont de la liberté pour organiser et construire le jeu. En club c’est plus compliqué, la pression peut être très intense». Un élément intéressant pour expliquer les difficultés de Paredes dans l’Hexagone. Souvent contrarié à peine le cuir réceptionné, l’Argentin voit sa marge de manœuvre se réduire et se contente trop souvent de passes latérales sans rythme. A rebours total des transmissions à l’aveugle dont il est un spécialiste et qui cassent si souvent les lignes. A côté de Marco Verratti, la comparaison fait d’autant plus mal. Et incite Thomas Tuchel à opter pour un profil plus travailleur dont il dispose maintenant avec Idrissa Gueye, voire Ander Herrera.

Déjà catalogué de nouveau Yohan Cabaye en France, dernier fiasco hivernal en date dans le milieu de terrain parisien, Paredes conserve un soutien sans faille sur ses terres natales. Et gare à ne pas l’enterrer trop vite selon Sergio Saturno, son formateur à Boca. «Je reste convaincu qu’il peut s’imposer dans n’importe quel club du monde. Ce n’est pas un joueur très vif ni physique, mais il pense plus rapidement que la moyenne. Et il n’a pas atteint sa pleine mesure», soutient-il en substance. D’autant que, fidèle à sa réputation, l’ancien de la Roma ne souffle pas mot de ses contrariétés mais tâche de durcir son jeu et d’étaler son caractère. Une qualité qui a cruellement manqué à Paris lors de ses derniers grands rendez-vous.

Corentin Rolland