(L'Equipe)

Le tacle à retardement de Julien Cazarre : Faites André l'accusé

Dans son dernier tacle à retardement, issu du nouveau numéro de FF, Julien Cazarre se penche sur le bilan d'André Villas-Boas. Faites entrer l'accusé.

Quel lâche ! Non, mais vraiment, ça se fait pas, sérieux ! Le mec se tire juste avant le clasico, au moment où on a le plus besoin de lui. Bon, OK on voulait tous qu’il se barre et on ne comprenait plus rien à ses compos ni à sa com’ et on priait chaque jour la Bonne Mère pour que le cauchemar s’arrête et qu’on nous rende Bielsa. Mais c’est pas à lui de décider. C’est toujours plus compliqué de se faire larguer, même si ton mec ou ta nana te saoule et que tu rêves secrètement du palier d’en face. Ça pique toujours un peu les yeux et plus bas quand c’est pas toi qui claques la porte en premier. Posons-nous deux secondes pour examiner la situation avec la tête froide en oubliant que, dans certaines régions de l’Hexagone, ça paraît compliqué, même avec la tronche coincée dans le congélo entre les Mr. Freeze et les bâtons de colin. Le père Villas-Boas, il nous avait déjà lancé quelques signaux de détresse qui annonçaient une carapate aux premières emmerdes. Pour commencer, le mec arrive peinardos et détendu, costard cintré, sourire et mèche bouclée maîtrisée. T’avais l’impression qu’une chanson de Julio Iglesias le suivait au pas et qu’un soupçon de parfum Givenchy embaumait la pièce. Le problème, c’est qu’il n’arrivait pas à la Scala de Milan ni à l’opéra Garnier mais sur la Canebière et le Vieux-Port, là où l’on entend plus souvent chanter les poissonnières à la criée que les cantatrices mezzo... La dernière soprano qu’on a vue dans le coin, c’est le rappeur des Psy 4 de la rime. Alors, oui, il n’est pas italien mais portugais, ce qui laissait présager un côté moins showbiz. Eh bien, tout faux, messieurs-dames : rien que son accent, c’est pas vraiment du portugais et je ne suis même pas sûr qu’il comprendrait un traître mot d’une conférence de presse de Leonardo Jardim. Second indice : le charmeur du estadio do Dragao annonce dès son arrivée qu’il n’a pas besoin du foot pour vivre, que sa passion c’est le voyage et le Dakar, et que son rêve c’est d’être président du FC Porto.

«Effectivement, le 13 était prémonitoire et son équipe atteindra le nombre record de 13 défaites d'affilée en Ligue des champions»

Donc, t’as compris qu’il n’est pas là pour se prendre la tête avec Bebel du Panier et Mounir de la Castellane sur la titularisation de Cuisance à la place de Rongier. Le type n’est pas plus débile qu’un youtubeur et a très vite compris qu’il n’obtiendrait pas des miracles de son équipe de bras cassés mais, qu’avec un peu de motivation, ça pouvait faire le braquage du siècle. Bien vu : à la faveur d’un arrêt de la Ligue 1 à la 28e journée, le v’là parachuté en Ligue des champions. Il sent bien qu’on ne gagne pas deux fois d’affilée au loto et reniflant l’éviction de «Zubi, le roi du zeubi», il lie son destin au grand tout mou catalan. Malheureusement, il se laisse griser par la ferveur populaire qui voit en lui le Moïse qui écartera les équipes sur son passage pour amener la cité phocéenne sur le Mont Sinaï de l’Europe... Il a rêvé du 13 qui entre dans l’histoire du football pendant la nuit et s’est dit «13, c’est un signe. Le 13, c’est l’OM, c’est notre année en LDC...» Effectivement, le 13 était prémonitoire et son équipe atteindra le nombre record de 13 défaites d’affilée en Ligue des champions. Si l’on ajoute à cela un président qui fait plus de vannes à chaque intervention que tous les gugusses du Jamel Comedy Club en une soirée, un directeur sportif qui ressemble plus à Casper qu’à Gandhi et des supporters qui peuvent te faire passer du toit d’un bus à impériale au coffre de bagnole, t’as le cocktail parfait pour avoir envie de te barrer. CQFD... Adeus a Todos et Boa Noite.

Julien Cazarre

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