Andre Schurrle of Borussia Dortmundduring the Bundesliga match between Borussia Dortmund and Schalke 04 on October 29, 2016 at the Signal Iduna Park stadium in Dortmund, Germany. *** Local Caption *** (ANP SPORT/PRESSE SPORTS/PRESSE SPORTS)

Le suivi psychologique des footballeurs de haut niveau est-il suffisant ?

Vendredi, André Schürrle a annoncé sa décision de mettre un terme à sa carrière professionnelle, à l'âge de 29 ans. Le cas du champion du monde allemand, usé par les exigences du très haut niveau, illustre certaines difficultés psychologiques à résister à la pression. Les joueurs sont-ils suffisamment accompagnés ?

«Je n'ai plus besoin d'applaudissements.» À seulement 29 ans, André Schürrle a choisi de dire stop. Six ans après avoir inscrit un doublé en demi-finales de la Coupe du monde face au Brésil (7-1) puis délivré la passe décisive en finale contre l'Argentine (1-0 a.p.), l'ailier allemand a décidé de tourner le dos à un «business» qui l'a usé. Touché par la solitude, l'ancien joueur de Leverkusen, Chelsea, Wolfsburg ou Dortmund a expliqué au magazine Der Spiegel sa fatigue mentale : «Les bas sont devenus très bas et les hauts de plus en plus rares.» Si Schürrle a vécu de grands moments, à commencer par ce sacre mondial en 2014, il dénonce un système qui n'aide pas à confesser ses doutes. «Il faut toujours jouer un certain rôle pour survivre dans ce business, sinon tu perds ton boulot et tu n'en retrouves pas d'autre.»

En Allemagne, forcément, ses déclarations ont résonné assez fort, dans un pays qui a connu des carrières et des vies brisées par des tourments psychologiques. Onze ans après les faits, le suicide de Robert Enke, gardien international qui évoluait alors à Hanovre, est toujours dans les mémoires. Quelques années plus tôt, Sebastian Deisler, un des joueurs les plus doués de sa génération, avait dû être hospitalisé à 23 ans avant d'arrêter sa carrière quatre ans plus tard. Rongé par la pression et la dépression. En Grande-Bretagne aussi, certains drames ont éveillé les consciences, notamment le suicide du sélectionneur gallois Gary Speed en 2011.

Peu avant la Coupe du monde 2018, l'international anglais Danny Rose s'était confié sur sa dépression, précisant que «personne n'était au courant» de ses troubles. Un an plus tôt, Aaron Lennon (ex-Tottenham) avait été hospitalisé pour «une maladie liée au stress». Si le prince William a récemment mis l'accent (via un documentaire et diverses interventions au sein des clubs de Premier League) sur ce problème d'envergure et le manque de suivi psychologique au sein des clubs de très haut niveau, la situation a-t-elle vraiment évolué ? La machine à laver du football professionnel rongera-t-elle d'autres joueurs, gâchera-t-elle d'autres carrières, si ce n'est d'autres vies ? Il s'agirait de grandir, non ?

Deisler, Enke, Speed, Rose, Lennon... Quand la pression entraîne la dépression