Ronaldinho est détenu au Paraguay. (J. Adornpo/Reuters)

Le récit de l'affaire Ronaldinho au Paraguay

Pendant que certains fêteront leur anniversaire chez eux, confinement oblige, d'autres le passent en prison. Comme Ronaldinho, 40 ans ce samedi, et incarcéré au Paraguay. Pourquoi, comment et dans quelles conditions ? La petite histoire racontée par Nico Lithitx, journaliste local pour Tico Sports.

Mercredi 4 mars : l'arrivée

«Ronaldinho est arrivé au Paraguay le mercredi matin. C'était presque un événement. Il a fait son arrivée dans une ambiance très joyeuse. Beaucoup de personnes l'attendaient. C'était l'occasion de voir de très près une star mondiale. Dans son témoignage, il dit qu'il est venu au Paraguay car il y était invité par un casino. Mais en réalité il venait à la capitale Asunción pour organiser le lancement d'un livre sur lui qui sera publié plus tard.»

Vendredi 6 mars : l'arrestation

«Le 4 au soir, la police s'est rendue à son hôtel et a saisi ses faux documents. Ils l'ont reconnu, donc c'était simple de voir que son passeport était faux. Sur ses papiers, c'était marqué que Ronaldinho était naturalisé paraguayen. La raison pour laquelle il a utilisé un faux passeport est encore très floue. Il a simplement dit à la police que c'était un cadeau du pays et qu'il l'avait utilisé sans réfléchir. Le document a tout de même été vérifié. Une fois qu'il a été reconnu comme faux, le processus a commencé. Il a été arrêté le vendredi, et a tout de suite été conduit en prison.»

Depuis le 6 mars : la prison

«Ronaldinho n'est pas derrière les barreaux comme certains peuvent l'imaginer. C'est plus une chambre-cellule. Il a notamment la télévision et l'air conditionné. Il est dans un quartier spécialisé de la prison, avec un bien meilleur traitement que dans une prison classique. Il pouvait recevoir des amis il y a quelques jours encore. Maintenant ce n'est plus possible à cause du coronavirus.»

«Il est dans un quartier spécialisé de la prison, avec un bien meilleur traitement que dans une prison classique.»

Lundi 9 mars : la démarche judiciaire

«Ses avocats ont requis que Ronaldinho soit emprisonné dans une maison à Asunción dès le premier jour. Mais le juge a refusé car ils n'ont pas présenté les documents précisant l'adresse et le propriétaire de la maison, entre autres. Quelques jours après, le lundi, ils ont déposé la même requête. Elle a été refusée une fois de plus, mais pour une autre raison. Le juge estimait qu'il y avait un danger que Ronaldinho quitte le pays. Maintenant, il n'a rien d'autre à faire qu'attendre. Ceux qui travaillent sont les avocats. Après les échecs de la demande de l’assignement à résidence, ils doivent trouver d'autres stratégies juridiques. Et ça va prendre du temps. Il est accusé d'avoir utilisé des faux papiers, mais il y a aussi une rumeur qui parle de blanchiment d'argent. Pour l'instant ce n'est qu'une spéculation. Peut-être parce que les taxes sont moins importantes au Paraguay. Mais pour l'instant ce ne sont que des hypothèses.»

Samedi 14 mars : le match

«Après plusieurs jours dans la section spécialisée de la prison, il a été encouragé à jouer au football. Ce n'était pas vraiment un tournoi à proprement parler. Mais plutôt un match à enjeu. L'équipe vainqueur, la sienne, a remporté un porcelet. Ce n'était pas très difficile pour Ronaldinho de marquer plusieurs buts. Il était impliqué sur tous les buts de son équipe, avec 5 réalisations et 6 passes décisives.»

Les conséquences sur le pays

«Contrairement à ce que l'on pourrait penser, ce n'est pas une belle publicité pour le pays. En réalité, beaucoup de personnes ont été licenciées suite à cette histoire. Notamment au service de l'Immigration, parce que ce passeport a quitté le pays. Mais aussi parce que Ronaldinho a pu rentrer dans le pays alors qu'il a utilisé des faux papiers à l'aéroport. Ils l'ont laissé rentrer alors qu'il aurait dû être retenu sur place. Ici, on se questionne sur le fait que les choses n'ont pas été faites correctement. Maintenant, le système judiciaire veut montrer au monde que les justes mesures vont être prises. Peut-être que le juge sera dur volontairement pour montrer l'exemple. Mais en même temps, je pense que le peuple veut que Ronaldinho soit libéré.»

Emile Gillet