rabiot (adrien) (A.Reau/L'Equipe)

Le PSG peut-il vraiment gagner la Ligue des champions avec un milieu de terrain à deux composé de Verratti et Rabiot ?

Face à Naples, le PSG a montré ses limites au milieu du terrain. Posant une nouvelle fois le problème de l'absence d'un véritable numéro 6. En Ligue des champions, le constat est terrible.

La question est simple, et mérite de se poser quelques secondes, une nouvelle fois : parmi les grands clubs européens, qui aspire à faire partie du dernier carré de cette Ligue des champions, voire à la remporter, en n'alignant pas régulièrement un joueur capable de ratisser, de faire preuve d’un abattage efficace et même de mettre certains coups quand cela est nécessaire ? Le Real a Casemiro, le Barça a Busquets, le Bayern a Martinez, Chelsea a Kanté, Manchester City a Fernandinho, etc. Et le PSG ? Personne de ce niveau. On le sait, et cela a assez fait couler d’encre comme ça, la quête d’un numéro 6 a échoué l’été dernier pour trouver un successeur à Thiago Motta. Lassana Diarra n'étant pas dans les plans de Thomas Tuchel, ce dernier fait donc avec les moyens du bord. On se souvient par exemple du test bien compliqué de Marquinhos au milieu. Ambitieux dans le jeu et dans l’envie de porter le danger offensivement, l’ancien technicien de Dortmund a depuis plusieurs semaines opté pour un 4-2-3-1 avec Neymar en position de meneur de jeu et un Di Maria sur l'aile.

Ancelotti connaissait trop bien Verratti...

Au milieu, le duo Verratti-Rabiot s’est depuis logiquement installé. Avec succès, en Ligue 1, Paris marchant sur son Championnat. Face à Naples, ce système à deux passait un véritable test. Car si Marquinhos avait été titularisé dans un trio à Liverpool, c’était la première fois en C1 que Paris alignait un milieu à deux dans un match à enjeu. Avec une mention passable, au mieux. Avec le constat suivant qui peut se poser : cette association Rabiot-Verratti ne peut visiblement pas mener le PSG tout en haut. Du moins pas avec ce visage-là. Oui, Carlo Ancelotti connaissait parfaitement ses anciens joueurs et avait préparé minutieusement son plan, mais c’est vraiment à se demander si ces deux éléments ont véritablement les capacités pour hausser leur niveau à la hauteur des exigences d'un candidat à la couronne. Les deux éléments ont subi une leçon de pressing et d’intensité face aux Allan, Hamsik et consorts qui ont très (trop) souvent régné au milieu. "Petit Hibou", qu’on a trouvé encore moins bon que son compère, n’a jamais trouvé la bonne carburation, cherchant presque à se faire une place dans ce match. Il a pu protéger son ballon et trouver quelques passes, mais ses initiatives n’ont été que trop peu nombreuses et on aurait presque envie de penser que Carlo Ancelotti maîtrise tellement bien son profil qu’il a adopté exactement ce plan pour éteindre celui qu’il qualifie comme «l’un des meilleurs milieux au monde» dans nos colonnes cette semaine.

En fait, en regardant le match de mercredi, le constat était simple : face au Napoli, notamment dans une première période quasiment à sens unique, Verratti et Rabiot ont été étouffés par les intentions très hautes des Italiens. Leur seule respiration résidait dans la recherche de la bonne passe dans l’intervalle qui pouvait alors mener à un contre (7e, 14e, 18e, 28e). Rabiot est d'ailleurs parvenu à s'en sortir quelques fois. Mais de nombreux problèmes se posaient alors :

-Ces intervalles n’étaient que très rares.
-Lorsque la différence était faite, il manquait la lucidité pour faire le bon geste comme sur cette percée de Rabiot qui hésitait avant de servir un coéquipier (28e).
-Dès que l’un des deux se projetait, Paris devenait très vulnérable dès qu’un contre napolitain était enclenché. Le déséquilibre était tout trouvé.

C’est ainsi qu’on voyait par exemple un Rabiot presque essoufflé et largement en retard sur ce mouvement rapide du Napoli pour la frappe finale de Calejon sur Areola (25e). Difficile, en effet, avec leur profil et leur envie, d'aller vers l'avant, de véritablement ratisser et d’avoir un impact constant à la récupération. Et, tout simplement, à l’image de Rabiot, il est quasiment impossible d’obliger un joueur à changer son football. Paris a tout essayé (enfin presque), mais vous ne verrez jamais le milieu français enchaîner les sprints et avoir la carrure d’un récupérateur pur. Ce n’est pas dans sa nature. Il a déjà montré qu’il ne souhaitait pas évoluer en numéro 6. Sur le second but napolitain, certes peut-être marqué physiquement par ses nombreux kilomètres parcourus, on ne l’a pas vu se dépasser pour aller s’arracher et pourquoi pas empêcher l’action d’aller à son terme. Quand, dans le même temps, Verratti était dépassé dans l’engagement en laissant Fabian Ruiz avancer tranquillement vers le but d’Areola.

Verratti-Rabiot, un duo livré à lui-même

Mais attention, loin de nous l’envie de faire l’unique procès de Verratti ou de Rabiot. Car le duo est par exemple loin d’être aidé correctement par les efforts défensifs du quatuor offensif (Di Maria, Neymar, Cavani, Mbappé). Du côté de Naples, on a vu bien plus d’initiatives des Insigne, Callejon ou Mertens dans le repli. On a vu un collectif, tout simplement. Ce qui semble manquer à ce PSG dans les grands matches. Aussi, Thomas Tuchel, qui a été dominé par Carlo Ancelotti, n’avait-il peut-être pas le devoir de changer ses plans et de renforcer quelque peu ce milieu à la pause pour stopper certaines hémorragies dans le secteur ? Quitte à aller à l’encontre de certains principes adoptés en remettant Neymar sur un côté pour rééquilibrer le tout ?

Oui, après le repos, et pendant vingt grosses minutes, Paris s’est remis à l’endroit, mais ça n’a duré qu’un temps et son duo de milieux, un peu plus tranquille qu’en première, a été tout aussi inoffensif. À l’image de deux centres ratés coup sur coup par Rabiot au début du deuxième acte. L’illustration, donc, que ce PSG ne semble pas avoir les moyens, du moins les profils de joueurs, pour s’en sortir dans une partie du terrain cruciale dès que le niveau est très élevé. On a déjà hâte de voir l'option prise par Thomas Tuchel dans les prochaines semaines lors des matches retours face au Napoli et à Liverpool...

Timothé Crépin