(L'Equipe)

«Le meilleur défenseur du monde», «le joueur que tout le monde rêverait d'avoir» : Virgil van Dijk (Liverpool) vu d'Angleterre

Fraîchement élu meilleur joueur de Premier League par ses pairs, Virgil van Dijk ne cesse d'impressionner la planète football. Tour d'horizon de ce qui se dit dans la presse anglaise sur l'ancien du Celtic.

Après avoir sué sang et eau samedi soir sur la pelouse du St James' Park de Newcastle, Liverpool s'en est remis à l'un de ses hommes providentiels pour continuer à caresser l'espoir d'être sacré champion d'Angleterre pour la première fois depuis vingt-neuf ans. Auteur du premier pion de la rencontre à la faveur d'un joli coup de casque, Virgil van Dijk est aussi l'homme qui a permis à Liverpool de l'emporter en toute fin de rencontre, en insistant pour que Shaqiri, tout juste entré en jeu, bote le coup franc qui amènera finalement le but de la délivrance, planté par Origi (2-3). De quoi se faire pardonner sa piètre partition en demi-finale aller de Ligue des champions dans l'antre de la bande à Messi ? Un peu, oui. Parce qu'au bénéfice de cette victoire, Liverpool reprenait tout de même - provisoirement - le trône de leader devant Manchester City. Et s'il s'est loupé dans les grandes largeurs mercredi dernier au Camp Nou, Van Dijk, récompensé depuis peu du titre de meilleur joueur de Premier League à la cérémonie des PFA Awards, réalise une saison tout bonnement exceptionnelle. Et ça, il ne faut pas l'oublier.

Le joueur que tout le monde rêverait d'avoir

En décembre dernier, le Daily Mail le martelait : le Néerlandais a toutes les qualités requises pour devenir une véritable légende du Championnat d'Angleterre. «Pensez aux quelques meilleurs défenseurs de l'histoire de notre Championnat : Terry, Vidic ou encore Ferdinand. Et bien Van Dijk est une combinaison parfaite des trois». Rien que ça. Qualifié de «brillant leader» par le quotidien anglais, Van Dijk a tout pour marquer son temps et devenir «le plus grand défenseur de l'histoire de Premier League» assenait encore le Daily Mail. Mais pour cela, l'ancien des Saints devra aussi «remporter des trophées». Après avoir été sacré par ses pairs, Van Dijk, décrit comme un «roc», était salué par le Guardian «pour sa saison quasi-parfaite avec les Reds». Au demeurant, le joueur de 27 ans avait toutes les faveurs du journal, qui militait corps et âme pour qu'il soit élu meilleur joueur de l'exercice 2018-2019 du Championnat d'Angleterre devant Eden Hazard et consorts. Et pour justifier ce soutien sans faille, le Telegraph affirmait qu'il était temps de mettre fin aux «décennies d'injustice qui frappent les défenseurs». C'est désormais chose faite. Et les mots doux à l'égard du joueur ne s'arrêtent pas là.

Ce triomphe devant la horde de stars d'outre-Manche est, selon bon nombre de médias anglais, une juste récompense pour l'ancien de Groningue, dépeint par le Daily Star en décembre dernier et la BBC au mois de mars comme «le meilleur défenseur central de la planète». Pourtant, son arrivée de Southampton en janvier 2018 contre une somme astronomique - plus de 75 millions d'euros - laissait ce même quotidien perplexe après quelques résultats en dents de scie. «Liverpool a besoin de plus que de l'arrivée de Van Dijk pour corriger ses défauts. La stabilité défensive des Reds reste fragile et le problème est bien plus profond que cela». Depuis, plus personne ne remet en cause l'apport de l'international hollandais, en passe de «devenir une légende» des Scousers. Déjà. «Brillant», le défenseur central pourrait s'accommoder de n'importe quel contexte à en croire la BBC. «Il a un sang-froid, un physique et une qualité technique sensationnels. Il pourrait faire du bien à n'importe qui. À chaque équipe. C'est surprenant qu'aucun gros club n'a essayé de le piquer à Southampton avant que Liverpool ne le fasse». Alan Shearer, lui, est marqué par le calme de Van Dijk. «Il est imperturbable». En même temps, comme le rappelait cette même BBC, il est difficile de troubler un joueur qui ne s'est plus fait dribbler une seule fois en Premier League depuis plus d'un an maintenant.

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«Il a un sang-froid, un physique et une qualité technique sensationnels. Il pourrait faire du bien à n'importe qui. À chaque équipe»

Sur BT Sport, Rio Ferdinand a de son côté préféré pointer du doigt la responsabilité du défenseur central de Liverpool sur le premier but inscrit par Suarez. Florilège : «Il est en faute, son erreur est criminelle. Il peut le voir (Suarez) partir, le suivre, il était juste devant lui. Ce n'est pas sorcier». L'ancien entraîneur des Gunners Arsène Wenger, aujourd'hui consultant BeIN Sports, souscrivait à la même thèse. «C'est intéressant parce que Van Dijk couvrait, mais il aurait dû accompagner Suarez. Un défenseur de cette qualité ne peut pas le laisser prendre l'espace comme ça. Au début, pourtant, son placement n'est pas forcément mauvais, mais il a refusé le duel». Après avoir englouti bon nombre de louanges, Van Dijk voit depuis quelques jours quelques critiques pointer le bout de leur nez. Difficile à accepter au vu de la saison du bonhomme.

La déception Barca

Toute la planète football attendait ce moment, ce duel face à Messi. Mais il n'en aura rien été. Alors qu'il était attendu de pied ferme par l'ensemble des observateurs, Van Dijk a globalement déçu contre le FC Barcelone en demi-finale aller de Ligue des champions. Et le quotidien The Independent n'a pas caché son amertume. «S'il a récemment été élu meilleur joueur du Championnat d'Angleterre par ses pairs, Van Dijk n'a pas trouvé le moyen de stopper Lionel Messi». Même son de cloche du côté du Telegraph, qui regrette que la confrontation tant espérée entre le meilleur joueur de la planète et le meilleur joueur de Premier League ait finalement accouché d'une souris. Le principal intéressé, lui, a concédé la supériorité de la Pulga. «C'est un joueur fantastique, c'est assez évident. Ce qui est difficile avec lui, c'est quand on attaque, il vient se placer quelque part, dans un coin ou ailleurs, il attend, témoignait Van Dijk en zone mixte après la défaite des siens. C'est le meilleur joueur du monde, il a ce petit plus en lui qu'il a démontré au fil des années».

«Il est en faute, son erreur est criminelle. Il peut le voir (Suarez) partir, le suivre, il était juste devant lui. Ce n'est pas sorcier.» (Rio Ferdinand sur BT Sport)

En somme, si Van Dijk en prend pour son grade, ce n'est pas anormal. Mais le Néerlandais semble manger pour les autres, comme s'il était le seul à défendre les cages des Reds. Un peu facile, tant on a tendance à oublier que le football est avant tout un sport collectif. Sans doute un peu touché, le Néerlandais a voulu faire taire ses quelques détracteurs. Mission réussie ce week-end. Ainsi, le Daily Express a salué l'influence de Van Dijk sur la façon dont le coup franc de la dernière chance amenant le but salvateur d'Origi a été frappé : «La décision de Van Dijk a porté ses fruits et sauvé les siens». Le Daily Mail lui emboîte le pas : «Virgil van Dijk a fait passer son leadership à un stade supérieur ce samedi. Son intervention a été vitale pour continuer de croire au titre». Cependant, il faudra bien plus qu'un but et une incidence positive sur la façon de tirer un coup franc pour éliminer les poulains d'Ernesto Valverde.

Mehdi Arhab