le joncour (florian) (L'Equipe)

Le Joncour grandit vite

Non conservé par Guingamp à dix-huit ans, Florian Le Joncour est revenu dans le monde pro par la grande porte cet été en signant avec le SM Caen. Après deux saisons remarquables et remarquées à Concarneau, le grand (1,93m) défenseur central n'a peut-être pas terminé son ascension express.

«Ça n'a rien à voir !» Pour Florian Le Joncour, terminé les journées à rallonge entre les études la journée et les entraînements le soir. Depuis la semaine passée, le défenseur de vingt ans est plongé dans la préparation du SM Caen, avec ses doubles séances quotidiennes sous une chaleur étouffante. Une grande première pour lui. «Il faut gérer, faire des siestes, s'hydrater. On essaie de prendre tous les petits moments pour se reposer, explique le nouveau numéro 29 (en référence à son département d'origine, le Finistère) du club normand. Tout change : les fréquences d'entraînement, ne faire que ça, il y a plein de petits détails qui m'ont fait me rendre compte que je suis bel et bien passé dans le monde pro ! Plusieurs cadres viennent me parler, m'expliquer comment ça fonctionne et comment appréhender tout ça
 
Et Le Joncour a bien besoin de quelques conseils, lui qui évoluait encore en DSE (septième échelon national) il y a à peine plus d'un an, avant d'exploser la saison passée en CFA avec l'équipe première de Concarneau. «Une étape essentielle, notamment sur le plan mental», avoue-t-il. Jeu de tête, relance, lecture du jeu, ses qualités ont vite dépassé les frontières du monde amateur, à tel point qu'il a très vite compris qu'il allait pouvoir signer un premier contrat professionnel à l'intersaison. «A partir de janvier, quelques clubs de L2 s'intéressaient à moi, puis on est passé à des clubs de L1... C'est vers le mois d'avril que j'ai choisi de privilégier l'élite. Pour ne pas m'enflammer, j'essayais de ne pas trop penser à tout ça, de me concentrer sur les études parce que je voulais vraiment valider mon année. Et puis on a joué la montée avec Concarneau pendant un bon bout de temps

«Mon départ de Guingamp ? Je l'avais senti venir...»

Découvrir la Ligue 1 à vingt ans, Florian Le Joncour en avait souvent rêvé, lui qui a été formé à l'En Avant Guingamp avant d'être poussé vers la sortie à dix-huit ans. «A l'époque, les explications étaient claires : il y avait déjà en U19 un joueur d'un profil identique au mien et une grosse génération 1996 qui arrivait. Ils préféraient garder cette promo et faire un tri sur les 1995. Je ne l'ai pas mal pris parce que je m'y attendais, je l'avais senti venir... Je m'y étais donc préparé et au moment où Lionel Rouxel me l'a annoncé, je me projetais déjà vers la saison suivante, ailleurs.» C'est donc avec un «sentiment particulier» mais sans aigreur que Le Joncour a retrouvé l'EAG en mars dernier, en quarts de finale de la Coupe de France (1-2).
 
En revanche, si un paquet d'écuries de L1 l'ont contacté ces derniers mois, Guingamp s'est abstenu. Et Caen a raflé la mise. «C'est le club qui me correspondait le mieux. Et puis ils sont venus rapidement et avec des propositions concrètes.» Loin de faire un pari dans le vide, le staff malherbiste l'a installé numéro quatre dans la hiérarchie des défenseurs centraux, derrière Damien Da Silva, Alaeddine Yahia et Syam Ben Youssef. La saison dernière, l'arrière-garde caennaise a beaucoup tourné, alors Le Joncour aura certainement sa chance. De là à se frotter dès les prochaines semaines à Ibrahimovic, Cavani ou Lacazette, il n'ose pas (encore) rêver tout haut : «Avant tout ça il y a pas mal de travail à produire ! Mais j'espère que ça arrivera. Il ne faut pas brûler les étapes, j'ai déjà du retard à rattraper sur mes coéquipiers, qui ont l'expérience de ce niveau.» La marche est haute, mais Florian Le Joncour en a déjà gravi quelques-unes en peu de temps.
 
Cédric Chapuis, @cedchapuis