(L'Equipe)

Le dernier tacle à retardement de Julien Cazarre : Euro-sceptique

Comme chaque semaine, Julien Cazarre glisse son tacle à retardement dans France Football. Il revient cette fois sur le coronavirus, le confinement et le report de l'Euro.

La nouvelle est tombée comme une bombe : l’Euro 2020 est reporté à l’année prochaine !!! Enfin... La nouvelle est tombée comme une bombe à eau. On a vu le peu de cris d’orfraie qui ont suivi cette nouvelle. Et encore, pas la bombe à eau qui te tombe sur la tronche en novembre alors que t’as déjà les os glacés depuis une heure et qui te donne envie de buter le gamin du cinquième qui trouve ça drôle et qui mériterait un pass navigo annuel pour le bus de Michel Fourniret... Non, la bombe à eau du mois d’août à Lisbonne sous 45 °C qui te décroche un sourire et un pouce levé accompagné d’un "obrigado" tant la chaleur est pesante.

Aucun débat, et pourtant on n’a que ça à foutre de se lamenter de l’annulation de cette compétition si chère à nos cœurs puisqu’elle est la première gagnée par une équipe nationale française et que l’on est l’une des nations à laquelle elle réussit le mieux. Trois finales, m’sieurs dames, c’est pas rien ! Alors, pourquoi j’ai la forte impression que tout le monde est soulagé que la Ligue des champions ne soit pas annulée mais remplace notre chère compète ? Ben déjà, première raison : le pays organisateur ne sera pas vexé qu’on annule vu qu’il n’y a pas de pays organisateur... Y en a douze ! «Ouais, génial...» Alors qu’on sait tous que c’est l’idée la plus conne depuis l’ouvre-boîte électrique et les 35 heures (oui, je sais, j’avais le poster Génération Mitterrand dans ma chambre, mais y a des limites bordel !).

Passons sur le fait que, vu la forme actuelle des joueurs de l’équipe de France, le report nous permet d’affirmer que Deschamps n’a plus une chatte mais un régiment de tigresses enragées. Et concentrons-nous sur le faible intérêt que nous portons à l’annulation de cet événement populaire. Déjà, comme un enfant pas encore né, on n’a pas eu le temps de s’attacher et personne ne peut dire : «Oh ben, c’est relou, on était hyper bien engagé, là !» J’ai aussi une explication qui va faire sauter au plafond comme un but refusé par le VAR à la dernière minute de jeu, mais tant pis. À la différence du supportérisme de club, l’équipe nationale c’est l’élément fédérateur d’un peuple qui permet une fois tous les deux ans d’être tous frères et unis dans un combat dont l’issue nous permettra de nous rouler des pelles, bourrés, place de la République, des Quinconces ou Bellecour.

Le petit hic, c’est qu’avec ce putain de virus qui vient de la Chine, dont on pensait que le seul danger était Mediapro, on a déjà un combat national qui va nous souder (en nous écartant d’un mètre minimum) et la compète est partie pour durer plus d’un mois. On sait tous qu’au lendemain de la finale de ce «tournoi» on sera dans la rue comme en 1998 ou en 1945, plus ivres que Neymar à l’anniv’ de sa sœur. Alors, franchement, l’Euro...

Julien Cazarre

Vu la forme actuelle des joueurs de l'équipe de France, le report nous permet d'affirmer que Deschamps n'a plus une chatte mais un régiment de tigresses enragées.