Soccer Football - Serie A - Juventus v Atalanta - Allianz Stadium, Turin, Italy - May 19, 2019 Juventus' Cristiano Ronaldo poses as he celebrates winning Serie A with the trophy REUTERS/Massimo Pinca (Reuters)

Le bilan de la première saison de Cristiano Ronaldo à la Juventus Turin

Arrivé en grande pompe l'été dernier dans le Piémont, Cristiano Ronaldo a réalisé une saison remarquable avec la Juventus. Et même si elle n'a pas été du standard de ses précédents exercices avec le Real, le Portugais a marqué de son empreinte la saison 2018-19 de la Vieille Dame. Prometteur pour la suite de son histoire avec les Bianconeri.

La Botte n’aura pas mis bien longtemps à résister à la patte létale de Cristiano Ronaldo. Trois petits matches, en somme, le temps que le Portugais ajuste la mire et fasse enfin parler la poudre. La première victime se nommait Sassuolo. La Juventus trônait alors – déjà – en tête de la Serie A et recevait, mi-septembre, de surprenants Neroverdi, troisièmes au classement et en embuscade pour prendre les commandes du peloton. Et le quintuple Ballon d’Or FF, sans doute frustré de n’avoir délivré qu’une seule passe décisive en Championnat jusque-là, trouvait la faille par deux fois et lançait son histoire d’amour avec l’Allianz Stadium. La Vieille Dame s’imposait (2-1) et Cristiano Ronaldo entamait enfin son show. Massimiliano Allegri, lui, pressentait la performance de son nouveau joyau. «Il n'était pas nécessaire d'améliorer quoi que ce soit chez lui, ou alors le tempérer. Pour la simple raison que lors des trois premiers matches, il avait été tout près de marquer. Aujourd'hui, son premier but a été un peu chanceux, mais le deuxième était merveilleux.» Une semaine plus tard, l’ancien attaquant du Real Madrid remettait le couvert en inscrivant un nouveau pion contre Frosinone (2-0). La saison de CR7 ne pouvait alors pas mieux débuter.

Domination sans partage

Les attentes placées dans l’arrivée de Cristiano Ronaldo étaient énormes. Auréolé de quatre nouvelles couronnes européennes avec le Real Madrid sur la période 2014-2018, le Portugais, qui n’était pas toujours à la fête avec son escouade en Liga (deux Championnats remportés en neuf ans seulement), voulait mettre l’Italie à ses pieds. Et c’est chose faite. Fin septembre, dans le choc opposant la Juventus au Napoli,  Ronaldo portait les siens vers la victoire (3-1) et se distinguait par son altruisme et son activité, en délivrant notamment deux offrandes à Mario Mandzukic et Leonardo Bonucci. Les prémices d’une toute-puissance sur la scène nationale longue de vingt-sept matches. Vingt-sept joutes durant lesquelles la Juventus restait invaincue. Et Cristiano Ronaldo, lui, continuait à enquiller les buts. Outre ses trois premiers pions en Championnat, le Portugais faisait trembler les filets à seize reprises. Le Milan AC, le Torino, l’Atalanta, la Lazio ou encore la Sampdoria, contre laquelle il plantait un doublé, subissaient la loi du Portugais. Entre-temps, au mois de janvier dernier, Ronaldo glanait son premier titre avec son nouveau club : la Supercoupe d’Italie. Face aux Rossoneri, dans un match qui se disputait en Arabie Saoudite, le Portugais s’offrait même le luxe d’inscrire le seul but de la rencontre (1-0). Solide leader de Serie A avec sa troupe, le natif de Funchal amorçait sa deuxième partie de saison de la meilleure des manières. Et ce, juste avant les huitièmes de finale de Ligue des champions face à l’Atlético Madrid.

L'Europe pour grand amour

S’il avait entamé son histoire en Serie A avec la Juventus de la plus belle des façons, Cristiano Ronaldo a - étonnamment - éprouvé plus de peine à se mettre dans le bain en Ligue des champions. Lors de sa première sortie dans la compétition face à Valence, en phase de groupes, le Portugais, nerveux et maladroit, avait été (sévèrement) expulsé après moins d’une demi-heure de jeu pour un geste d’humeur à l’endroit de Jeison Murillo. Le Portugais, suspendu face aux Young Boys, faisait alors son retour face à ses ex : les Red Devils. Et s’il s’était montré plutôt emprunté lors de la première confrontation contre Manchester United, durant laquelle la Juventus l’avait emporté sur la plus petite des marges grâce à Paulo Dybala, Cristiano Ronaldo rectifiait le tir à l’Allianz Stadium lors du deuxième match entre les deux équipes (défaite 2-1 de la Vieille Dame), en plantant un superbe but. Son 121e en carrière, le premier avec les Bianconeri dans la plus belle des compétitions de clubs. Et pas le dernier. Premier de son groupe avec sa bande, Cristiano Ronaldo allait retrouver une vieille connaissance en huitièmes de finale de Ligue des champions : l’Atlético Madrid. Et évidemment, le retour du Portugais dans la capitale espagnole suscitait l’excitation. Mais tout ne se passait pas comme prévu.

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Torpillée par les Colchoneros au Wanda Metropolitano à l'aller (2-0), la Juventus s’en remettait à son nouvel homme providentiel : l’inévitable Cristiano Ronaldo. Le Portugais avait déjà connu pareille situation avec le Real, trois ans auparavant ; lorsque le club madrilène devait remonter un écart de deux buts en quart de finale retour contre Wolfsburg. Il avait alors inscrit un triplé mémorable pour mener les siens vers le dernier carré. Si les contours de la mission étaient donc bien connus de CR7, la besogne n’en restait pas moins difficile au regard de l’adversité – la Vieille Dame n’ayant jamais battu les Colchoneros. Et pourtant, dans un Juventus Stadium en furie, Cristiano Ronaldo enfilait sa cape de super-héros et plantait un triplé pour terrasser les ouailles de Diego Simeone. Ainsi, il confirmait, à nouveau, sa fonction de bourreau de l’Atlético. Une manière comme une autre, aussi, de rappeler, que lui est le maître absolu de la compétition et le détenteur de cinq Ligues des champions. L’Atlético, zéro. De son côté, Allegri ne pouvait que ployer le genou et saluer le «superbe match» de son poulain.

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Un rôle à parfaire

Malheureusement pour Ronaldo, la deuxième partie de saison de la Juventus a rimé avec échecs successifs. Une cinglante élimination en quart de finale de Coupe d’Italie fin janvier face à l’Atalanta (0-3) est d’abord venu mettre le feu à Massimiliano Allegri et ses hommes, puis le quarts de finale de Ligue des champions face à l’Ajax a clos une saison bien décevante. Habituée au doublé Coupe-Championnat depuis quatre ans, la Vieille Dame caressait l’espoir de réaliser le triplé. Mais c’est raté. Et si CR7 a planté un but au match aller contre l’Ajax (1-1) puis au match retour (1-2) - et ce malgré une blessure qui l’avait écarté des terrains pendant près d’un mois courant mars -, le Portugais n’aura pas su éviter l’élimination à ses troupes et porter sa nouvelle équipe jusqu’au sommet du Vieux continent. Après avoir inscrit tous les buts de la Juventus lors du tour préliminaire, le quintuple Ballon d’Or FF pouvait l’avoir mauvaise, ses efforts étant restés vain.
 
Pour oublier ces déceptions, le Portugais ne s’est contenté que du titre de Serie A, accrochant par la même occasion un record : devenir le premier joueur de l’histoire du Championnat italien à faire trembler les filets lors de neuf rencontres consécutives à l’extérieur. Élu meilleur joueur de la saison après avoir achevé son exercice avec 21 pions et 8 passes décisives dans sa besace, Cristiano Ronaldo n’a pas encore charmé tous les observateurs. En cause, sa place dans le collectif d’Allegri. «La Juventus doit travailler dans la direction de l'équipe. Cristiano Ronaldo a peut-être trop joué cette année, mais c'est lui qui l'a imposé. Il aurait pu faire plus contre l'Ajax, assurait la légende italienne Marco Tardelli sur la RAI. Certains joueurs donnent moins avec Ronaldo, ils souffrent avec lui. Inconsciemment, Dybala est l’un d’eux .» En effet, même si en début de saison, le Portugais paraissait peut-être plus impliqué dans l’animation de son équipe, son influence sur le jeu des Bianconeri s’est estompée au fil du temps. Et son entente avec certains de ses coéquipiers, en première ligne Paulo Dybala, donc, a laissé à désirer. Mais avec une meilleure connaissance de son terrain et un nouvel entraîneur, Cristiano Ronaldo aura l’occasion de corriger ce qui doit l’être. Et peut-être, d’offrir à la Juventus sa première C1 depuis 1996.

Mehdi Arhab