koscielny (laurent) (N.Luttiau/L'Equipe)

Laurent Koscielny : «Paulo Sousa nous pousse à être meilleurs chaque jour»

Sur le terrain, Bordeaux va très bien ces derniers temps. Comment ? Pourquoi ? Laurent Koscielny explique certaines raisons à France Football. Avec un impact indéniable de la méthode Paulo Sousa.

«Le 26 octobre, Bordeaux passe largement à côté et s'incline lourdement à Lille (0-3). Ce match vous a-t-il marqué ?
On est progression depuis le début de la saison. À Lille, on était passés à côté. On n'était pas au niveau d'un match de Ligue 1 dans l'intensité de nos courses, dans la qualité technique. Le résultat était normal. Il a fallu se remettre au travail, continuer sur les aspects qu'on veut mettre en place. Surtout avoir de l'exigence envers nous-mêmes sur comment on veut jouer, mettre l'application qu'il faut aux entraînements pour gérer ces moments-là en match. Souvent, les équipes viennent nous presser, on travaille là-dessus également pour pouvoir répondre aux problèmes posés par les équipes adverses. Après, c'est aussi une question de confiance. Avec les résultats, l'équipe emmagasine de la confiance que ce soit individuellement ou collectivement. Ça se ressent sur le terrain, comme contre Monaco (2-1). Il y avait pas mal d'absents et on a réussi à répondre présent.

Comment l'expliquer ?
On travaille beaucoup avec le coach, que ce soit tactiquement, dans les relances, dans la conservation de balle où il est intransigeant par rapport à ça, il ne veut pas qu'on perde le ballon. Il nous pousse à être meilleurs chaque jour à l'entraînement. Ça nous permet de progresser. Le groupe vit bien ensemble que ce soit sur ou en dehors du terrain. Il y a des moments où on rigole ensemble. Et quand il s'agit de travail, les mecs sont bosseurs, demandeurs, ils ont envie de progresser. Ça, c'est bien. L'état d'esprit est bon. Si un joueur part dans la mauvaise direction, les cadres sont là pour le remettre dans le droit chemin avec nous.

On imagine que vous avez un rôle à ce sujet...
On a un rôle là-dedans. On est plusieurs à avoir un peu plus d'expérience que d'autres joueurs.

Qui sont les papas du vestiaire ?
Les papys bientôt (Il sourit.). Avec les jeunes, on rigole ensemble, on n'est pas de la même génération mais on peut avoir des moments de complicité. Quand il s'agit du travail, du respect par rapport à ses coéquipiers, aux gens qui travaillent au club, des choses basiques mais qui demandent une forme de respect, on est là pour régler les petits soucis qu'il peut y avoir. Maintenant, tout le monde essaie d'être au diapason et a compris le système qu'on voulait mettre en place. Et tout le monde joue le jeu à fond.

«Si un joueur part dans la mauvaise direction...»

«Sousa veut que ses joueurs réfléchissent»

Trois mots pour définir la méthode Paulo Sousa ?
Travail. Technicien. Réflexion.

Y a-t-il quelque chose dans sa méthode que vous n'aviez jamais vu auparavant ?
Il a été joueur, il a remporté la Ligue des champions, il a joué dans des grands clubs... Je pense que sa carrière en Italie lui a apporté énormément sur le plan tactique, au niveau de la rigueur. Et je pense qu'il essaie de transmettre ça à ses joueurs. Il a un style de jeu, mais il veut que ses joueurs réfléchissent à toutes les situations qu'il peut y avoir sur un terrain, comment on peut les régler ensemble. Il essaie d'apporter de la communication, il donne la parole, il explique énormément. C'est quelqu'un qui est aussi là pour partager son expérience.

«On n'a pas les joueurs comme peuvent avoir d'autres équipes avec de gros effectifs, on sait qu'on a des qualités individuelles. Et pour avoir les meilleurs résultats, cela passe par le collectif»

Jonathan Cafu, aucun match de Ligue 1 cette saison, a été titularisé à la surprise générale face à Monaco. Est-ce aussi l'illustration que les voyants sont au vert dans le groupe ?
Le groupe est sain. Chacun a des situations différentes mais tous les mecs qui sont restés à la fin du mercato se sont remis dans le groupe. Ils font les efforts, ils sont sérieux. Ils ont été obligés de se mettre dans le moule de l'effectif. Cafu en est le parfait exemple, comme peut l'être Paul Baysse. Des mecs qui ont peu de temps de jeu, mais qui bossent chaque jour à l'entraînement. Et ils sont récompensés. Cafu a eu la chance de jouer, il a fait son match et tout le monde a été content pour lui. Ça s'est vu dans le vestiaire.

Bordeaux a gagné 10 points après avoir été mené au score cette saison. Personne ne fait mieux. Est-ce que ça vous étonne ?
Oui et non. C'est sûr que je préfère ouvrir le score. Après, ce ne sont que des stats. Je retiens la réaction de l'équipe. Quand on est menés au score, c'est toujours compliqué mais on peut avoir une forme de caractère, d'abnégation, de ne jamais lâcher, espérer toujours revenir au score comme on a pu le faire contre Monaco. C'est une force collective. On n'a pas les joueurs comme peuvent avoir d'autres équipes avec de gros effectifs, on sait qu'on a des qualités individuelles. Et pour avoir les meilleurs résultats, cela passe par le collectif. On fait les efforts ensemble pour obtenir les meilleurs résultats.

Entre Paulo Sousa et Laurent Koscielny, la symbiose est réelle. (R.Perrocheau/L'Equipe)

«Enchaîner les victoires permet de travailler dans la sérénité»

Vous étiez absent face à Monaco. Comment vous sentez-vous ?
Ça va très bien. On n'a pas voulu prendre de risques dimanche parce qu'il y a un mois de décembre chargé. Je revenais d'une petite blessure à la cuisse donc on a préféré «sauter» le match de Monaco pour être bien à 100% pour la suite.

L'envie est-elle désormais de trouver une certaine régularité dans les résultats plutôt que de rechuter deux fois de suite comme vous aviez pu le faire face à Saint-Étienne et Lille en octobre ?
On est jugés sur nos résultats. Dans le jeu, on commence à avoir des certitudes mais le plus important, ce sont les résultats. Enchaîner les victoires permet de travailler dans la sérénité et de pouvoir emmagasiner de la confiance. On a une possibilité de faire un beau parcours sur le mois de décembre. Restons calmes, sereins. On est quatrièmes, ce Championnat est quand même très serré...

Pas d'enflammade...
Oui, voilà. Ce Championnat est un peu bizarre. Mais c'est sûr qu'on aimerait enchaîner et continuer.

Depuis votre retour, le niveau de la Ligue 1 vous surprend-il que ce soit dans le bon ou dans le mauvais sens ?
Comparer l'Angleterre et la France est un peu difficile. L'intensité est beaucoup plus élevée en Angleterre. Il n'y a pas les mêmes joueurs, ni les mêmes mentalités. Cette année, je trouve le Championnat de France très serré, à part avec le PSG, même s'ils ont déjà perdu trois matches. Tout le monde peut gagner contre tout le monde. C'est un Championnat homogène, où ça se joue à peu. Les effectifs sont bons. Il faut continuer à progresser. Avec les droits TV la saison prochaine, ça va permettre aux clubs d'avoir un peu plus d'ambition, que ce soit au niveau des transferts et des infrastructures. Pour faire grandir les clubs, également au niveau de la formation. C'est un tout. Ça reste un très bon Championnat. Mais ce n'est pas pareil que quand je suis parti il y a dix ans !»

Timothé Crépin

* Cet entretien a été réalisé mardi, avant les différentes informations au sujet de l'instabilité au sein de l'organigramme des Girondins de Bordeaux.